Algérie

Du potentiel et du talent en quête d'espaces d'expression



Du potentiel et du talent en quête d'espaces d'expression
Le talent est quelque chose d'immense pour être enfermé dans un vulgaire bout de papier. Les étiquettes «professionnel» et «amateur» ne trompent pas le regard avisé d'un connaisseur ou d'un critique. On peut bien s'affilier à l'Onda, créer sa propre société de spectacles, bénéficier de juteuses offres publiques et bien soigner sa communication, tout en produisant de l'éphémère et du n'importe quoi. Le show-business a ceci de miraculeux. Comme on peut se produire, avec des moyens sommaires, dans les chaumières et les bas-fonds, en gagnant l'estime et les égards d'un auditoire de férus. Car, en fin de compte, la qualité d'une ?uvre dépend exclusivement de sa profondeur, de sa technique et de son esthétique, indépendamment du statut de son créateur.Sa valeur intrinsèque dépend uniquement du génie et du soin déployés dans sa conception. Toute autre considération relève de la pure spéculation. A ce titre, les compagnies et les troupes artistiques indépendantes, souvent passionnées et exigeantes sur la qualité, ont un rôle de premier plan dans toute politique culturelle pérenne. C'est pourquoi, il convient de leur offrir un cadre de travail adéquat et des moyens pour s'exprimer. Les associations culturelles et les artistes amateurs comptent beaucoup dans la création etl'animation. De par leur ancrage social, ils ont l'avantage de la proximité avec la société réelle et leurs ?uvres s'en inspirent.En collant ainsi au vécu du pays profond, ils dissèquent - à leur façon, bien entendu- les préoccupations et les espoirs du grand public.Ce lien direct les met dans la posture du porte-parole qui transmet les attentes et les difficultés de leurs milieux respectifs. Leur contribution en matière de socialisation de la culture est essentielle.A travers toutes les villes algériennes, on trouve des troupes de théâtre et des groupes de musique anonymes qui jouent dans des cercles «intimes» pour se faire plaisir et divertir des copains. Occasionnellement, ils sont conviés pour animer une fête ou participer une petite festivité. On y rencontre aussi de «grands» comédiens et des comiques qui caricaturent leur environnement mieux que quiconque. Dans les cités populaires, des rappeurs, des danseurs, des poètes et des dessinateurs improvisent des «halaqates» au bas des immeubles et dans les parkings durant les longues nuits estivales. A des heures aussi tardives, les établissements culturels, englués dans la gestion administrative et bureaucratique, «dorment» sur leurs deux oreilles. Un centre culturel, une maison de la culture, un théâtre ou une auberge de jeunes ne devraient pas avoir les mêmes horaires d'ouverture que ceux d'une mairie ou d'un bureau de poste. En Algérie, ces institutions, comme de vulgaires magasins, ferment leurs portes aux premières heures de la soirée au lieu d'offrir une chance à cette gent de «couche-tard» qui a de belles choses à parfaire, à développer et à offrir.Mais pour cela, et c'est dommage, la réglementation exige de la paperasse, des cartes et des attestations d'aptitude. On doit absolument décomplexer l'accès aux espaces culturels et multiplier leur nombre pour élargir leur implantation afin de permettre l'éclosion effective de tous ces talents inconnus. Il y a un grand potentiel à exploiter dans ce registre. Dans une petite ville comme Béjaïa, ces «intermittents» plaident pour la création de petites scènes au niveau des cités et des quartiers populaires. Dans toutes les autres villes du pays, on éprouve le même besoin pour la reconversion de vieux bâtis en espaces de création et d'animation. Partout, les artistes et les intellectuels, y compris ceux qu'on affuble généreusement du qualificatif «professionnels», se sentent à l'étroit et se plaignent constamment du manque d'espaces de rencontres et d'échanges où ils se sentiraient comme chez-eux. La ministre de la Culture avait promis, à maintes reprises, de revoir tout cela. Les espoirs suscités par ses déclarations sont grands.K. A.




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