Algérie

Eclaircie


Neuf syndicats se sont fédérés autour de la dénonciation de la nouvelle grille des salaires de la Fonction publique qu?ils ont qualifiée de « supercherie ». Une nouveauté dans cette initiative : la passerelle établie entre les syndicats autonomes et les formations dépendantes de l?UGTA. Celles-ci ont décidé, sur la question des rémunérations des agents de l?Etat, de se démarquer de la position de leur direction établie à la Maison du peuple. En s?alliant avec les syndicats autonomes, longtemps diabolisés, elles brisent un tabou, en même temps qu?elles signifient qu?en matière syndicale, l?unité d?action est possible entre tous les syndicalistes qui partagent le même point de vue, quel que soit leur statut. C?est une révolution dans le monde syndical qui s?ouvre donc à des représentants des travailleurs indépendants de l?UGTA. Dans les faits, celle-ci perd le monopole que lui a confié le pouvoir depuis des lustres par le biais d?un dispositif législatif qui freine l?émergence de syndicats indépendants. L?UGTA n?est plus « la voix de tous les travailleurs algériens », comme l?indique le discours officiel. Reste à savoir si cette nouvelle donne sera prise en compte par les autorités. Leur réponse aux doléances de la « coordination des neuf » sera un test. L?Etat et Sidi Saïd vont-ils revoir leur copie et se rendre à l?évidence que la grille des salaires qu?ils ont concoctée ensemble ne va pas sortir les fonctionnaires de la misère sociale dans laquelle les confinaient les anciens textes ? Sera-t-il admis que les hausses prévues par eux ne seront que des miettes ? S?ils se cramponnent à leur position, les pouvoirs publics risquent de déclencher une logique de confrontation dans laquelle tout le monde laissera des plumes, d?autant que l?idée d?une grève générale dans la Fonction publique fait son chemin. La paralysie de l?Etat n?est pas une chose souhaitable. Il reste que l?initiative de création d?une intersyndicale militante en dehors de l?UGTA est une éclaircie dans le ciel plombé de l?Algerie où le syndicalisme est dévoyé et la politique réduite à néant, limitée aux seules activités du chef de l?Etat et fermée à toute contestation véritable qui pourrait surgir des partis ou de la société civile. C?est une autre démonstration qui, quelle que soit la mainmise du pouvoir sur la société, celle-ci trouve toujours des moyens de rebondir et de riposter, en puisant dans ses ressorts et dans sa vitalité. C?est la preuve ausi que la changement en Algerie passe par la réhabilitation du politique, c?est-à-dire l?ouverture vers le réel, le représentatif et le crédible.
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