Algérie

Du Maroc à Marseille via Alger La route du cannabis marocain



«L'essentiel de la résine de cannabis consommée en France provient du Maroc», indique un rapport de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), intitulé « Cannabis, données essentielles », récemment mis en ligne. « Sur les 83 tonnes saisies en France en 2005, près de 57 l'ont été à bord de camions pour un poids moyen par véhicule d'une tonne et demie » provenant d'Espagne et donc du Maroc. Le document précise que « près des trois quarts du cannabis revendu en France par les réseaux de trafiquants proviennent de grossistes appartenant au grand banditisme implantés en Espagne (en 2005, 73 % du total des saisies) ». Le reste du cannabis saisi en France « est acheté directement au Maroc et, dans une moindre mesure, en Belgique et en Algérie », ajoute le rapport. Les quantités provenant d'Algérie, atterrissent au port de Marseille qui « est une porte d'entrée non négligeable de la résine de cannabis sur le territoire français » qui « provient d'Alger après avoir été transportée du Maroc en Algérie par voie terrestre ». Quant à l'herbe de cannabis, elle « provient essentiellement du nord de l'Europe ». Les Pays-Bas et la Belgique étant les « deux sources d'approvisionnement principales » d'herbe. Ces deux pays comptabilisent « près de la moitié de la quantité totale d'herbe saisie » en France. Les chiffres des saisies placent la France « au deuxième rang de l'Union européenne en termes de saisies derrière l'Espagne ». Sur un total de 806 tonnes de résine de cannabis saisies en Europe, 670 tonnes ont été interceptées en Espagne et 83,5 tonnes en France ». Sur ces 83,5 tonnes, 10,5 t proviennent du Maroc et 61 t de l'Espagne, et « donc indirectement du Maroc » commente le rapport. La résine marocaine emprunte les grands ports du royaume, en particulier « Agadir et Casablanca sur la côte atlantique ; Tanger et Nador sur la façade méditerranéenne ». Se basant sur les interpellations, le rapport aborde également les caractéristiques des réseaux locaux de trafic ». Citant une étude effectuée en 2001 par l'Institut national de la santé et de la recherche médical (INSERM - France), le rapport classe les réseaux de trafiquants en trois catégories. Des « réseaux fondés sur la coopération familiale associant les parents, les enfants voire les cousins », d'autres « fondés sur une logique «entrepreneuriale» », et des « réseaux dits de «proximité» » qui s'organisent à partir d'un fournisseur (semi-grossiste). Le rapport traite également des « modalités d'acquisition » chez les consommateurs, de l'autoculture d'herbe de cannabis, et des prix pratiqués. Sur ce dernier point, le prix moyen (obtenu auprès de consommateurs) constaté en France en 2004 et 2005 d'un gramme de résine de cannabis est de 3,9 euros contre 5,4 euros pour l'herbe. L'étude révèle aussi que le budget mensuel consacré en 2006 par un consommateur régulier de cannabis varie de 80 et 150 euros. Quant au chiffre d'affaires annuel de la vente de cannabis en France il est estimé à 832 millions d'euros. Le Maroc détient le triste record du tiers de la production de résine de cannabis dans le monde, indique le rapport qui précise également que « 80 % de la résine fumée en Europe provient du royaume chérifien ». Selon cette même étude, la valeur marchande de la production marocaine du cannabis « entre l'achat initial au producteur et la revente au détail au consommateur final » est évaluée par l'ONU à « près de cinq milliards d'euros en 2005 ». « Le cannabis est de loin la drogue illicite la plus consommée et la plus disponible en France ». Du point de vue de la consommation, l'enquête révèle que la France se place « à la tête de l'Europe ». Parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans, « trois sur dix déclarent avoir déjà consommé » du cannabis. « La part de la population ayant été en contact avec la substance » est estimée à près de 46 %. La gent masculine est, de loin, la plus grande consommatrice de cannabis. Sur 4,8% de consommateurs (par mois) parmi les 15-64 ans, 7,3 % sont des hommes et 2,5 % sont des femmes. Quant aux 2,8 % des usagers réguliers, 4,3% sont des hommes et 1,3% des femmes. Et parmi les 1,3 % de consommateurs quotidiens, la proportion est de 2,0 % contre 0,5%.       La situation sociale, professionnelle et le niveau d'instruction sont des facteurs influents (positivement ou négativement) dans la consommation. L'étude constate que « les personnes sans emploi, ou avec un cursus scolaire court ou difficile, présentent des niveaux d'usage généralement supérieurs à celles dont les positions sociales ou le statut professionnel sont plus favorables ». Exception faite des « cadres (qui) s'avèrent plus souvent consommateurs réguliers que les ouvriers ». Mais, de manière générale, les plus diplômés sont « moins souvent consommateurs réguliers ». En 2005, 10,8 % des jeunes de 17 ans déclarent consommer de façon régulière et 5,2 % quotidiennement. Le rapport fait état également d'un usage « précoce » puisque durant la même année, « 12,8 % des expérimentateurs ont fumé leur premier joint au plus tard à 13 ans, 58,4 % à 15 ans et 90,3 % à 16 ans ».




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