Algérie

Du pain, nom d'une fournée !



A Constantine, l'été est pain bénit pour les boulangers, qui au lieu d'ouvrir boutique pour vendre normalement leur pain, préfèrent engager des gamins, pour leur faire vendre, à même la chaussée, la fournée du jour. Et c'est avoir du pain sur la planche que de tenter de mettre la main sur cette baguette magique qui a juré de ne pas se laisser vendre comme des petits pains. Ainsi, en plus des fermetures justifiées par le congé annuel, les moult tracasseries causées par les délestages et les ruptures impromptues de l'énergie électrique, viennent imposer aux citoyens un régime sévère, sec et sans pain. Dire que l'on se soucie de leur santé ! Pour la corporation des boulangers, le métier est en voie de disparition ; des contraintes d'ordre financier, notamment après l'augmentation des prix de l'énergie et des charges liées à la main-d''uvre, obligeraient ces derniers à mettre la clé sous le paillasson.Cependant, ces arguments volent en éclats, car malgré ces supposées contraintes, nos boulangers trouvent leur compte en cédant leurs fournées à des vendeurs informels qui, dans des conditions d'hygiène déplorables, à même le sol et sous les effluves de gaz d'échappement de véhicules, écoulent le précieux butin en arrondissant le prix à 10 DA, ne se souciant aucunement de la santé de leurs concitoyens. Ce comportement fait la part belle aux spéculateurs de tous bords, et chose plus inquiétante, ne pousse à aucune réaction les autorités locales et les services de régulation et de contrôle du marché, pénalisant ainsi doublement le consommateur. Au centre-ville, quand la fournée matinale ne sort plus des boulangeries, les habitants sont contraints de s'approvisionner auprès de ces vendeurs, normalement dits à la sauvette, sauf qu'ils ne sont plus inquiétés par les agents de l'ordre, qui résignés, laissent faire et ferment l''il sur ces pratiques douteuses. Pris en otage par ce manque persistant de pain, fabriqué de toute pièce par les boulangers eux-mêmes, les Constantinois ne savent plus de quelle pâte sont faits les boulangers en question qui, non seulement les roulent dans la farine, mais courent chialer sur leur sort, se faisant passer pour les victimes premières d'une « machination perfide qui tendrait à les faire disparaître ».


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