Algérie

Eclaboussures



Eclaboussures
«Je crois que la vérité fait toujours scandale.» Henri-Georges Clouzot
Nul ne saurait dire exactement les motivations profondes qui poussent un homme à accomplir un vrai parcours du combattant pour conquérir le pouvoir. Endurer toutes les luttes et l'âpreté d'un combat, éviter les pièges tendus par ses concurrents, persévérer toujours dans le but qu'il s'est tracé, permettent à l'homme politique de cueillir un jour ou l'autre les fruits de son entêtement. Quant aux raisons, elles sont multiples: les militants sincères, tout comme les dictateurs éclairés, sont guidés par un rêve ébauché dans leur jeunesse quant à l'édification d'un ordre social en conformité avec leur idéologie. D'autres, par contre, accaparent le pouvoir pour donner libre cours à un ego surdimensionné: donner des ordres et être obéi, octroyer des revenus, des rentes, des distinctions, signer des budgets et faire leur l'argent de la communauté, les remplir d'aise et de satisfaction, mais tout le monde vous dira que le but affiché par les hommes lancés à la conquête du pouvoir n'est pas toujours le même que celui qui est effectivement recherché et atteint: la mainmise sur les biens matériels et la recherche du bien-être personnel jurent souvent avec la morale et l'austérité prônée et prêchée par les hommes politiques. Sous toutes latitudes, des scandales ont éclaboussé des hommes au-dessus de tout soupçon, offrant à la multitude la face cachée du personnage qui veillait à leurs intérêts ou du moins à une part de leur destinée. Si, souvent les «raisons d'Etat» mettent longtemps à l'abri l'auteur de trafic d'influence, de détournement, de concussion, de prévarication, de forfaiture ou de détournement à l'abri du scandale et des poursuites judiciaires, sa disparition fait remonter à la surface tous les miasmes des affaires nauséabondes qu'il a commises, couvertes ou tolérées. Ainsi, ce n'est qu'après la disparition de Boris Eltsine, président folklorique s'il en est, que des affaires de détournement d'argent au profit de ses proches sont éventées par une presse restée muette jusqu'alors. Des nababs russes se retrouveront sous Poutine, contraints à l'exil ou derrière les barreaux. C'est l'illustration la plus éloquente des liens qui unissent le monde de la politique et celui des finances. Et le pauvre petit peuple, qui est souvent (pour ne pas dire toujours) le dindon de la farce politique qu'on lui joue sur tous les tons et sur tous les modes, est friand de toutes les histoires salaces qui éclatent au grand jour dans une presse libre ou mystérieusement libérée. Et c'est souvent à l'occasion d'un règlement de comptes politiques, à la veille d'élections propres et honnêtes ou au moment où s'opère dans les coulisses sombres où se joue la pièce, un nouveau rapport de forces où le moindre grain de sable risque d'être fatal pour l'un des deux camps. La IIIe République française a été assez fertile en ces scandales qui ont agité la classe politique et donné du grain à moudre à beaucoup. Les nombreux scandales financiers mêlés aux affaires de moeurs avec toujours des acteurs politiques comme intermédiaires ou bénéficiaires des retombées matérielles, finissent par déconsidérer la classe politique même si leurs auteurs finissent toujours grâce à des subterfuges judiciaires par échapper à la justice. Si l'actualité ne connaît plus des affaires de la taille du scandale de Panama, de Stavitsky ou Profumo, des petits remous agitent le landerneau politique à propos de petits bonus que se sont offerts des ministres: en Grande-Bretagne, des réaménagements de logements de fonction de ministres au frais du contribuable ont agité l'opinion publique, victime de la crise économique. En Allemagne, une ministre, qui s'est fait voler une voiture de fonction à l'occasion d'un voyage privé en Espagne, a fait soulever un tollé: la ministre risque de ne pas passer aux élections du mois de septembre. Dans cette même Allemagne, deux ministres ont dû démissionner parce qu'ils ont été accusés de plagiat pour l'obtention d'un titre universitaire et c'est de l'Italie que nous parviennent les échos d'un scandale qui agite depuis des années notre poumon national: Sonatrach. La démocratie a quand même quelque chose de bon.


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