Echauffourées au campus universitaire

Finalement, les étudiants de Bouira ont marché, hier, et en grand nombre. Ainsi, après avoir été empêchée avant-hier par la police, la marche que devaient organiser les étudiants encadrés par le Comité national pour la défense de l'identité amazighe (CNDIT), afin de dénoncer la marginalisation de tamazight et revendiquer sa socialisation entière, a eu lieu sans encombre ni provocation.Contrairement à la veille où des interpellations et des arrestations ont été opérées par les éléments de l'ordre sur des étudiants marcheurs qui ont été relâchés juste après. Une dizaine de blessés légers ont été recensés lors des affrontements avec jets de pierres et autres projectiles. "Contrairement à Béjaïa et Tizi Ouzou où des étudiants ont marché le plus naturellement du monde, et sans contrainte ni provocation,
Bouira a vécu la répression", a regretté un étudiant rencontré sur le lieu de la marche, hier, et qui a affirmé avoir été victime d'une bastonnade avant-hier.
La marche d'hier s'est ébranlée du campus universitaire Akli-Mohand-Oulhadj pour prendre l'itinéraire du grand boulevard en passant par le carrefour qui mène vers le siège de la wilaya. Elle a mobilisé environ 4 000 personnes. Cette marche se veut être "une dénonciation contre la désocialisation de la langue amazighe". Une fois arrivés en face du siège de la wilaya, les étudiants ont marqué une halte pour réitérer haut et fort leurs revendications et leur identité telles que : "Nous sommes tous des Massinissa" et "Révisez l'histoire, nous ne sommes pas des Arabes". Puis, les étudiants se sont rendus sur l'esplanade qui fait face à la maison de la culture Ali-Zamoum pour effectuer un rassemblement qui a duré une demi-heure. L'esplanade était bondée de monde brandissant des étendars amazighs riches en couleurs. La participation des militants du parti RCD était remarquable aux côtés d'autres militants du camp démocratique.
Si la marche des étudiants s'est déroulée dans le calme tout le long de son itinéraire et que les organisateurs se sont dispersés dans le calme, par contre, une fois de retour au campus universitaire juste après la marche, des étudiants ont été provoqués par d'autres étudiants complétement à l'opposé de leurs idées. Et ainsi, des échauffourées ont éclaté entre eux. À l'heure où nous mettons sous presse, nous ignorons encore s'il y a des blessés.
Cette marche prolonge une vague de protestations des écoliers, les lycéens surtout, ces derniers jours, au niveau de la wilaya. Des protestations que le secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, venu samedi à Bouira, n'a pu faire cesser, lui qui a déclaré à la presse qu'"une propagande colportée via les réseaux sociaux tente de saper les grands acquis et les idéaux de tamazight, qui sont le socle de tous les Algériens". "Ces rumeurs sont infondées et dangereuses, car porteuses de conséquences imprévisibles", a-t-il dit, sans convaincre, visiblement.
Farid Haddouche