Algérie

Du n'importe quoi, vraiment!



Du n'importe quoi, vraiment!
Mme de Fontenay prononça un discours pour y parler, à un moment, de... l'Algérie française. Rien que ça!!!A force de regarder les concours des miss, ailleurs, les nôtres ont d'abord cru que c'est une obligation que d'en avoir chez nous. Ensuite, ils sont convaincus qu'ils s'agit là d'un des moyens les plus sûrs pour arriver rapidement au développement économique et social du pays. Alors ils ont foncé.Un concours pour résoudre les problèmes de la jeunesse algérienneMais comment faire pour «faire boom»' Comment passer, tout de suite, maîtres dans l'organisation d'un tel concours' La ruse est vite trouvée. On fait appel à quelqu'un de célèbre et on lui donne l'image du pays entre les mains. On l'a déjà fait avec Maradona, vous souvenez-vous' C'était pour lancer la 3G. Ah, la fameuse 3G! Or, qui pourrait rehausser le concours national de Miss Algérie 2014, ce concours sans lequel nos universités resteraient les dernières au monde et nos hôpitaux continueront à être des mouroirs' Qui pourrait donner à notre concours de miss, du jour au lendemain, un niveau mondial, car nos génies ont dû certainement penser que sans un haut niveau, ce concours ne permettrait pas de hisserla compétitivité de nos entreprises économiques pour la rendre mondialement compétitive.Bien sûr, il n'y a pas meilleur que les maîtres et, lorsqu'on dit «Miss», la première personne à laquelle on pense, lorsqu'on a l'habitude de regarder ce genre de trucs, c'est la célébrissime Mme De Fontenay. Et c'est ainsi que nos organisateurs ont dû tomber des nues lorsque ladite dame avait accepté de parrainer ce concours. Ils n'en revenaient certainement pas, de joie, et ils avaient dû tourner dix fois autour de Riad El Feth en priant Dieu qu'elle ne revienne pas sur sa décision et aussi pour se convaincre de la certitude d'avoir, enfin, trouvé une nouvelle solution pour sortir nos malheureux jeunes du chômage qui les ronge, et d'aider au développement du pays. Et n'est-ce pas là une des plus grandes réalisations de l'Algérie indépendante' Oh que si! Parce que les grandes réalisations ne sont jamais anonymes, le concours devait obligatoirement avoir lieu en présence de ministres, de personnalités et de chefs d'entreprise. Chacun devant y trouver l'inspiration pour catapulter son secteur, son entreprise ou son domaine d'intérêt pour que l'Algérie, enfin, sorte de l'obscurité du sous-développement. Et, comme les grandes oeuvres ne se fêtent pas n'importe où, alors ce concours salvateur pour la jeunesse algérienne et pour l'Algérie devait absolument se dérouler au Hilton. Pourquoi pas' Hein'La gaffeNous avons encore, en tête, l'image de Maradona qui, en embrassant sa compagne, mit dans l'embarras deux ministres lors du dîner offert en son honneur pour le lancement de la 3G organisé par Mobilis. C'était en 2003 et c'était au... Hilton aussi. Eh bien, cette fois aussi, cela s'est reproduit. Pas le geste, mais la gaffe. Cela s'est reproduit lorsque Mme de Fontenay prononça un discours pour y parler, à un moment, de... l'Algérie française. Rien que ça!!! Bien sûr, la ministre qui était là, ainsi que quelques personnalités et chefs d'entreprise quittèrent rapidement les lieux comme s'ils venaient de se rendre compte, soudain, qu'un concours de Miss Algérie n'était pas absolument nécessaire au développement du pays. Comme s'ils venaient de se rendre compte d'une farce ou de quelque chose qui y ressemble. Bien sûr, l'oratrice venue parrainer le concours essaya d'esquiver ses propres bêtises en soutenant avec force qu'elle avait dit autre chose. Bien sûr, le comité d'organisation du concours Miss Algérie 2014, par la bouche de son président, essaya de minimiser les dégâts. «Ce n'est pas ce qu'elle a dit» affirme Fayçal Hamdad. «Elle a fait des éloges au début et à la fin de son discours elle a fait un lapsus! Le contexte de son discours, ne faisait pas allusion à cette phrase.» Comme s'il suffisait de faire des caresses au début et à la fin du discours pour se permettre de dire n'importe quoi au milieu. Vraiment! Pour ne pas demeurer en reste, le ministère de la Jeunesse qui avait cru lui aussi offrir une occasion en or de développer le pays en accordant une autorisation d'organisation d'un concours Miss Algérie, s'est aussitôt manifesté pour demander à ce qu'il y ait «un retrait de l'autorisation à l'organisateur». Si l'on retire l'autorisation d'organiser ce concours, comment devait-on donc procéder pour extirper nos jeunes du terrible chômage qui ne savent plus où donner de la tête' Et comment comptons-nous développer le pays pour qu'il puisse «trouver sa place dans le concert de nations» comme on disait durant les années 1970 et celles qui les suivaient' Du n'importe-quoi, vraiment, du n'importe-quoi! Comme si seul le concours de Miss Algérie nous manquait par-là, c'est-à-dire sur ce trottoir infect de l'humanité. Ce trottoir qui a vu le virus Ebola progresser outrageusement dans des pays où, parfois, il n'y a rien à manger à l'exemple de ce jeune, atteint du virus, qui avait dû s'enfuir de l'hôpital pour aller tenter de chercher au marché de quoi se nourrir. C'est sur ce trottoir que nous ont maintenus ceux qui ne savent rien de la gestion d'un pays et qui, lorsqu'on leur parle de culture, donnent le coup de sifflet pour entamer les danses folkloriques des décennies durant alors que lorsqu'on leur parle de développement et d'économie, ils se mettent à calculer le nombre de murs élevés autour des universités. Comme si le nombre de murs faisait le développement et comme si le concours de Miss Algérie faisait la «bonne» culture. Nous sommes classés derniers partout, dans tous les domaines et, au lieu d'organiser des concours du meilleur innovateur, de la meilleure entreprise, et toutes ces choses qui font motiver les gens au travail, tout heureux, nous organisons des concours de miss que nous veillons bien, ensuite, à gâcher. N'importe quoi, vraiment.




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