Algérie

Du rêve au cauchemar



Les manifestations liées à l'assassinat, samedi, d'Eugène Terre'Blanche, le chef raciste sud-africain, rappelle à quel point la situation dans ce pays est extrêmement précaire. Il révèle aussi le fossé qui sépare les communautés, sinon ce climat de défiance qui caractérise encore leurs rapports. Les noirs en sont toujours à considérer que les blancs conservent d'immenses privilèges et qu'eux sont encore loin d'accéder aux principes mêmes de la démocratie, c'est-à-dire l'égalité en droits. Les autres qui détiennent, il est vrai, les principaux leviers de la puissante économie sud-africaine en sont, quant à eux, à parler de racisme antiblanc. Rude coup pour Nelson Mandéla et tous ceux qui croient en la nation arc-en-ciel.Ce qui serait l'échec de la politique de pardon et de réconciliation est fermement rejeté par les dirigeants sud-africains, eux qui avaient dénoncé une « décision raciste » des autorités canadiennes d'accorder l'asile politique à un blanc qui se plaignait de persécutions racistes. Un motif jugé recevable par les autorités canadiennes. Pas question, selon le discours officiel, de « revanche raciale » ou d'essoufflement de la co-existence raciale. Tout juste reconnaîtra-t-on des problèmes comme ceux que connaissent les autres pays.La crise encore elle, bien que les attentes ne soient pas nouvelles. Mais le mouvement de la jeunesse de l'ANC, le parti au pouvoir depuis la chute de l'apartheid, ne se prive pas de passer outre ce discours, et même une décision de justice, en sortant de l'oubli un chant de la lutte anti-apartheid appelant à tuer les boers. Et à l'inverse, voir les troupes d'extrême-droite arborer leurs tenues, proches par leurs emblèmes de celles des nazis et parler de vengeance.Le discours officiel n'a pu d'ailleurs occulter cette réalité, en appelant, par exemple, à ne pas attiser la tension, ou à exacerber la situation. Tout indique qu'elle ne correspond pas à l'idée que beaucoup se faisaient il y a près de vingt ans. Les townships sont toujours là, et un million de familles vivent dans les bidonvilles ; ou encore, selon les statistiques officielles, 43% de la population est pauvre. Depuis peu, relève-t-on, les blancs ont eux aussi leurs pauvres, mais c'est sans commune mesure avec ceux de la majorité de la population, frappée, par ailleurs, par différents fléaux, le sida en premier lieu. Ce qui explique, dit-on, ce chômage chez les noirs, ou encore cette extrême pauvreté.Personne n'oubliera les images de la haine raciale, quand les habitants des bidonvilles faisaient la chasse aux immigrés venus principalement du Zimbabwe. Ou encore de la criminalité avec les cinquante tués chaque jour, et pour beaucoup, la mort d'Eugène Terre'Blanche devrait être considérée comme telle et qu'elle soit dénuée de tout sens politique. Il a été tué pour une question de sous et non pas pour ses idées. Ah ! les idées, les Sud-Africains n'en ont jamais manqué, mais ils doivent bien admettre que cette fois, il y a urgence.


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