Algérie

ECLOSION D'UN NOUVEAU PARADIGME



Une nouvelle loi pour l'eau, la réhabilitation du Conseil de l'eau et celle de l'Agence de régulation sont les trois axes sur laquelle s'appuie la nouvelle stratégie du secteur.Le changement climatique augmente la fréquence de certains phénomènes météorologiques, qui sont plus durement ressentis par les populations des pays en voie de développement, et c'est le cas de l'Algérie. "Le pays risque de se retrouver en situation de stress hydrique dès l'année prochaine si nous ne réagissons pas urgemment en prenant les dispositions qui s'imposent", de l'aveu même d'Arezki Berraki, ministre des Ressources en eau, qui, lors d'une rencontre dans le cadre de notre dossier, a fait part d'"une ligne conductrice" visant à "mettre en ?uvre une stratégie hydrique rénovée". Cette nouvelle vision qui s'étend à l'horizon 2030 ne manque, d'ailleurs, pas de s'attarder aussi bien sur les échecs que sur les succès incomplets de la démarche conduite ces dernières années.
Il est question de recentrer la tutelle sur ses missions régaliennes de préservation de la ressource, de prospection, de régulation et d'arbitrage, d'améliorer l'efficience de l'action de l'Etat dans le domaine des ressources en eau, de disposer de l'information complète et actualisée sur les ressources hydriques et la maîtriser et d'assurer la pertinence et l'efficience des modes de gestion du cycle de l'eau. Cela passera inéluctablement par le changement de loi pour clarifier, entre autres, l'interaction avec les collectivités locales, afin d'en finir avec le chevauchement de compétences en matière de services publics de l'eau potable et de l'assainissement. Il s'agit aussi de mettre en place des régimes rénovés du domaine public hydraulique, et du renforcement du dispositif de contrôle, de régulation.
À noter, par ailleurs, la reconfiguration profonde qui devrait toucher l'administration dans ses établissements publics sous tutelle. Le Conseil national de l'eau est appelé aussi a être réactivé tout comme les comités de bassins pour une gestion plus participative du citoyen. Il est prévu aussi la réhabilitation de l'Agence de régulation. Les objectifs chiffrés sont de faire progresser le taux national de 33 hectares irrigués pour 1 000 habitants, pour se rapprocher de la moyenne mondiale de 80 hectares/1 000 habitants.
La coordination et l'harmonisation des politiques eau/agriculture constitueront le chantier prioritaire à travers, notamment, la mise en place d'un système d'information intégré eau/agriculture, ce qui implique aussi une planification synchronisée des opérations d'équipements et de l'agriculture, des eaux, de l'énergie et de l'environnement (l'agriculture consomme 70% de l'eau produite). Les efforts seront concentrés ensuite sur l'extension des systèmes économiseurs d'eau. Il faudra aussi combattre le phénomène de surexploitation des nappes phréatiques, notamment dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux, et encourager des modes collectifs, ce qui s'avère être, alors, une nécessité absolue.
Il s'agira aussi de mobiliser dans le sud du pays le reliquat du potentiel hydrique albien avec des forages profonds permettant de mettre à disposition les volumes nécessaires aux grandes concessions agricoles. Il est également question d'introduire les techniques d'irrigation et de cultures modernes et novatrices participant du concept "d'agriculture intelligente" et de faire appel aux ressources méconnues de l'agroécologie, qui dispose de deux atouts essentiels : la sobriété dans l'usage de l'eau et le respect absolu du biotope.
Il en résulte, par ailleurs, l'intensification de l'irrigation d'appoint, notamment pour les céréales, qui sera effective dès 2021.
La tarification des services de l'eau constitue l'un des points cardinaux de la nouvelle politique qui passe par la gestion de la demande et la valorisation du potentiel économique. Pour ce faire, il est question de maîtriser l'information grâce à la mise en place de bases de données nationales et locales pour les différents segments du service public de l'eau, ainsi que l'élaboration d'études sociologiques sur l'évolution des modes de consommation de l'eau domestique, agricole et industrielle et de services.
En attendant la refonte du système de subvention, il sera procédé à la révision des tarifs de l'eau potable et de l'assainissement sur la base de la mise en place d'une zone tarifaire unique sur l'ensemble du territoire national avec la révision des tarifs de base, ainsi que la création d'une nouvelle tranche pour les petits consommateurs. Autrement dit, la tarification de l'eau potable dédiée aux ménages sera séparée de celle consacrée à l'industrie (au cas par cas selon le coût de revient).
Ce chapitre reprend en substance la nécessité de permettre la combinaison du dessalement pour la bande littorale, des interconnexions entre les barrages et les systèmes de transfert, de la réutilisation systématique des produits d'épuration et, enfin, de la valorisation des ressources souterraines du Sahara septentrional. La nouvelle vision tend, aussi, à revoir la stratégie en matière d'épuration.
À favoriser, également, la réutilisation des eaux épurées dans l'industrie et les services pour la préservation et l'économie des eaux conventionnelles. Il est d'ailleurs utile de souligner que l'Algérie produit plus de 3 milliards de m3 et en consomme à peine 2,5 milliards de m3. Le problème est qu'on en perd 30% dans les fuites et 20% à cause des piquages illicites.
Pour compenser le déficit, on continue à en produire davantage sans que cela ne soit la solution idoine. Non seulement, il nous faut réduire les fuites (objectif de 7% en 2020), mais il faut aussi faire un effort sur la dotation individuelle à travers un gros travail de communication et de sensibilisation.

Par : NABILA SAIDOUN
Données hydrauliques à fin 2019
-Barrages en exploitation : 81 avec une capacité de 8,6 milliards de m3 (5 en cours de réalisation)
-Rénovation de conduites :12 000 km
-Extension de conduites :27 000 km
-Nombre de stations de traitement : 110
-Nombre de stations de pompage : 3971
-Réservoirs de châteaux d'eau : 14365
-Capacité de stockage :10 073 000 m3
-Production d'eau potable : 3,6 milliards de m3
-Production souterraine : 50%
-Production superficielle : 33%
-Production : dessalement : 17%
-Dotation en eau potable150 l/habitant/j
-Taux de raccordement :96%
-Linéaire de réseau :138 000 km
-Dotation en eau potable 150 l/habitant/j
-Dotation en eau tous besoins confondus 500 m3/h/an
-Nombre de stations de dessalement : 11
-Nombre de stations monoblocs opérationnelles : 21
-Nombre de stations de déminéralisation : 30
-Nombre de stations d'épuration : 200
-Volumes des eaux usées rejetées : 1500 millions de m3
-Capacités de traitement installées : 900 millions de m3/an
-Taux de raccordement : 91
-Le linéaire du réseau d'assainissement : 47 000 km
-Nombre du GPI : 44
-Total de la superficie équipée : 274 000 ha
-Nombre de retenues collinaires : 515
-Capacité de mobilisation : 63 millions de m3
-Superficie irriguée :13 000 ha
-L'eau coûte à l'Etat 50 DA et il le cède à 12 DA.
-De 2010 à 2020, il y a eu un investissement de 2 500 milliards de DA.
-Programme complémentaire d'urgence : 136 milliards de DA débloqués ces 20 dernières années.


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