Algérie

Echauffourées à Alger avant une manifestation de l'opposition



Echauffourées à Alger avant une manifestation de l'opposition
Des milliers de policiers anti-émeutes étaient déployés, samedi 12 février, dans le centre d'Alger, pour empêcher la tenue d'une manifestation de l'opposition, interdite par les autorités algériennes. Au lendemain du renversement du président égyptien Hosni Moubarak, un mois après celui du dirigeant tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, Abdelaziz Bouteflika espère garder la main sur les événements.



Peu avant le rassemblement prévu à 11 heures, des échauffourées étaient signalés aux abords de la place de la Concorde (plus connue sous son ancien nom de place du 1er-Mai). Plusieurs manifestants scandant "Bouteflika dehors" ont en effet été interpellés par les forces de l'ordre. Vendredi, les policiers étaient intervenus avec force contre des manifestants saluant la chute du président égyptien Hosni Moubarak. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d'opposition de 19 députés, ayant appelé à manifester) a fait état "de blessés et au moins une dizaine d'interpellations".

NE PAS RÉAGIR AVEC UNE "FORCE EXCESSIVE"

Les autorités disent avoir interdit cette manifestation pour des raisons d'ordre public et non par volonté d'étouffer des voix discordantes. "Les Algériens doivent être autorisés à s'exprimer librement et à organiser des manifestations pacifiques à Alger et ailleurs", écrit Amnesty International dans un communiqué qui invite les autorités algériennes à ne pas réagir par une "force excessive".

Sur le parcours prévu de la marche, depuis la place du 1er-Mai jusqu'à la place des Martyrs en passant par le front de mer, des véhicules blindés, des chasse-neige transformés pour dégager les barricades et des canons à eau ont été positionnés. Aux abords du siège du RCD, des dizaines de policiers anti-émeutes équipés de casques, de matraques et de boucliers en plexiglas étaient en faction.

"UN GRAND JOUR"

Créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début de l'année contre la vie chère, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), formée de partis d'opposition, de la société civile et de syndicats autonomes, est à l'origine de l'appel à manifester. "Nous sommes prêts pour la manifestation", a déclaré Mohcine Belabbas, secrétaire national du RCD. "Ce sera un grand jour pour la démocratie en Algérie."

Plusieurs villes algériennes, mais aussi des Algériens en France, au Canada et ailleurs en Occident, ont annoncé des manifestations parallèles. A Oran, elles sont interdites mais un rassemblement est prévu sur la Place du 1er-Novembre devant la mairie. Des marches sont aussi préparées en Kabylie, à Tizi Ouzou, à Boumerdès, à Bejaïa et à Tipaza.

PAS D'UNANIMITÉ AU SEIN DE L'OPPOSITION

L'initiative a toutefois été rejetée par plusieurs syndicats et formations d'opposition historiques : le Front des forces socialistes de Hocine Aït Ahmed, qui a dénoncé une "surenchère verbale", selon la radio nationale, le Front national algérien (15 députés sur 389), le Parti des travailleurs (26 députés) et le syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP).

Les autorités algériennes affirment œuvrer en faveur de la création d'emplois, de la construction de nouveaux logements et de l'amélioration des services publics. Bouteflika a annoncé le 3 février la levée "dans un très proche avenir" de l'état d'urgence en vigueur depuis 1992. Le gouvernement est récemment intervenu pour faire baisser le prix de certaines denrées de base et il a accru les importations de blé.


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