Dualité

L?installation de nouveaux walis, dont celui d?Alger, intervient dans un contexte où se pose avec une pressante acuité la question de savoir quel est le statut des grandes villes dont ils ont la charge. Si la capitale du pays force l?intérêt par la force des choses, il est vrai que le phénomène de la surpopulation qui caractérise Alger s?étend à d?autres cités, nourri par un irrépressible exode vers un nord fantasmagorique et porteur de rêves de richesses et de réussite. A Alger, comme dans les grandes villes du pays, les walis auront alors, sans nul doute, à mettre en oeuvre les stratégies nécessaires et suffisantes pour atténuer ce déséquilibre grandissant entre un Nord utile, où tendent à vouloir se concentrer de larges pans de la population, et des régions menacées d?être livrées à elles-mêmes après que leurs habitants les aient massivement quittées pour s?installer à la périphérie de la capitale ou des grandes villes algériennes. C?est de fait à la problématique du développement durable que les walis, celui d?Alger comme ceux de tous les autres pôles, sont confrontés. Et cela à double titre dans la mesure où, conjointement à la gestion de la ville - qui constitue en elle-même un immense enjeu humain et économique - se pose aussi le problème de la vacance accentuée des zones rurales et de leur entrée en déshérence. La politique de la ville, dans ce sens, ne pourra pas produire tous ses effets pertinents si elle n?est pas sous-tendue par une vision dynamique de la campagne. Sans cette interface, sans le souci de donner un contenu complémentaire au binôme ville-campagne, l?idée même d?asseoir le développement durable sonnerait creux, car elle relèverait de la fatalité de la croissance disproportionnée de la ville au détriment de la campagne avec tout ce qu?elle induit de dimension nourricière. C?est au coeur d?une telle dualité, dont la complexité est évidente, que s?inscrit l?action de l?Etat, dont les walis ne peuvent pas avoir pour seule mission d?expédier les affaires courantes de la quotidienneté.