Échos

L?article « Les Grandes Ecoles ou l?élitisme à l?algérienne » nous a valu des réactions en provenance du pays profond et de l?étranger. Nous avons choisi pour vous la contribution d?une sommité algérienne installée depuis quelques années en France. Il s?agit de Youcef Mentalechta, ancien recteur de l?Université d?Alger pendant les belles années (années 1970), puis haut-fonctionnaire à l?Unesco et, depuis peu, consultant international pour les questions de formation et d?éducation. De M. Y. Mentalechta de Paris (France) Il est sûr que la situation dans tous les domaines a gagné en complexité et nécessite une grande maîtrise renouvelable tant l?évolution est rapide. Le monde est marqué par la compétitivité qui nécessite la sélection. Loin de moi de vouloir une éducation élitiste et comme vous je conteste l?idée des lycées d?excellence (tous nos lycées devraient l?être ). Je suis cependant pour une formation des élites, sommet de la pyramide dans le domaines de l?éducation. L?Université algérienne est confrontée à une massification qui est rarement compatible avec des enseignements diversifiés, de grande qualité et renouvelables pour suivre le rythme imposé par les évolutions scientifiques, technologiques et sociologiques. Telle qu?elle est l?Université forme ??l?honnête homme du XXe siècle??, qui se situe au milieu de la pyramide. Où, comment et pourquoi former le sommet ? De nombreux pays développés ont choisi la voie d?écoles spécialisées, d?autres des universités de grand prestige. Les grandes écoles pourraient être un choix possible, ce n?est pas le seul. Si tel devait être le cas en Algérie, rien n?oblige à adopter les mêmes méthodes de sélection qu?ailleurs. Je suis d?accord avec votre analyse sociologique et vos craintes quant à l?équité dans l?accès à ces écoles. Pour que cet accès soit ouvert aux meilleurs quelles que soient leurs conditions sociales, le travail doit être fait en amont. C?est au niveau des enseignements primaires et secondaires qu?il faut donner toutes leurs chances aux filles et fils d?ouvriers ou paysans. C?est à ce niveau que la bataille du savoir se joue. Bien sûr l?accès aux grandes écoles ne doit pas se faire sur dossier, ce qui pourrait justifier vos craintes. L?accès aux classes préparatoires nécessite une triple sélection :  des établissements où se feront les préparations. Ces établissements auront prouvé leurs capacités à former et bien former des bacheliers ;  des enseignants qui auront à prendre en charge les classes préparatoires. Compétence et expérience attestées par leurs cursus universitaire et professionnel ;  des candidats à l?accès, tous bacheliers et bons bacheliers avec des parcours exemplaires. Je pense que cette triple sélection apportera les garanties nécessaires pour un bon déroulement de la préparation. Le concours d?accès aux grandes écoles achèvera le processus de sélection. Ces grandes écoles auront à répondre aux besoins réels de la société dans toute sa diversité, technologie, gestion, économie, administration... Ce qui implique une participation des grands employeurs au processus d?élaboration tant des programmes que de la scolarité. Les investissements humains et matériels devront être à la hauteur des enjeux. L?objectif est de former des hommes et des femmes capables de faire participer pleinement l?Algérie aux nouveaux paradi gmes du développement durable. Les former et les garder en leur donnant toutes les perspectives d?un épanouissement sur le plan professionnel en particulier. Voici les quelques réflexions que m?a inspirées la lecture de l?article d?El Watan « Les Grandes Ecoles ou l?élitisme à l?algérienne ». Merci d?éclairer par vos analyses tous ceux qui pensent que c?est par l?éducation que la société retrouvera ses équilibres. Pr Y. Mentalechta, Consultant international Paris