Algérie

Eclipse énigmatique de Bensalah


Mais où est passé le président de l'Etat ' C'est la question que se posent les Algériens et la classe politique au moment où des décisions engageant l'avenir du pays sont en train d'être prises de l'intérieur des casernes. Même si les apparitions du chef de l'Etat intérimaire n'étaient pas aussi nombreuses que les discours hebdomadaires du chef d'état-major de l'armée, son absence médiatique, qui dure maintenant depuis le 25 août dernier, jour où il a reçu Elsa Teixeira de Barros Pinto, la ministre des Affaires étrangères de Sao-Tomé-et-Principe, suscite plusieurs interrogations. S'il a eu une actualité politique et protocolaire chargée du 19 au 26 août, depuis, son agenda reste étrangement vide. Le 19 août, il adresse un message à l'occasion de la célébration du 20 Août, double anniversaire des attaques du Nord constantinois et du Congrès de la Soummam, où il renouvelle son appel à faire avancer le processus de dialogue. Le 22 août, il procède à un vaste mouvement diplomatique qui a touché plusieurs ambassadeurs dans les grandes capitales et consulats d'Algérie à travers les quatre continents. 24 heures plus tard, Bensalah reçoit une délégation onusienne conduite par le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le Mali et chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), puis il adresse ses condoléances aux familles des victimes. Le 24 août, il procède à la nomination de Khelifa Ounissi au poste de directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) en remplacement d'Abdelkader Kara Bouhadba, indique un communiqué de la présidence de la République. Déjà mis sous pression par le refus du général de corps d'armée de libérer les détenus d'opinion, Abdelkader Bensalah semble évoluer dans l'ombre de Gaïd Salah, lequel, par ses injonctions martiales, donne l'impression d'être le véritable décideur du pays. Cette absence non encore expliquée par les voies officielles peut sous-tendre une tension au sommet de l'Etat. Une lecture qui reste au stade de l'hypothèse peu probable et l'explication la plus rationnelle est à chercher du côté de l'état de santé "déclinant" du président par intérim. Il est de notoriété publique que la santé de Bensalah est devenue un sujet à supputations et il paraissait très affaibli lors de sa dernière sortie publique, à l'occasion de la finale de la CAN au stade international du Caire. Lors de la remise du trophée, les téléspectateurs ont pu voir un homme qui éprouvait des difficultés notables à marcher pour rejoindre la pelouse où était dressé le podium. Âgé de 77 ans, Abdelkader Bensalah avait été opéré, en 2015, dans un hôpital parisien. Les signes de traitements lourds, dont apparemment la chimiothérapie, sont de plus en plus apparents. Si sa maladie n'est un secret pour personne, l'épisode de sa fille avec Air Algérie pourrait l'avoir davantage ébranlé et incité à rester plus en retrait de la vie politique. En effet, Mounia Bensalah, directrice financière à la représentation d'Air Algérie à Paris, était au c?ur d'une polémique au sein de la compagnie nationale aérienne, obligeant le représentant général pour la France Nord (Paris) à Air Algérie, Zoheir Houaoui, à recourir à un huissier de justice pour rouvrir de force son bureau fermé. En l'absence de toute indication émanant des fameuses sources autorisées, les Algériens n'ont que le loisir de se perdre en conjectures, une situation leur rappelant singulièrement les péripéties liées à la maladie de Bouteflika.
Saïd OUSSAD
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