Algérie

Du toc, ces bijoux!



Du toc, ces bijoux!
Jamais Maître Tahar Kheyar n'aura mérité d'être surnommé le «phénomène de société». Follow me.
Maître Tahar Kheyar, l'avocat d'une pauvre bougre qui croupit en taule pour vol de bijoux, a été agréablement surpris par l'énorme attention étalée sur le pupitre par Joumana-Jazia Mezaâche, la juge du mardi de Chéraga (cour d'Alger). L'avocat de Hussein Dey avait aménagé une stratégie de défense basée sur la réalité, en l'occurrence que la victime de vol s'était jouée de l'inculpée et de la justice à travers le parquet et l'instruction qui n'ont vu que du feu traverser leurs bureaux.
En effet, l'avocat de l'inculpée, en véritable phénomène de société, n'a pas eu à trop tirer sur la corde en expliquant que sa cliente l'avait informé alors qu'elle était en détention préventive que le lot de bijoux qu'elle avait subtilisé à la brune dame qui ne cessera de crier au vol de son «or», était en réalité, un lot de bijoux en «toc».
- «Madame la présidente, vous ne serez pas au bout de votre surprise car, dans un instant, vous allez avoir le tournis au moment de vérifier une autre bévue...
- Maître, allez au but. Que sous-entendez vous' Le tribunal a hâte de savoir juste pour arriver à la vérité, coupe Mezaâche, en super forme.
- Oui, oui Madame la présidente, vous allez immédiatement être satisfaite et rassurée. Et donc vous jugerez sur place et même sur le siège. Mais auparavant, nous voudrions d'abord jeter un oeil sur ces fameuses factures de bijoux dont parle la victime, suggère, tel un renard dans un poulailler, le défenseur de l'inculpée de vol.
- Victime, montrez-nous un peu les factures, les questions et surtout pas de photocopies!», ordonne la magistrate qui sera édifiée juste après que Maître Kheyar eut l'idée de demander à la juge de lire la date de la rédaction des factures que la victime avait tendues avec un réel plaisir sans se douter sur ce qui allait arriver dans la suite des débats. Un lourd silence s'instaura dans la salle d'audience où l'agent affecté au service d'ordre avait, non pas l'oeil, mais l'oreille aux «aguets» attendant une malvenue sonnerie d'un mobile pas mis en veilleuse. Le silence ne dura pas longtemps. Alors que Mezaâche parcourait une à une les factures, Maître Kheyar s'avança vers le pupitre de la juge du siège, arbora une grimace en guise de sourire moqueur et balança sans la permission du tribunal. «Alors Madame la présidente on n'a rien remarqué' Vous avez besoin d'un coup de main' Avez-vous remarqué l'anomalie qui mène droit sur la relaxe de l'inculpée'» La présidente fit les gros yeux et marmonna! «Et comment que je viens de relever l'anomalie! Quant à la relaxe, vous laisserez cette demande au cours de votre plaidoirie», ordonna presque la présidente. L'avocat mit les mains derrière le dos, fit quelques pas en direction de la présidente vigilante et cracha: «Est-ce que l'honorable tribunal peut nous apprendre ce qu'il vient de découvrir dans la recherche de la vérité», s'amuse presque le défenseur qui écoutera avec plaisir la question de la juge qui a demandé à la victime ce qu'elle avait à dire autour des dates relevées sur les factures. «Savez-vous ce que vous venez de remettre au tribunal, des factures antidatées!», tonne la juge qui s'était heureusement vite aperçue que lesdites factures avaient été rédigées bien après le vol des bijoux, le dépôt de plainte et le lancement des poursuites. Donc, l'anguille était sous la roche et Maître Kheyar avait de quoi bomber le torse en marchant sur la pointe des pieds, heureux, mais, quasi satisfait d'avoir participé à la recherche de la vérité et voir sa cliente au bord d'un verdict attendu: la relaxe sur le siège. Joumana-Jazia Mezaâche en digne fille de Abdelmadjid qui n'est plus là pour savourer les oeuvres de sa fille, décide de relaxer l'inculpée. La justice est plus belle qu'un lustre en cristal accroché au plafond d'un palais princier. Il faut et il suffit d'avoir en face une magistrate compétente, intègre et courageuse. Ces conditions sont réunies. Et si Abdelmadjid était de ce monde, il aurait bombé le torse et caressé sa grosse moustache en guise de fierté.


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