Algérie - Revue de Presse


Alger sera, dès le début de la semaine prochaine, l'une des étapes marquantes de la tournée qu'entreprend Condoleezza Rice dans un certain nombre de grandes capitales. La secrétaire d'Etat américaine effectue cette visite dans un contexte où il s'agira surtout de défendre les intérêts de son pays. L'échéance présidentielle de novembre prochain ne sera pas, quel qu'en soit le résultat, de nature à changer le solide pragmatisme américain. Le credo sera celui qui consiste à faire des affaires, qu'il s'agisse d'une administration démocrate ou républicaine. C'est d'ores et déjà cette forte dose de réalisme qui caractérise les relations algéro-américaines qui ne sont au beau fixe que dans la mesure où les deux pays y trouvent mutuellement leur intérêt. L'idéologie, les affinités plus ou moins électives s'effacent devant ce langage diplomatique défini sous un concept de partenariat qui englobe tout et rien en même temps.Car il n'est pas possible de considérer comme une avancée notable que dans le processus des échanges entre les deux pays, seules quelques petites entreprises algériennes de l'agroalimentaire aient pu forcer le blocus du protectionnisme américain. Mais réussir à écouler de l'eau minérale au pays de l'oncle Sam n'est pas significatif. C'est même dérisoire si l'on considère que pour les Etats-Unis, le marché algérien est d'abord assimilé au pétrole. L'Algérie a-t-elle seulement besoin de dollars US ou plutôt de transfert de nouvelles technologies et de savoir-faire américains. Les Etats-Unis sont en fait, à cet égard, dans les dispositions des pays européens les plus puissants et les plus riches. Mieux encore, les relations sont altérées par le fait qu'au nom d'une politique de l'émigration choisie, des pays comme l'Algérie sont menacés de perdre une partie de leurs élites. Il est peu probable que les choses évoluent significativement d'ici à l'élection du nouveau président américain.La visite de Condoleezza Rice est pourtant étroitement rattachée à cette perspective, car dans tous les cas de figure, c'est l'Amérique qui fera valoir son statut de première puissance mondiale dans la conduite des dossiers qui conditionnent l'avenir du monde. L'Algérie est, pour les Etats-Unis, un pays essentiel dans la donne énergétique, mais aussi dans la stabilité du Maghreb et d'autres régions d'Afrique et du monde arabe où la voix de l'Algérie est entendue et respectée. Les Etats-Unis, tout comme l'Europe, savent pertinemment bien que l'Algérie ne peut pas être un pays sous influence même si, pour des raisons historiques, une plus grande proximité existe avec l'espace européen. En tout état de cause, l'Algérie sait tout autant que les Etas-Unis ou l'Europe, avoir le souci de ses intérêts, en diversifiant les échanges pour minimiser tout risque de dépendance. Il est peu vraisemblable que Condoleezza Rice, au cours de son étape algérienne, puisse avoir le temps de positiver une image assez largement dépréciée d'une Amérique turbulente et guerrière dont elle s'est fait, en tant que ministre de George Bush, une icône. C'est trop peu et c'est, déjà, trop tard.


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