Algérie

Dynamiser la Bourse d'Alger



Au vu des premiers résultats prometteurs d'un programme de réforme des marchés de capitaux initié en mai 2011, l'Algérie cherche désormais à augmenter le nombre d'introductions à la Bourse d'Alger.
L'Algérie se positionne au sixième rang mondial en termes de réserves de gaz, inexploitées pour la plupart. Le pays répond d'ores et déjà à 30% des besoins européens en gaz naturel. Par ailleurs, l'économie algérienne est sortie relativement indemne de la crise financière mondiale de 2008 et de la période d'instabilité régionale qui a marqué 2011, puisque le produit intérieur brut (PIB) du pays a affiché une croissance estimée à 2.5 % l'an dernier, d'après le Fonds monétaire international. Les statistiques de la Banque mondiale indiquent que l'Algérie possède le PIB par habitant le plus élevé (4 495 dollars) des pays d'Afrique du Nord. Les décideurs algérois ont donc pris conscience qu'avec d'importantes ressources naturelles à disposition, et l'intérêt croissant des investisseurs étrangers pour le pays, une Bourse plus active permettrait certainement de soutenir la croissance économique, d'autant plus que l'Algérie cherche à débloquer de nouvelles sources de capitaux pour appuyer le secteur privé algérien, relativement restreint, et octroyer de nouveaux financements aux grandes entreprises publiques.
« Nous avons identifié des pistes d'introduction en bourse des entreprises publiques organisées en sociétés par actions, relevant du secteur industriel », a affirmé Nouredine Smaïl, président de la Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse (COSOB), lors d'un entretien avec des médias locaux mi-décembre. Ce dernier annonçait les premières conclusions d'un programme de réforme des marchés de capitaux chiffré à 5.1 millions de dollars visant à revitaliser la Bourse, mené avec l'aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce projet, d'une durée de 14 mois, s'inscrit dans le cadre d'une stratégie gouvernementale dirigée par le ministère des Finances, visant à diversifier l'économie pour réduire la dépendance excessive du pays à l'égard des importations d'hydrocarbures, mais aussi à déployer des efforts concertés pour renforcer la concurrence entre les entreprises des secteurs public et privé. Alger souhaite à terme mettre la Bourse aux normes internationales.
Le comité chargé du programme de réforme des marchés de capitaux, composé de fonctionnaires gouvernementaux et de conseillers internationaux, a formulé quatre recommandations pour atteindre cet objectif. Il préconise tout d'abord l'introduction en bourse des plus grandes sociétés industrielles publiques, un pourcentage des actions devant être conservé par l'Etat, directement ou par le biais d'un mode de placement.
Partenariats stratégiques spécifiques
La seconde option envisagée consiste à favoriser la création de partenariats stratégiques spécifiques pour l'Etat, par le biais desquels celui-ci détiendrait 50% à 60 % des actions dans les nouvelles sociétés, tandis que 20 % à 30 % des actions seraient mises à la disposition du public dans le cadre d'une introduction en Bourse. La troisième recommandation du comité chargé de la réforme des marchés de capitaux est de mettre en place des projets de croissance ciblant des secteurs spécifiques, et de permettre aux sociétés privées souhaitant être cotées en Bourse d'accroître leur capital par le biais de la Bourse. Enfin, la COSOB et le comité préconisent d'offrir aux investisseurs publics et étrangers une prise de participation dans les banques et les institutions financières, sous la supervision du Conseil de la monnaie et du crédit.
Les investisseurs étrangers sont d'ores et déjà limités à une participation de 49 % dans les sociétés privées algériennes, 51 % des parts étant détenues par le gouvernement. « La règle des 51 % / 49 % est déjà une réalité », a déclaré M. Smaïl. « Notre objectif est d'offrir les 51 % de participation au public par le biais de la Bourse, et de généraliser en Algérie cette pratique courante à l'international. » Des règles locales similaires relatives aux participations sont déjà appliquées dans d'autres pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. L'Algérie espère voir augmenter le nombre d'introductions en Bourse proposées aux ressortissants algériens et aux investisseurs étrangers en 2012, dans l'optique de dynamiser les marchés de capitaux propres en Bourse. Pour de nombreuses entreprises privées locales et de nombreux investisseurs, cette mesure aurait dû être prise depuis longtemps. Par le biais de ce programme de réforme, le gouvernement tente d'ores et déjà de persuader davantage de sociétés privées à envisager une entrée en Bourse, en proposant des mesures incitatives, notamment une réduction des frais de transaction. Par ailleurs, le gouvernement réexamine actuellement son droit de préemption sur la vente des participations dans les sociétés algériennes à des investisseurs étrangers. À l'heure actuelle, toutes les cessions d'actions à des sociétés étrangères doivent préalablement être approuvées par l'Etat, ce qui peut générer une certaine confusion, comme en témoignent les longues négociations concernant Djezzy, le premier opérateur de téléphonie mobile du pays. La société, une division d'Orascom Telecom, est actuellement évaluée en prévision d'une cession au gouvernement algérien, après une longue discussion concernant le champ d'application du droit de préemption de l'Etat. Une rationalisation de ce processus est également envisagée par le comité chargé de la réforme des marchés de capitaux.
La capitalisation boursière reste extrêmement limitée par rapport aux normes internationales. La grande majorité des activités (98 % environ) sont concentrées sur le marché de la dette, et concernent essentiellement des obligations de sociétés pour les entreprises publiques. Depuis l'entrée en Bourse de la compagnie d'assurance Alliance Assurances en novembre 2010, la capitalisation boursière a progressé de 62 %, passant de 7.7 milliards de dinars algériens (77.64 millions d'euros) à 12.5 milliards de dinars algériens (126 millions d'euros) début janvier 2012. Mi-janvier, d'après le site Internet de la Bourse d'Alger, la capitalisation boursière s'établissait à 14.8 milliards de dinars algériens (152 millions d'euros).
Toujours en cours de déploiement, après 11 ans seulement d'activité, la Bourse ne reflète pas encore la diversité des activités économiques du pays. Alliance a été la première société privée algérienne à faire son entrée en Bourse ; les quatre autres sociétés publiques cotées sont le géant énergétique Sonelgaz, le groupe pharmaceutique Saidal, l'agence immobilière Spa Dahli et la société de tourisme L'Hôtel El Aurassi d'Alger. Aurassi et Saidal ont été les seules valeurs négociées depuis 2000. Le marché des obligations de sociétés reste le centre névralgique, principalement grâce aux titres de créance qui offrent une rémunération supérieure à celle des comptes d'épargne, à savoir des taux d'intérêt compris entre 5 % et 6 %, contre 1.5 % à 3 %. En 2009, deux emprunts obligataires ont été émis par Sonelgaz et ETRHB-Haddad, une société de bâtiment.
À mesure que les recommandations du comité chargé de la réforme des marchés de capitaux se précisent, et se traduisent par une amélioration des réglementations, la Bourse d'Alger pourrait enregistrer plusieurs nouvelles introductions de sociétés industrielles au cours de l'année, qui devraient effectivement dynamiser les investissements domestiques et étrangers potentiels.




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