Le report des examens de fin d'année est brandi par la tutelle. Le bras de fer que se livrent le ministère de l'Education nationale et les syndicats du secteur (Unapef, Cnapest et Snapest), entame sa quatrième semaine, et entre dans une phase critique. C'est un euphémisme que de dire que ce sont les élèves qui se trouvent otages de forces qui ont oublié le devoir de raison garder. Il serait facile de renvoyer dos à dos les deux parties ou d'incriminer plus que de nécessité l'une d'elles. Ce ne serait ni approprié, ni politique toutefois, de pointer du doigt les seuls syndicats responsables, selon d'aucuns, du pourrissement qui met en équation l'Ecole algérienne. Or, c'est encore celui qui peut le plus qui fait le moins. C'est-à-dire les autorités publiques en charge du secteur qui ont choisi d'imposer leur point de vue sur les questions les opposant aux syndicats de l'Education nationale, quand la logique les incitait à mettre à plat, avec les concernés, les problèmes qui bloquent le développement d'une Ecole algérienne effectivement sinistrée. Faire montre d'une autorité saine et ouverte au dialogue est primordial, car chacun serait assuré de pouvoir aborder avec intelligence les problèmes à l'origine de la crise afin qu'ils soient correctement pris en charge. En revanche, l'autoritarisme n'a jamais induit de solutions satisfaisantes, singulièrement dans un secteur aussi stratégique que l'Education nationale. Faire intervenir la justice - pour interdire les grèves autorisées par les lois du pays - ou la police - pour évacuer les grévistes - est une solution extrême qui fait fi de la réalité d'un système éducationnel au bord de l'implosion. Cela est d'autant plus préoccupant que cette situation de blocage pénalise les lycéens et perturbe leur cursus scolaire normal. Or, les pouvoirs publics, rigides dans l'interprétation des lois, poussent au pourrissement. Cette fermeté aurait été recevable et saine si le mouvement de grève n'avait pas eu l'adhésion du corps enseignant. Or, les lycées du pays, sont paralysés qui montrent que les syndicats expriment une demande réelle. Les requêtes des enseignants sont celles-là même émises par la société confrontée au mal de vivre. Les pouvoirs publics savent pertinemment que la légalité n'a de sens que lorsqu'elle est facteur de stabilité. Dans le cas des enseignants, il est patent que par leurs syndicats, ils expriment le ras-le-bol de travailleurs sous-catégorisés alors que leurs revendications sociales et professionnelles, légitimes, sont ignorées. Le moindre des effets aurait dû amener, à tout le moins, la tutelle à faire l'effort d'écoute et de considération des demandes des enseignants. Or, le ministère de tutelle s'enfermant dans un formalisme hors de saison décline le dialogue positif en refusant de s'attaquer frontalement aux problèmes qui minent l'Ecole algérienne. Cette absence de discussion, ou dialogue de sourds, bute donc sur la lecture réductrice que les pouvoirs publics font, ou se font de la légalité (inadéquation du statut général de la Fonction publique), justifiant ainsi à peu de frais leur désintérêt d'une situation qui perdure et touche de plein fouet des milliers de travailleurs de l'Education nationale, doublement pénalisés dans leur profession et dans leur statut de formateur. Cela, outre les dommages collatéraux causés aux millions d'élèves contraints d'observer un repos imprévu. Cette attitude velléitaire, voire négative des autorités n'est pas le signe d'un Etat fort capable d'affronter les turbulences induites par une société en mutation aspirant au mieux et au respect de ses droits. Ce bras de fer entre les enseignants et la tutelle ne peut plus durer sans conséquences négatives durables sur le devenir scolaire de milliers d'élèves, otages d'un concept erroné de la gouvernance et de l'Etat. Un Etat fort et sûr de lui ne réprime pas, en tout état de cause ne réprime pas un corps de métier qui produit l'intelligence et le savoir. Les enseignants et professeurs du secondaire ne sont pas des voyous et la moindre des responsabilités des autorités concernées leur recommandait, à tout le moins, d'être attentives à leurs doléances. Or, le pragmatisme semble avoir déserté les hauts commis de l'Etat. Plutôt que de prendre à bras-le-corps un problème sérieux - de la solution duquel dépendent les destinées des futurs citoyens du pays - on a surtout cherché à diaboliser les enseignants sans prendre en compte les torts que l'ont fait ainsi à un corps de métier sur lequel repose le devenir de nos enfants. De fait, quand l'Etat est incapable d'écouter, lorsqu'il privilégie la force au dialogue, allant jusqu'à nier la gravité de la situation de l'école nationale, le malaise d'un corps de métier, c'est là des signes qui laissent croire que l'Etat n'est pas en osmose avec ses citoyens et plus particulièrement avec ceux investis de la formation de l'élite de demain.
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Posté Le : 18/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : N KRIM
Source : www.lexpressiondz.com