Algérie

Du fait divers à l'escroquerie


Il faudra peut-être se pencher sérieusement sur ce qui aété considéré jusqu'ici comme un simple fait divers, ou encore une formecaricaturale d'émigration clandestine qui va se consumer avec le temps et àlaquelle on continue malheureusement à opposer presque de l'agacement, quand cen'est pas un simple haussement d'épaules.Mais la triste réalité d'un véritable phénomène de sociéténous saute, avec de plus en plus d'agressivité, à la figure au rythme d'unlestage aujourd'hui pesant et allant crescendo, autant dans ses causessocioéconomiques plutôt problématiques que dans ses effets dramatiques sur lajeunesse et le pays.L'arithmétique est là pour signifier à ceux qui continuent,contre tout bon sens, à mettre la harga dans le registre pertes et profits, quece phénomène est en train de réorganiser sournoisement, et irrésistiblement,les rangs d'une jeunesse autour de nouveaux repères que s'est appropriés unevéritable industrie sans foi ni loi. Une industrie devenue en Algérie un refugepour les parasites et les prédateurs de tout acabit.Quand on sait qu'une embarcation de fortune coûte labagatelle de 80 millions de centimes, pour un infime pourcentage des deuxmilliers de harraga bravant la mort, que le président de la République lui-mêmeavait officiellement comptabilisés il y a de cela six mois déjà, l'on comprendpourquoi les côtes espagnoles et italiennes obnubilent aujourd'hui l'espritd'une grande partie de notre jeunesse.« A beau mentir qui vient de loin », dirions-nous. Cartoute une faune, allant du fabricant improvisé de chaloupes sommaires, enpassant par les trabendistes en appareils GPS, boussoles, gilets de sauvetage,jusqu'aux réseaux de plus en plus denses de passeurs, donne cette imageidyllique d'un ailleurs plutôt écouté comme un chant de sirènes de ce côté-cide la mer.Cette escroquerie, on ne peut l'appeler d'ailleursautrement, étant dit qu'elle fait exclusivement l'affaire de véritables maffieuxavec un superbe mépris de la vie humaine, commence en effet à devenir uneaffaire de gros sous. N'est-ce pas que les recruteurs et les rabatteurs sontaujourd'hui plus nombreux que les jeunes volontaires à la harga ? Et l'on esttenté d'assimiler l'évolution de ce phénomène à celle de la drogue et de laprostitution, puisque ses principaux animateurs empruntent leurs méthodes auxdealers et aux proxénètes pour faire fructifier leurs affaires.Rappelons que le président de la République avait mis ledoigt sur cette plaie en déclarant, notamment à l'inauguration de la dernièreréunion gouvernement-walis, «que c'est une situation tragique en continuelleascension qui illustre toute la gravité de la crise de la jeunesse». Mais ceci pourmieux interpeller le gouvernement et les collectivités locales à prendre lesmesures nécessaires destinées, comme il le soulignera au trait noir, « à mettreles jeunes à l'abri de leur utilisation à des fins criminelles ».


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