Quelque part, cette semaine, dans une localité algérienne des membres d'une administration communale rendent des comptes à la justice pour avoir fait main basse sur les couffins du ramadan passé. Les viles filouteries du genre sont connues par tout le monde. Certains voyous non besogneux, contrairement à ce que l'on peut penser, ne sont pas en nombres limités et cet exercice de piraterie et de rapine a, avec le temps, pris une ampleur effarante jusqu'à s'inscrire dans une légalité courante.Avec différentes formes, la rapine s'est étendue dans tous les domaines d'activité du pays et la honte n'est plus de mise allant jusqu'à prendre des allures de proxénétisme au demeurant presque officialisé. Absoudre la confiance devant un bidon d'huile et un couffin de nourritures destinés à des nécessiteux n'est pas seulement la manifestation de la veulerie, mais le signe d'une bassesse généralisée devenue monnaie courante pour un mafiosisme bien organisé.
Quand on aborde le problème de la corruption, on a tendance à se focaliser sur les grands détournements financiers opérés par de grands ou petits responsables administratifs alors que le mal profond qui désagrège les saines normes censées régir la société algérienne est dans une large rapine qui gangrène sans morale et sans retenue des pans entiers de l'administration.
Il est souvent constaté qu'un acte légal et normal, de surcroît droit légitime d'un citoyen à un service ne peut être accompli que s'il est accompagné d'un lourd bakchich glissé en dessous de table. Dès lors le contribuable devient victime de deux administrations parallèles auxquelles il doit se plier pour obtenir satisfaction. L'aspect fortement désobligeant de cette culture maintenant ancrée a pris la forme d'une normalité si conséquente qu'elle se pratique au vu et au su de tout le monde et l'Algérien sait à quoi s'attendre pour n'importe laquelle de ses demandes.
Les causes de cette lourde déviation sociale sont connues. Elles ne sont aucunement dues à des indélicatesses éparses et rares mais elles révèlent d'une gouvernance qui a fait perdre tous les sens à la citoyenneté et à la légalité. Aujourd'hui le mal est si répandu qu'il sera difficile à vaincre au point de se laisser porter par le spectre de la potence pour y remédier.
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Posté Le : 30/10/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdou BENABBOU
Source : www.lequotidien-oran.com