Algérie

Du Printemps arabe à l'hiver des islamistes Journée d'étude sur les révolutions arabes



Réunis hier à Alger, des experts français, algériens et syriens ont estimé que le Printemps arabe a vite déchanté pour laisser place à un rude hiver islamiste.
Les révolutions arabes sont plutôt des soulèvements qui n'ont pas instauré la démocratie et encore moins amélioré les conditions de vie des citoyens ('). Ils ont engendré une régression des droits de l'homme, du statut de la femme, des libertés, élargi les divergences ethniques et aggravé l'insécurité ('). Le Printemps arabe a vite déchanté pour laisser place à un rude hivers islamiste.» C'est la conclusion à laquelle sont arrivés, hier, les participants à la journée d'étude organisée à Alger par le Mouvement féminin de solidarité avec la femme rurale, en association avec le Centre de recherche et d'étude sur le terrorisme et l'aide aux victimes (Ciret-AVT) sur le thème «Les révolutions arabes : mythe ou réalité '».
Cinq conférenciers se sont succédé à la tribune pour décortiquer les tenants et les aboutissants de ce qu'ils ont appelé les «évènements» ayant secoué le Monde arabe. Il s'agit de l'ancien patron de la DST, Yves Bonnet (préfet honoraire et président du Ciret-AVT), de Eric Denécé (ancien analyste du renseignement, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement), du grand reporter de la Télévision suisse romande Richard Labévière (consultant international et auteur de plusieurs ouvrages sur le terrorisme), de Majed Nehmé, d'origine syrienne (directeur d'Afrique-Asie et auteur de nombreux ouvrages) et du professeur Zoubir Arous du Cread. Pour ces experts, «ces révolutions ont créé des bouleversements» en Tunisie, en Libye et en Egypte et leurs conséquences «ont été néfastes». A ce titre, Mme Saïda Benhabylès, présidente du Mouvement pour la femme rurale, estime que «leur impact» a été «très négatif» sur les populations, dont la vie quotidienne «est devenue plus difficile qu'avant».
Abondant dans le même sens, Eric Denécé a affirmé que «des conditions ont été créées et encouragées pour que ces mouvements populaires mettent fin à des régimes qui ne s'accommodent plus avec les intérêts des Etats-Unis et d'Israël». Yves Bonnet, pour sa part, a déclaré que l'histoire a prouvé que toutes les interventions étrangères organisées à travers le monde se sont révélées catastrophiques. A ce titre, les exemples ne manquent pas. L'intervention de l'OTAN en Libye, note Eric Denécé, «a eu pour conséquence directe la déstabilisation du Mali».
Les conférenciers s'accordent tous à pointer le doigt sur l'Amérique et ses alliés, les monarchies du Golfe, qui ont aidé les mouvements islamistes à travers le Monde arabe. Selon eux, le département d'Etat dépense depuis des années des sommes colossales pour le projet du Grand-Moyen-Orient. Ils disent que ces «révolutions», telles qu'elles ont été menées, «vont provoquer des contre-révolutions, la radicalisation des régimes qui prendront le pouvoir et la décomposition des Etats».
A propos de la crise en Syrie, Majed Nehmé affirme qu'elle s'installe dans la durée étant donné que les insurgés «ne contrôlent que quelques quartiers du pays et que les forces loyales reprennent l'initiative sur le terrain. La situation en Syrie a été la conséquence de quatre années de sécheresse, de l'arrivée de 4,5 millions d'Irakiens après la guerre du Golfe et de la présence de 500 000 Palestiniens sur son sol, engendrant ainsi une grave crise économique». Il met l'accent sur les réseaux sociaux «sur lesquels les Américains ont beaucoup travaillé afin qu'ils soient utilisés en temps opportun». Zoubir Rouis, pour sa part, trouve que les évènements qui ont secoué le Monde arabe ont été menés de façon horizontale et ne peuvent de ce fait être qualifiés du label de «révolution», comme c'est le cas pour les Révolutions algérienne, française, égyptienne (de Nasser).


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