« Lorsque Bernard
Kouchner affirme à qui veut l'entendre que le droit d'ingérence équivaut à
l'obligation d'assistance à personne en danger, comme il vient de le répéter,
lors du meeting sur l'Algérie, à la Mutualité, dans la capitale française.
Cette forme de militantisme teinté
d'opportunisme nous rappelle que le chemin de l'enfer est pavé de bonnes
intentions. Lorsqu'en 1830, les Français débarquèrent chez nous, n'avaient-ils
pas prétendu, entre autres, qu'ils agissaient de la sorte pour assurer la
sécurité de navigation en Méditerranée... Certains avaient même la pieuse
intention de christianiser les païens que nous étions censés être.
Durant sept
années de guerre atroce, lors de notre lutte de libération, les Guy Mollet et
bien d'autres n'affirmaient-ils pas aux troufions que ces derniers allaient au
casse-pipe pour protéger la population indigène contre ces «barbares» de
fellagas ?
Autre chose.
L'Algérie ne pouvait approuver l'invasion du Koweït par les troupes de Saddam
Hussein tout simplement parce qu'elle était signataire de la charte de l'OUA,
portant sur l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Cela ne
nous empêche pas de nous poser des questions.
Pensez-vous
sincèrement que la coalition des plus grandes armées du monde contre l'Irak
était motivée par le seul souci de protéger un petit pays contre un voisin plus
puissant ? Ne pensez-vous pas que le terrible embargo actuel, au-delà de la
punition infligée au vaincu, vise surtout à « servir d'exemple » à l'ensemble
des pays du tiers-monde qui oseraient se doter d'armes de dissuasion, au même
titre qu'Israël par exemple ?
Les grands de ce
monde doivent vous applaudir, monsieur Kouchner, tout en riant sous cape.
Si vous vous
souvenez du voyage à New York du président de la République de votre pays, lors
de la célébration du 50e anniversaire des Nations unies, vous devez vous
rappeler de la réponse de M. Chirac à un célèbre journaliste de la TV
américaine qui lui reprochait de préserver la puissance nucléaire de l'Hexagone
alors que le bloc communiste ne constituait plus un danger. »Qui vous dit que
demain, en Russie ou ailleurs, il n'émerge pas un petit Hitler ?», répliquera
très justement le chef de l'Etat de votre pays.
Au moment même où
une quatrième ville de France vient de tomber démocratiquement (1987-2005) sous
la coupe du Front National (Vitrolles), qui peut affirmer que demain M. Le Pen
ne présidera pas aux destinées de votre pays ? Dans ce cas, n'avons-nous pas
des raisons de nous inquiéter, même si ce fasciste agissait au nom de son
peuple ?
Votre droit
d'ingérence ressemble trop au prétexte du loup de la fable, qui veut à tout
prix dévorer l'agneau, et nous ne voulons pas être des agneaux. Votre droit
d'ingérence nous impose un droit de méfiance.
Votre principe
est à double tranchant. Nous sommes bien placés pour le percevoir. Si vous
voulez vraiment assister des personnes en danger, unissez vos efforts à ceux
(encore peu nombreux) qui se battent pour un nouvel ordre mondial, débarrassé
de la tyrannie qu'impose actuellement la haute finance internationale.
Solidaires, faisons nôtre la belle devise de votre pays : LIBERTE, EGALITE,
FRATERNITE.
(Il y a déjà une vingtaine d'années...
Réaction, après l'intervention de ce monsieur lors d'un meeting sur l'Algérie,
jugé opportun pour casser du sucre sur notre pays, en présence, hélas, de
certains compatriotes que l'avenir jettera dans la poubelle de l'histoire)
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Posté Le : 11/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Arabdiou
Source : www.lequotidien-oran.com