Dans la Saoura, la coupe du « km 30 » expose un affleurement riche en faune benthique variée. Il s’agit du « banc coralligène » de Le Maître (1952) qui enregistre un des épisodes transgressifs du Dévonien.
L’utilisation du terme « coralligène » prête à confusion. En effet, Ce terme crée en 1883 par Marion pour caractériser un environnement qu’on pensait « générateur du corail
rouge » est particulier à la Méditerranée. Le niveau de Marhouma n’y correspond ni par son contenu faunique ni par ses caractéristiques sédimentologiques (couches stratifiées, texture packstone bioclastique). Pour lever cette ambiguïté, nous proposons l’utilisation de la dénomination « niveau à Faune Benthique Variée (= FBV) » suivi du nom de la localité (= FBV de Marhouma).
En ce qui concerne la biostratigraphie, le « FBV de Marhouma » montre la succession de trois associations à brachiopodes dans la coupe du « km 30 » : association à Alatiformia
jaekeli (Scupin), association à Athyris (Athyris) concentrica (Von Buch) et association à Nucinulus orbignyanus (Verneuil). La partie supérieure de cette dernière association pourrait marquer l’extrême sommet de l’Emsien (et la limite avec l’Eifelien) comme l’indique la présence de Paraspirifer cultrijugatus (Roemer) connu à ce niveau aussi bien dans l’Eifel qu’en Ardenne. Latéralement, l’extension verticale du « FBV de Marhouma » est variable : à l’Erg el Djemel, 70 km au sud du « km 30 », seules les deux dernières associations sont représentées. A Haci-Feguaguira, à 350 km vers le sud-est, l’association à N. orbignyanus du « FBV » est suivie par celle à Warrenella (W.) cf. apodecta Crickmay qui serait eifélienne.
L’étude taphonomique des brachiopodes a permis de déterminer les niveaux à rétro-action taphonomique et de condensation « time-averaging ». Les résultats ont été intégrés aux caractères sédimentologiques et la biodiversité afin d’établir le découpage séquentiel dans le FBV. Ainsi, trois (3) cycles (cycles 1, 2 et 3) et un demi-cycle (demi cycle 4) de haute fréquence (4ème à 5ème ordre) ont été définis et dont les durées varient entre 140 ka à 345 ka. Ces cycles s’intègrent dans les modulations (courte vs longue durée) de l’excentricité terrestre au Dévonien.
Les caractères et la classification des niveaux coquilliers, nous permettent de considérer le niveau « FBV de Marhouma » comme un « niveau majeur » d’où son extension régionale. La présence d’assises similaires dans les bassins ouest sahariens (bassins de Tindouf, de l’Ahnet, du Zemmour et du Maroc présaharien) attestent du régime transgressif.
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Posté Le : 12/05/2021
Posté par : einstein
Ecrit par : - Ouali Mehadji Abdelkader - Racheboeuf Patrick - Elmi Serge - Mekahli Larbi
Source : Bulletin du Service Géologique de l'Algérie Volume 22, Numéro 1, Pages 27-45