Algérie

Du kif contre du cuivre et des produits subventionnés



Du kif contre du cuivre et des produits subventionnés
Après les mesures draconiennes prises par les pouvoirs publics pour contrer le trafic, la contrebande connaît une nouvelle carthographie qui est encore plus préoccupante que sa précédente.Ni la tranchée de six mètres de profondeur et quatre mètres de largeur, ni les mesures répressives, ni les moyens modernes utilisés pour la surveillance de la frontière-algéro-marocaine, ni les moyens humains étoffés mobilisés pour cette surveillance ne sont arrivés à éradiquer le phénomène de commerce illégal...Bien au contraire. Si auparavant celui-ci touchait principalement les produits agricoles, l'habillement, l'électroménager ou le carburant, maintenant les tendances s'adaptent aux nouvelles mesures, et les contrebandiers se sont davantage organisés autour d'un créneau ciblé très risqué, mais qui rapporte bien plus. Ainsi, les petits contrebandiers, qui faisaient dans le trafic de carburant et les autres créneaux softs, se sont reconvertis principalement dans le trafic de déchets de cuivre, de produits nationaux subventionnés, et surtout dans le trafic de kif, voire le trafic de drogue dure. «Je faisais dans le trafic de carburant, j'arrivais à peine à subvenir aux besoins de ma famille. Maintenant avec les nouvelles mesures, ce créneau ne fait plus vivre et je suis obligé de prendre le risque dans le trafic d'autres produits pour subvenir aux besoins de ma famille. Je ne sais faire que ça depuis mon plus jeune âge», nous confie ce père de famille de 33 ans, de Souani dans la daïra de Bab El-Assa, avec qui, vivent les parents et une s?ur. La chose que les observateurs trouvent la plus paradoxale est que la quantité de marchandises qui traverse la frontière, est devenue encore plus importante au lendemain des nouvelles mesures. Pour les produits qui sont prisés par les Marocains, principalement les produits subventionnés, des milliers de litres d'huile de table ont été saisis par les différents corps de sécurité, et des quantités faramineuses ont traversé la frontière selon le témoignage d'un Marocain de Beni Drar, un pôle où convergent les commerçants de l'Est marocain pour s'approvisionner en produits qui partent d'Algérie. Le déchet de cuivre, qui n'en est pas un, car ce n'est finalement que le produit de vols de câbles téléphoniques et électriques, est l'autre produit que les Marocains payent au prix fort. Ces nouvelles mesures ont engendré des réseaux bien structurés pour le vol de cuivre, sa collecte et son exportation illicite vers le Maroc. Les deux dernières saisies de la semaine écoulée de plus de quatre tonnes de cuivre, dénotent bien de l'importance de ce trafic qui présente une sérieuse saignée pour l'économie nationale, et qui selon des témoignages, n'alimente pas uniquement les artisans marocains, mais bien plus grave. «le principal collecteur des déchets de cuivre qui proviennent d'Algérie est un juif. La destination de la marchandise, je l'ignore», témoigne cet habitant d'Oujda, très ancré dans le domaine de la contrebande. En contrepartie, c'est le produit du principal pôle de production de kif qui est Ketama, située non loin de nos frontières, qui s'abat à coups de tonnes sur notre pays. Les chiffres sont effrayants, plus de 71 tonnes de kif ont été saisies depuis le début de l'année en cours. Lorsqu'on sait que la production de ce pôle tourne autour de 100 000 tonnes et que l'Espagne a mis en branle des moyens très sophistiqués pour boucler le passage au stupéfiant vers l'Europe, l'on comprend bien qu'il y a urgence. A l'état actuel des choses, où toutes ces marchandises traversent la frontière malgré la tranchée et les autres grands moyens, les cartels dont l'aile marocaine est composée surtout de narcotrafiquants nationaux qui font l'objet de mandats d'arrêt et qui se sont refugiés au Maroc qui les protège, risquent de les consolider davantage et s'enchevêtrer, ce qui les rendrait encore plus puissants et influents, et donc menacer la stabilité nationale. Il est donc très urgent que les failles qui rendent notre frontière poreuse soient détectées puis colmatées.




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