Algérie

ÉCHANGES CULTURELS


Tizi Ouzou découvre l’Ahaggar
«Qui a dit que les montagnes ne se rencontrent pas?» Les diverses troupes artistiques de la wilaya de Illizi sont à Tizi Ouzou, pour une semaine culturelle qui a débuté le 12 juillet. Lors de la cérémonie d’ouverture qui s’est déroulée ce jour-là, les présents ont été unanimes à dire qu’ils étaient émerveillés par les pratiques culturelles de l’Ahaggar et du Sahara algérien. La Maison de la culture Mouloud-Mammeri, qui a reçu les hôtes touareg, a abrité une exposition dans la grande salle, laquelle a regroupé des photographies, des oeuvres d’arts plastiques et différentes tentes targuies. Les prestations des troupes artistiques qui se sont succédé dans la cour de la Maison de la culture, ont connu une grande affluence des citoyens qui étaient curieux de découvrir ces «hommes bleus» qui ont su garder leur caractère mystérieux et énigmatique. Les gens à Tizi Ouzou étaient fascinés par ces habits, ces danses et cette langue berbère qu’ils n’arrivent, cependant pas à déchiffrer.La journée du 13, a été consacrée aux différentes troupes qui ont présenté le rituel du mariage targui dont les cérémonies durent sept jours. Au niveau du centre culturel de Draâ Ben Khedda, les présents ont savouré les airs musicaux tindi et de l’imzad. Deux groupes se sont illustrés et ont égayé l’assistance, à savoir respectivement les groupes «lheregh» avec lequel nous avons eu une longue discussion et «Allegh». Le lendemain, c’était au tour de Larbaâ Nath Iraten d’accueillir les hôtes. Les couleurs du Djurdjura se sont, pour une journée, associées à celles, rougeâtres, de l’Ahaggar, Les chants et les danses touareg que les éléments du groupe «lheregh», nous ont aidé à percer le mystère, ont résonné sur les cimes de Lala Khadidja. Avant-hier, mardi, les invités de la wilaya de Tizi Ouzou, se sont rendus dans les plages de Tigzirt. La, cité méditerranéenne, belle et bleue a découvert avec avidité la couleur bleue, cet incomparable bleu indigo des habits traditionnels de ces hommes libres et indomptables comme les vagues insaisissables. Ce mercredi, c’est la clôture de cette semaine culturelle de l’Ahaggar qui s’est déroulée au Djurdjura. Les différentes troupes folkloriques ont présenté des spectacles au niveau de la Maison de la culture après une tournée dans les différentes régions du Djurdjura. C’est dire que même «les montagnes se rencontrent».Rencontre avec le groupe «Iheregh»Abordé en marge de son spectacle d’ouverture, le chef du groupe «Iheregh», Mohamed Boubacar nous a accordé un entretien sympathique et a répondu à notre curiosité ainsi qu’à notre désir de percer le mystère qui entoure ces danses touarègue à l’épée, au sabre et au bouclier en forme de lettre Z du tifinagh.L’Expression: Pouvez-vous nous raconter l’histoire de votre groupe et l’origine de votre danse?Mohamed Boubacar: lheregh signifie en langue touarègue «nostalgie». Notre groupe a vu le jour dans les années quatre-vingt. Nous nous sommes produits dans plusieurs pays et surtout en Allemagne. Les Allemands sont constamment en communication avec nous, ce sont des gens très curieux et qui s’intéressent beaucoup à notre culture.Pouvez-vous nous expliquer brièvement la signification de votre danse?Notre danse appelée en langue touarègue «riquas», tire ses racines de notre passé lointain. Elle nous renvoie aux siècles où nos ancêtres vivaient de la chasse et surtout des guerres qui caractérisaient leur quotidien. D’ailleurs, comme vous le voyez, nous utilisons des épées que nous appelons Takoubaâ, la lance Allegh et la cravache Allekoudh. La danse peut réunir jusqu’à trente personnes formant un groupe qui joue surtout la nuit car la journée était consacrée à la chasse et à la guerre. Nous portons des habits de couleurs noir et bleu, mais nous portons également des habits de couleur bleu. Nous avons juste cette chéchia que nous appelons Alechou qui nous vient du Niger. La danse, comme vous l’avez certainement constaté, se joue sur deux rythmes. Le premier au cours duquel nous utilisons l’épée est rapide, mais quand nous utilisons la cravache, le rythme s’apaise afin que les danseurs reprennent leur souffle: le rythme s’adoucit.Donnez-nous quelques noms célèbres dans votre genre artistique.Nous en avons beaucoup. Nous pouvons citer un grand nom comme celui de Messaoud Ghali dit communément Choukou, Koulou Khemdani, Hani Seddik et Lamine Badi.Vous jouez aussi du tindi?Bien sûr. C’est évident. Nous avons ici un groupe tindi. En touareg cela signifie le mehraz, l’instrument dans lequel on broie le blé et les dattes. Pendant la journée, nous l’utilisons à des tâches domestiques mais, la nuit, nous couvrons son ouverture, de cuir et nous l’utilisons pour la percussion.Et l’Imzad?Ce genre est surtout joué par les vieilles femmes. Lors des fêtes de mariage, les hommes jouent la danse des chameaux que nous appelons alliouen. Nous les accompagnons par nos riquas tandis que les femmes jouent de l’imzad. Cela durait, dans le temps, sept jours mais maintenant avec la vie chère, nous n’en célébrons que trois jours et trois nuits. Les mariés logent dans la tente que nous appelons Ikebber ou Amaajour. D’ailleurs, nous nous ferons un grand plaisir d’inviter L’Expression pour assister à nos fêtes.


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