En face, la tragédie des réfugiés économiques, ou de ceux venus d'une région à feu et à sang, ne cesse de susciter reportages et commentaires à la télé. Ne parlons pas de leurs spécialistes en géopolitique, capables de vous redessiner n'importe quelle carte géo, pourvu qu'elle ait une couleur politique. C'est leur job, et ils sont payés pour cette duplicité. Non, parlons plutôt de ceux qui les regardent pour en parler ensuite, sur Internet, là où tout est permis. Sous couvert d'un pseudonyme, qui donne du courage même aux plus lâches, il en est qui se sont crus autorisés à moquer la compassion, l'humanité ? même éphémère ? qui a traversé une Europe pourtant récalcitrante, à l'idée d'accueillir un malheur plus malheureux qu'elle. Il est vrai, à l'exception de l'Allemagne. Une Allemagne qui sait à la fois regarder en arrière et devant elle. Hier, aujourd'hui et demain, question histoire, démographie, économie et compétitivité. Ça a été la position courageuse de la mère Merckel, à l'égard de l'accueil des migrants, et elle en paye les conséquences, en décidant de ne pas se représenter, et de se retirer de la politique. Mais, revenons à ces brebis galeuses sur Internet. Ces derniers jours donc, toute cette faune internaute ne s'est pas privée, pour tenter de disqualifier ceux que ces événements ont bouleversés, à grand renfort de sarcasmes cyniques et d'attributs péjoratifs. Ça parle sur ces blogs de «leçon de morale compassionnelle», de «tous se sentent purifiés car le Bien est en eux», ou de «confort intellectuel et moral». La compassion à l'égard de ces apatrides, sans adresse ni abri, est qualifiée de «terrorisme intellectuel insupportable» et de «manipulation émotionnelle». Ils n'hésitent pas, ces blogueurs du dimanche, à dénoncer le fait que les religions puissent rappeler à leurs pratiquants, l'obligation de se porter au secours de leur prochain, voisin ou pas. Et où situer politiquement, cet élan trop compassionnel à leur goût ' A gauche, une gauche qui aurait pris le contrôle des médias. Quand on sait ce qu'il en reste de cette gauche, on se retient pour ne pas éclater de rire. De plus, une grande partie de ces internautes se vante de l'avoir quitté, cette gauche totalitaire et ultra-compassionnelle. Et vous savez quand ' Le jour où ils ont réalisé que «la gauche, c'est pas la droite». Quand on sait le temps qu'ils ont mis à s'en rendre compte, on peut légitimement douter de leur faculté de discernement, entre tout ce qui a trait à une zone géographique qui s'étend, grosso modo, du Maroc à l'Afghanistan. Hommes, femmes, enfants et les bêtes aussi, peuvent bien y crever la bouche ouverte, mais, chez eux. À leur sujet, y'aura peut-être de la compassion, et ces internautes pourront à peu près tout se permettre de dire, pourvu qu'ils estiment avoir le droit de ne pas entendre ce battement dans l'air qui se rapproche, à grands pas, d'eux. Finalement, ils auraient dû ne se reconnaître qu'un devoir, celui de se taire. Car, pour certains d'entre eux, en particulier ceux pour lesquels «humanisme» et «compassion» sont quasiment deux mots d'une grossièreté sans nom, les migrations sont une évidence qui se vérifie tout au long de l'histoire humaine. Avec ou sans compassion, ils ont les camps de réfugiés aujourd'hui, comme ils les ont eu, hier. Et ils les auront demain encore, car, mine de rien, les écrits-déjections de tous ces internautes-là s'en portent garants, avec leur haine aux odeurs de tas de fumier?
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Posté Le : 07/11/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M N
Source : www.letempsdz.com