Algérie

ÉCLAIRAGE plus haut, plus fort, plus rentable que les Brics



Publié le 29.09.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

MAAMAR FARAH

Il y a une année, très exactement le 7 septembre 2023, nous nous félicitions du refus des Brics d'accepter en leur sein l'Algérie alors que beaucoup affichaient une mine de colère et de consternation face à cette décision. Nous écrivions : "On nous a bernés avec cette histoire des Brics décidés à «dédollariser» l'économie mondiale. Y a-t-il pays mieux régenté par le billet vert que les Émirats arabes unis et y a-t-il nation plus écrasée par le dollar qu'une Égypte ruinée par les dettes ?" Le choix des nouveaux membres des Brics peut cependant s'expliquer par leur PNB nettement au-dessus de celui d'une Algérie n'ayant pas de système bancaire performant, ni de bureaux de change, ni de Bourse dynamique et influente. Entre autres, ce sont des handicaps majeurs. Mais ce choix reste disparate, hétéroclite et handicapant pour une action commune efficiente.
Par conséquent, le fait de ne pas postuler à nouveau à une candidature aux Brics n'est nullement une saute d'humeur mais s'impose comme un acte mûrement réfléchi qui renforce notre autonomie et élargit notre champ d'action. Qu'aurions-nous gagné en fréquentant cette auberge espagnole qui a perdu de son identité en s'ouvrant à tout et n'importe quoi ?
La situation actuelle nous pousse à réévaluer et à renforcer des choix stratégiques qui nous permettront de dépasser l'horizon limité des Brics. Je crois que le destin nous été favorable en poussant les Brics à refuser l'entrée de notre pays qui se retrouve les mains libres pour élargir sa coopération économique internationale . Pour y parvenir, il est crucial d'intensifier nos efforts en renouant avec un véritable non-alignement. Cela nous ouvrirait la voie pour rétablir des relations solides avec nos anciens alliés occidentaux, qui, aux côtés de l'URSS et des pays d'Europe de l'Est, ont joué un rôle déterminant dans notre essor industriel durant l'ère Boumediene. Il s'agit de dépasser le cadre des hydrocarbures et de tirer le meilleur de cette coopération en exploitant les compétences spécifiques de chaque pays en matière économique. Une bonne nouvelle : la possibilité de développer la coopération algéro-américaine autour de l'industrie minière a été évoquée entre l'ambassadeur des États-Unis et le ministre de l'énergie et des mines.
Durant les années 60-70, de nombreuses usines clés en main ont été livrées grâce à des partenariats avec des pays comme l'Italie, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les États-Unis et le Japon. Par exemple, les technologies italiennes ont permis de moderniser notre secteur agroalimentaire, tandis que les investissements américains, britanniques français ont soutenu le développement de notre infrastructure énergétique, alors que les Japonais intervenaient dans les cimenteries. Quant aux Allemands, ils ont apporté leur contribution appréciable dans l'émergence d'une industrie mécanique performante. Ces collaborations ont non seulement renforcé notre capacité industrielle, mais elles ont également contribué à forger des liens durables entre nos nations. Avec l'URSS, c'est la branche sidérurgique qui a été au centre de la coopération. En mettant l'accent sur l'exploitation de nos richesses naturelles sous un modèle «gagnant-gagnant », nous pouvons envisager des projets qui bénéficient à nos pays tout en respectant notre souveraineté.
Aujourd'hui, il s'agit de revenir à cette politique d'ouverture vers le monde, sans tenir compte des orientations idéologiques des uns et des autres. Prendre le meilleur et le moins coûteux de ce qui existe devrait être notre principale préoccupation. En cultivant ces relations, nous pourrions non seulement renforcer notre position sur la scène internationale mais aussi revendiquer notre identité dans le cadre du non-alignement mondial qui nous définit.
Il y a une année, nous écrivions : "un Brics de perdu, dix voies de salut retrouvées." Nous y sommes.
M.F.




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