Algérie

Dur de se sentir sans voix entre Daech et l'extrême droite



Dur de se sentir sans voix entre Daech et l'extrême droite
Fragilisée par les douloureux événements du 7 janvier dernier, notre communauté installée en Occident s'est découverte politiquement et médiatiquement orpheline. Il n'y avait aucune personne morale pour assurer la gestion de la crise. La riposte est individuelle, en rangs dispersés, globalement contreproductive. "Qui est aujourd'hui l'avocat politique de notre communauté ' Qui est censé porter le message à la fois d'assurance en direction des gouvernements des pays d'accueil et de réconfort en direction de notre communauté ' Qui doit faire dans le lobbying et le jeu des réseaux pour participer aux débats ouverts en Europe sur l'islamophobie et mettre en exergue nos valeurs ancestrales de tolérance et de fraternité '", s'interroge l'ex-diplomate Halim Benattalah.On a le sentiment d'être en présence d'un vide que ni nos diplomates, ni la Grande mosquée de Paris, ni les députés de notre émigration, encore moins les imams envoyés chaque année en France par l'Algérie n'ont pu combler, et aucun de ces acteurs n'est en mesure de peser sur l'actuel débat qui a cours en France et en Occident. Pour la défaillance de la Mosquée de Paris, la responsabilité est partagée entre l'Algérie et la France. L'Etat français, de l'avis même de l'ex-secrétaire d'Etat à la Communauté nationale installée à l'étranger, a tenté une OPA sur le culte musulman en créant de toutes pièces une représentativité factice (le CFCM) sur base de la diversité. L'Etat algérien laisse les choses traîner, et ce, au moins en maintenant dans ses fonctions un recteur qui ne demande qu'à rendre son tablier, toujours selon le diplomate algérien.Le passage de témoin n'a pas eu lieu, le sang nouveau n'a pas été injecté, "alors que la Mosquée de Paris, assumant son rôle en toutes capacités, aurait pu contribuer aujourd'hui à la gestion de cette phase critique, dans l'intérêt de la communauté des musulmans en France et ceux de l'Etat français, et algérien bien compris", rajoute Bentallah. La défaillance est aussi celle de la démarche selon laquelle Alger envoie en France, chaque année, des imams.Un gaspillage en temps, en ressources humaines et en argent. "Ces imams, ne comprenant pas un mot de français, se retrouvent déconnectés de notre jeunesse en Europe. Ils ne peuvent, non plus, dialoguer avec les autorités locales ou avec les responsables des autres cultes. L'attention avait été attirée sur cet aspect, mais à l'évidence la situation ne pouvait évoluer parce que cette pratique bien établie était un gisement de rentes chèrement décrochées. La proposition de former en Algérie des imams issus de l'émigration n'avait pas été bien accueillie", conclut le diplomate.M. K.




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