Algérie

Du Shakespeare à JijelPoint Zéro : les autres articles


Du Shakespeare à JijelPoint Zéro : les autres articles
Ce n'est pas à cause de la baisse de l'excédent commercial (-50%) ou de celle des recettes d'hydrocarbures (-12%). Non, il s'agit d'amour, cette intense vibration qui a élevé tant de couples vers l'apesanteur, fait ruisseler tant de femmes, coulé tant de navires et déchiré le ventre de tant de puissants. Hier à l'aube, pendant que les couples installés dormaient confortablement dos contre dos, une femme de 18 ans et un homme de 19 ans se sont suicidés ensemble, se jetant main dans la main du haut d'un immeuble.Comme dans Roméo et Juliette devant un amour impossible, les parents de la femme ayant décidé de la donner à quelqu'un d'autre, ils ont choisi de partir ensemble vers une terre inconnue avec un sublime désir : que la mort soude ce que la vie n'a pas fait. Le couple de Jijel, puisque c'est dans cette ville conservatrice que ce drame shakespearien est arrivé, a ému beaucoup de monde dans une société que l'on voit sage et fermée, où l'amour est suspect, la tendresse coupable et tout rapprochement entre les deux sexes sous contrôle des milices.
Mais ce n'est pas vrai, au bas de l'ombre géante des tours du détachement et derrière les murs épais de l'agressivité, des milliers d'histoires d'amour se jouent et se déjouent, défiant la gravité et la morale nationale, s'amusant à inventer des mondes et les détruire dans l'Apocalypse des ruptures, entre fusions moléculaires et aveugles déchirements. Peu de ces histoires anonymes en arrivent à ce double attentat kamikaze qui n'aura visé comme victimes que ses deux auteurs éperdus. Mais l'Algérie reste une zone humide de romance, une avide forêt pour les chercheurs d'amour, peut-être parce qu'il n'y a rien de très précis à quoi s'accrocher. A l'inverse, combien est décevant de voir la haine être un programme politique et le mépris une attitude de gouvernance. Le petit couple de Jijel s'est aimé. Fort. Plus rien n'a d'importance.
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