Algérie

Du nom propre à l'état civil



Le colloque organisé par le département d'histoire de la faculté des sciences humaines et sociales de l'université Mentouri autour de la thématique complexe et quelque peu ésotérique, il est vrai, pour un large public, «Du nom propre à l'état civil: Identités onomastiques et construction de l'Etat en Méditerranée occidentale», a planté son chapiteau, depuis samedi dernier et jusqu'au 7 du mois de novembre en cours, dans un lieu mythique à Constantine... la médersa de la rue Ben M'hidi. Si les sciences sociales et humaines, dit-on, se caractérisent par «une extension continue du savoir», il y a lieu alors de saluer la présence pertinente et si rare, sur le vieux rocher, d'une large palette de chercheurs, de scientifiques et d'universitaires qui s'y sont donné rendez-vous, conviés à communiquer sur des causes justes, ces «héritages immatériels» endémiques, méditerranéens et régionales à la fois. Pour rappel, cette halte dans l'antique Cirta, dédiée donc aux «identités onomastiques», la première à dresser son bivouac sur les quatre prévues, est initiée dans le cadre du projet de coopération de recherche France/Maghreb, qui se décline, à vrai dire, à l'enseigne plus globale de «la formation de l'espace méditerranéen: mémoire, réseaux, représentations». Dès l'entame du colloque, ce samedi dernier, c'est Abdallah Bounfour de l'INALCO de Paris, avec une communication au titre emblématique sous nos latitudes, «L'archéologie du nom propre: la patronymie maghrébine aux risques de la linguistique», qui aura, le premier, planté le décor dans un domaine de recherche aux lignes d'horizons si improbables à l'échelle de nos régions. La journée durant, tour à tour, les universitaires Hocine Jaidi de Tunis, Fatima Z Guechi de Constantine, Tarik Madani d'Oujda, Gregorio Salinéro de Paris I arpenteront les contrées lointaines des «toponymes d'origine antique et patronymes dans la Tunisie contemporaine», «du nom propre à l'état civil, de l'institution sociale à l'institution étatique», «des origines des noms de famille historiques au Maroc», de «la mobilité, religion, pouvoirs et anthroponymie: quelles hypothèses pour l'époque moderne». A titre des contributions données, hier, c'est «les maîtres d'école à Constantine 1840-1950, composante ethnique et identités onomastiques» qui se sont invités à la médersa grâce à Abderrahim Sekfali dont la communication, «at home», a particulièrement retenu l'attention et pour cause... tout autant que celle qui fut donnée par Michel Christol de Paris I, autour de «l'identité en Afrique romaine: pratiques institutionnelles, pratiques sociales». A noter que Badia Sahraoui de l'université Mentouri avec une communication sur «la construction de la mémoire coloniale dans l'espace public: de la rue au monument commémorant», s'est inscrit dans un effort de décryptage d'une importance cruciale. Sur un autre registre, Ouerdia Yermeche de l'ENS Alger donnera du sens, par son argumentaire précis et didactique, à la problématique soulevée par ce colloque - dont la thématique couvre, avouons-le, un domaine de recherche très large -, à travers l'exposé de sa communication intitulée «De la dénomination spontanée à une nomination imposée ou le passage d'une identité naturelle à une identité institutionnelle». De la mémoire à la formation identitaire, sans préjudice des critères d'identification modernes des empreintes digitales à l'ADN, c'est l'archéologie complexe «Du nom propre à l'état civil» qui est, sans doute, revisitée aujourd'hui à Constantine. Au menu de cette journée du 5 novembre, la faculté des sciences humaines et sociales accueillera à l'université Ali Mendjeli, Mourad Araar de Tunis au titre de sa communication intitulée «Les espaces tribaux dans la région du Tell: l'exemple des factions Hawwara à l'époque médiévale et moderne», Cyrille Aillet de Lyon 2 «Onomastiques, migrations, frontières: El Andalus et ses marges, etc. Une chose est sûre, les axes de réflexion et les ateliers retenus par ce colloque étant fort nombreux, il est loisible pour chacun de faire les choix pertinents en fonction de ses propres pôles d'intérêt.


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