Algérie

Du rythme et de la rime dans le sang


Du rythme et de la rime dans le sang
De la musique aux maximes, chez Sid Ahmed il n'y a qu'un pas. Ce «jeune homme» de 64 ans, plein de vie et de sagesse, explique le monde qui l'entoure avec des mots simples et lumineux qui donnent à celui qui l'écoute envie d'y vivre.Percussionniste dans sa jeunesse avec l'orchestre de Dahmane Benachour et «fan» de la voix de Hadj M'rizek, il devient un chanteur chaâbi au talent avéré. Il chante Blida, la ville des Roses, dans des poèmes d'un tel rythme et d'une telle mesure qu'ils n'ont rien à envier à ceux des grands maîtres du genre. Influencé par les grands poètes, tels que Sidi Lakhdar Benkhlouf, Abdelaziz El Maghraoui, Kaddour El Almi et d'autres encore, il s'adonne à un genre qui lui sied à merveille : les maximes (d'ailleurs, on dirait que tous les genres vont bien à cet artiste accompli).«Le poète est l'âme et la conscience d'une société, il éclaire la vie par la vérité», dit-il dans l'une de ses maximes. C'est le rôle qu'il semble s'être fixé. Depuis quelques décennies, tel le sage des vieux contes, on le voit tout le temps en train d'expliquer un phénomène ou de donner des leçons de morale avec des mots si simples et si légers (mais ô combien lourds de sens !) appelés : maximes. Il est intarissable. Son verbe est facile. Sa sagesse est immense et «modeste» à la fois.«Ce n'est pas la richesse qui fait l'homme, c'est l'homme qui fait la richesse», affirme-t-il devant ce matérialisme ambiant. Sid Ahmed ne s'est pas enrichi de ses paroles, mais ces dernières remplissent de «richesse morale» ceux qui les écoutent et les appliquent dans leur vie. «Pour apprendre à parler, il faut savoir se taire.» Voilà un conseil si sage qu'on doit l'écrire en lettres d'or sur les murs de toutes les salles de réunion par ces temps où n'importe qui dit n'importe quoi et où le dialogue de sourds est le seul moyen de communiquer avec les autres.«Quand on était petit, on voyait grand ; quand on devient grand, on voit petit», avoue-t-il. Il s'adresse aussi aux jeunes pour les inciter à ne pas se décourager et à essayer de réaliser leurs rêves de jeunesse. Fidèle à cette mission qu'il s'est fixée, il s'attaque à ce fléau qui détruit les jeunes (et les moins jeunes) : la cigarette, «ce petit bâton blanc venimeux, vêtu de linceul».«Elle éteint son allumeur par de simples petites bouffées et se consume en consommant son consommateur.» Son combat contre le tabagisme s'exprime aussi chez lui. Dans un long poème en arabe dialectal, il s'attaque à ces «deux qu'il croyait ses amis : le café et la cigarette». Dans un style simple, mais très moralisateur, il décrit les méfaits de la cigarette dans un poème que tous les fumeurs devraient lire.Sid Ahmed Benarbia est l'un de ces poètes qui ont sillonné les époques et qui ont appris à leurs semblables à bien vivre, à mieux vivre, de ces poètes qui se font rares de nos jours et dont on a si grand besoin par ces temps de morosité contagieuse. Avec des mots simples, il égrène la vie avec une philosophie déconcertante.