Algérie

Du vide à l'abstention



Du vide à l'abstention
Ils sont nombreux parmi la classe politique du pays à ne pas croire à une victoire des islamistes lors des législatives du printemps prochain. La peur a donc changé de motif, puisque officiels comme prétendus opposants, se montrent moins alarmistes devant une telle issue. Ceux qui animent la scène politique nationale s'inquiètent désormais moins d'une très probable victoire des islamistes qu'ils ne l'exprimaient aux lendemains des élections en Tunisie, au Maroc et en Egypte. Aujourd'hui, on semble trouver un autre ennemi, qui s'appelle l'abstention. On sait que les régimes se donnent tous les moyens pour assurer la plus large participation possible à tout scrutin. Il y va de la crédibilité du vote qu'ils organisent. A l'aune des législatives, la première joute en Algérie après les bouleversements connus par des pays voisins, la hantise de l'abstention est partagée par le régime et la quasi-totalité des partis politiques. Une nouvelle bouderie des urnes par les Algériens mettrait certainement dans la gêne les deux parties. Et pour éviter un tel camouflet, on s'efforce à convaincre les Algériens de l'utilité d'accomplir son «devoir électoral». Force est de constater cependant que le rapport entre le citoyen et la politique ne se fait pas occasionnellement. Ou au gré des conjonctures. Il est censé être quotidien et sans répit. Dans l'Algérie de 2012, contrairement à celle des débuts des années 1990, la situation est plutôt désespérante : il n'y a plus de place pour l'activité politique. Ce n'est pas les déclarations de quelques «acteurs» qui changeront la donne. Ni d'ailleurs le fait que le MSP quitte l'Alliance présidentielle après avoir composé pendant longtemps avec le FLN et le RND. Car une Alliance, avec ou sans Aboudjerra Soltani, le résultat ne changera pas de façon significative. L'enjeu, le véritable enjeu, est de réhabiliter - sans la contrainte de l'agenda - le politique en laissant principalement les individus et les partis s'exprimer en toute liberté. Faire autrement, c'est-à-dire persister dans le verrouillage, c'est restaurer l'extrémisme dans ses différentes expressions. Nous le constatons tous les jours, le vide politique fait dire à chaque parti qu'il est le plus ancré dans la société. Or, la société a été sciemment dépolitisée pour consacrer le statu quo. Une scène politique fonctionnant au mode «artificiel» ne peut être animée que par des intrus, qui ont pour mission de fausser le jeu au détriment de l'acte politique qui se fait de plus en plus rare. Ceux qui ont peur, aujourd'hui, de voir les Algériens bouder les élections législatives de mai prochain gagneraient mieux en crédibilité en posant les questions d'ordre politique. Le faire loin des périodes électorales serait encore mieux. Car, sortir du désert politique peut être un début de réponse à la question de l'abstention et de l'offre politique.
A. Y.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)