L'échec prévisible du troisième appel
d'offres d'Alnaft confirme que la loi de 2005, amendée en 2006, n'est pas
attractive pour les investisseurs étrangers. Elle devrait être mise en
cohérence mais un problème de gouvernance dans le secteur de l'énergie algérien
retarde l'action de Youcef Yousfi. En attendant, le ministre de l'Energie et
des Mines a la preuve par trois que l'amont pétro-gazier algérien n'est plus
attractif en l'état.
L'échec du troisième appel d'offres sur
les dix blocs mis en compétition - seules trois compagnies étrangères ont
soumissionné et deux blocs attribués– était très clairement annoncé par les
deux précédents. C'est en fait Sonatrach qui a donné un semblant de concrétisation
à ce 3ème appel d'offres du 17 mars qui sonne comme un message d'avertissement
ultime des grandes compagnies étrangères à l'égard des gestionnaires algériens
du secteur. Les grands noms - Exxon Mobile, Conoco Phillips, BP, Shell, Total,
Statoil, Gaz de France,Eon,Eni , Gazprom, Iberdrola, Chevron-ont pourtant
manifesté de l'intérêt sans pour autant s'engager. Autant pour connaître les
données géophysiques que pour envoyer un message aux décideurs algériens sur la
grosse perte d'attractivité de l'amont pétro-gazier en raison d'une fiscalité
jugée défavorable.
Les changements successifs dans la loi
sur les hydrocarbures n'ont pas été gérés avec la cohérence nécessaire.
Certains dispositifs, introduits dans le cadre d'une démarche globale de
libéralisation du secteur (régime des concessions) ont été maintenus en place
alors que le pouvoir politique a décidé de revenir sur la libéralisation et
imposé Sonatrach comme partenaire minimal à 51%. Entre la «loi Khelil» de 2005-
ainsi nommée pour la version libérale initiale que le président Abdelaziz
Bouteflika a promulguée par ordonnance mais sans l'appliquer et l'actuelle loi,
dans laquelle la concession est supprimée et Sonatrach réintroduite comme
acteur principal, il y a une mise à jour qui n'a pas été faite. Du coup, le
système algérien est devenu un «hybride» où des dispositions liées au régime
concessionnel ont été maintenues dans le système rétabli du partage de
production. Une mixture dissuasive pour les entreprises étrangères.
L'idée de négocier au cas par cas n'a pas
marché
Le retard mis dans la remise en
adéquation du nouveau système illustre parfaitement la gouvernance hésitante
pour ne pas dire chaotique du secteur. Chakib Khelil, désavoué sur sa loi
libérale, n'a pas entrepris de remettre en adéquation le système. Cela n'a pas
été visible car le processus de changement de la loi sur les hydrocarbures a
entraîné de fait un gel de l'exploration du domaine pétro-gazier. Mais la
désaffection est devenue évidente après la réouverture entamée en 2008. Avec
l'appel d'offres raté du 17 mars dernier, la preuve est désormais établie. Pour
la troisième fois. L'année 2010 a été totalement plombée par le scandale
Sonatrach et dans tout le secteur la tendance est de ne pas bouger. Elle reste
encore de mise aujourd'hui. Les problèmes posés par la loi étaient connus de
tous mais la machine pour s'y attaquer reste lourde. Alnaft, qui n'a pas le
pouvoir de changer la loi, a bien tenté d'intéresser les compagnies en
proposant de négocier avec largesse les dispositions contractuelles. L'idée
était de permettre aux candidats sur les 10 blocs d'hydrocarbures proposés dans
ce troisième appel d'offres national et international de suggérer des
changements dans les confections des contrats, au cas par cas. Manifestement,
cela n'a pas suffi à éviter au troisième appel d'offres le sort des deux
précédents. «Le système fiscal appliqué est totalement inadapté aux petits
gisements épars. Leur exploitation devient non profitable pour les partenaires
de Sonatrach. Or depuis dix ans il ne reste plus que de petits gisements à
découvrir en Algérie» a expliqué Moncef Koudari, géologue consultant dans le
pétrole.
Youcef Yousfi a perdu une année
Manifestement, la bonne option serait un
retour au statu quo ante à la loi qui était en vigueur avant que la
valse-hésitation sur les réformes des années 2000 ne vienne en perturber la
cohérence. La seconde observation sur les difficultés de gouvernance porte sur
le fait que les dirigeants du secteur de l'Energie ont désormais de la peine à
anticiper. Des spécialistes notent que le nouveau ministre de l'énergie, Youcef
Yousfi, était parfaitement édifié sur le caractère bancal du dispositif en
place. Il aurait pu Å“uvrer, sans attendre, à le changer. Il a laissé faire
comme s'il s'agissait d'apporter la «preuve par trois» qu'il ne marchait pas
avant de demander son changement. «C'est à l'Algérie de faire la promotion de
son domaine minier, tout en continuant à encourager les partenaires étrangers à
y venir investir» a-t-il déclaré après la bérézina du 17 mars. Entretemps, que
de temps perdu. Le secteur minier doit redevenir attractif en toute urgence. Il
ne peut même pas attendre 2012 pour cela, estiment des spécialistes algériens.
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Posté Le : 29/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salim Rabia
Source : www.lequotidien-oran.com