Algérie

Durcissement de la politique économique en Algérie : Levée de boucliers chez des investisseurs français



Levée de boucliers chez des investisseurs français en Algérie, visiblement contrariés par les nouvelles mesures prises par le gouvernement Ouyahia. Selon des opérateurs français installés en Algérie, il s'agit d'un sévère durcissement de la politique économique algérienne vis-à-vis des investisseurs étrangers. Les circulaires en question conditionnent l'activité des opérateurs et investisseurs étrangers en Algérie à l'intégration d'un partenaire économique algérien à hauteur de 30 % dans le capital du projet. Une mesure qui aura provoqué beaucoup d'inquiétudes dans les milieux économiques et commerciaux français en Algérie, à en croire le président de la Chambre française de Commerce et d'Industrie à Alger (CFCIA), M. François Heugas. «Ces circulaires (de M. Ouyahia) sont préoccupantes», estime-t-il.

Ainsi, ce sont pas moins de 1.600 entreprises importatrices étrangères sur les 27.000 que compte le pays qui devront désormais faire rentrer dans leur capital un partenaire algérien à hauteur de 30 % de leur capital. Une autre mesure interdit à tout investisseur étranger de détenir plus de 49 % du capital d'une société de production tout en répartissant les 51 % restants entre plusieurs partenaires algériens, de sorte qu'ils restent majoritaires. Un diplomate européen installé en Algérie et cité par l'AFP estime que ces mesures «vont obliger les sociétés étrangères à revoir leurs plans en Algérie», citant notamment l'assureur français AXA qui attend une réponse à sa demande d'ouvrir deux filiales en Algérie détenues à 100 %. L'imbroglio est presque total au sein des milieux d'affaires étrangers opérant en Algérie, à la suite des mesures prises par le gouvernement algérien pour lutter contre les effets de la crise économique mondiale à travers ces «mesures protectionnistes», selon des opérateurs français.

Selon le président de la Chambre de Commerce française en Algérie, en dépit d'une «théorie parfaite», le climat économique en Algérie est marqué par une «insécurité juridique qui ne nous met pas en confiance, car les lois et règlements font du yo-yo». Jamais je ne serais venu en Algérie si ces dispositions existaient avant l'ouverture de ma société», affirme sous couvert d'anonymat un entrepreneur français. «Je ne connaissais pas suffisamment de monde dans ce pays pour faire un partenariat et je n'aurais pas pu m'associer avec des gens dont j'ignorais la philosophie», ajoute-t-il. Vu sous cet angle, il apparaît que l'Algérie est en train de scier la branche sur laquelle sont suspendus les projets d'investissements directs étrangers (IDE) et qu'elle confirme qu'elle reste un pays où il est difficile de faire des affaires et fructifier des projets d'investissements dans les secteurs les plus porteurs. Selon le directeur de campagne du candidat Bouteflika, M. Sellal Abdelmalek, le ton est surtout orienté à Alger sur la préservation de la balance des paiements. En 2008, la facture des importations a explosé à plus de 40 milliards de dollars, soit plus de la moitié des recettes d'hydrocarbures. Une tendance qui aurait incité le gouvernement de M. Ouyahia à prendre des mesures protectionnistes qui font peur aux investisseurs étrangers, particulièrement les Français qui veulent rapatrier leurs gains et leurs capitaux, alors qu'à Alger on estime que les recettes et devises gagnées en Algérie ne doivent pas «sortir dans leur intégralité». Ce qui est assimilé, sans que cela ne soit publiquement dit, à une pure fuite de capitaux via les circuits commerciaux. «L'Algérie ne s'opposera jamais à ces transferts mais on demandera aux entreprises de réinvestir ici une partie de leurs bénéfices. Faute de quoi, nous risquons de déséquilibrer notre balance des paiements» , précise à l'AFP le directeur de campagne de Bouteflika. «Nous ne pouvons pas faire moins que l'Europe où l'Etat est intervenu dans certains pays pour prendre le contrôle d'institutions bancaires ou autres», ajoute-t-il. Vaille que vaille, la France reste le premier fournisseur à l'Algérie, loin devant les Américains, les Italiens et les Espagnols. Mais Paris est le 5è client de l'Algérie. Une reconsidération des termes de ce partenariat a été quelque peu amorcée lors de la visite du président Sarkozy en Algérie. Il y a eu notamment la signature d'accords importants dans le secteur de l'énergie. Citons particulièrement le contrat signé par le groupe pétrolier français Total d'un montant de 1,5 milliard de dollars, en partenariat avec Sonatrach pour la construction d'un complexe pétrochimique (vapocraqueur) à Arzew d'une capacité d'un million de tonnes d'éthane par an et d'un coût global de 3 milliards de dollars. Le groupe Total détiendrait 51 % du capital. Ainsi que la promesse d'investissement de 1 milliard de dollars de Gaz de France pour le développement d'un gisement de gaz dans le Touat (Sahara). Mais, en dehors du secteur énergétique, la part des investissements français en Algérie reste dérisoire, à peine un peu plus de 150 millions de dollars par an. En toile de fond, il y a la certitude que la France n'investit pas tellement en Algérie, alors qu'elle en est le 1er fournisseur. Ce que les Français démentent, s'appuyant sur les projets... gaziers et pétroliers.







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