Algérie

Du ventre farci au c'ur



Subrepticement, sans bruit et sans choc majeur, un chiffre est tombé, lâché par les officiels : 1 million et demi de couffins ont été distribués depuis le début du mois de ramadhan. Pour tout algérien normalement constitué qui connaît un peu son histoire et a très peur de l'avenir, la question qui en découle semble évidente : comment, en 46 ans, l'Algérie est-elle passée de 1 million et demi de martyrs à 1 million et demi de couffins ' Que s'est-il passé entre l'époque glorieuse du sacrifice suprême pour la nation et cette période très molle où le couffin est indexé sur le pétrole et représente la dignité minimale pour exister ' Bien sûr, la réponse est dans l'échec du développement, tout comme dans l'absence de vision des dirigeants, le premier dépendant directement de la seconde.Il ne sert à rien ici de fustiger encore les centaines de dirigeants économiques et présidents politiques qui ont défilé à la tête de l'Algérie, ils sont de toute façon convaincus d'avoir bien fait leur travail et vont continuer comme l'autruche en paille, la tête dans le couffin, à parler de travail accompli et de réformes en cours. Il y a un autre chiffre, moins officiel, 20% des Algériens vivraient au-dessous du seuil de pauvreté, soit un Algérien sur cinq. Mais combien vivent juste sur le seuil de pauvreté, cet endroit très inconfortable, ce fil tenu pour équilibristes avertis, où ceux qui y vivent sont dans un choix permanent et douloureux ; faut-il acheter un journal ou une baguette de pain, un bulletin de vote ou un kilo de viande ' Dans quelques jours, ou peut-être au moment de lire cet article, un couffin supplémentaire aura été distribué par M. Ould Abbès, quelque part en Algérie. 1 million et demi plus un.A ce moment précis, à ce point de non-retour, l'Algérie comptera plus de couffins de la dépendance alimentaire que de martyrs de l'indépendance élémentaire.


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