Algérie

Du discrédit politique à l'aseptisation de la société : L'alternative démocratique exclue des débats



Beaucoup de bruit sur les vraies ou fausses intentions des dirigeants de ce pays, visibles ou tapis dans l'ombre. Depuis plus d'une année et plus particulièrement ces derniers mois, toute la classe politique est tenue en haleine par les soubresauts du palais. On scrute les moindres faits et gestes des représentants du pouvoir.On dissèque et interprète leurs déclarations et on s'efforce à leur donner un sens politique. La question centrale à laquelle on veut trouver une réponse est celle de la «continuité» avec ou sans le président Bouteflika. Le débat ou les discussions sont axés sur cet aspect devenu, par la force des choses, primordiale pour la suite des événements.
Le pouvoir, à travers ses relais à tous les niveaux, a réussi à ramener le débat politique à sa «cour» et donc à l'orienter selon son propre agenda caché. Tous les regards sont ainsi focalisés sur ce que prépare le pouvoir dans sa «cuisine interne», sur celui qui prendra le dessus sur l'autre?
Dans ce charivari politique, on n'entend pas parler de l'opposition. Ecrasée, divisée, déstructurée, réprimée, l'opposition n'a pas voix au chapitre. Le pouvoir impose sa feuille de route et fixe les termes du débat sur la conjoncture actuelle. On limite donc le choix à un Président impotent ou un successeur maison. Un «choix» qui n'est bien entendu pas le fruit d'un débat public ni de consultations avec toutes les forces agissantes de la société. Incapable, pour une multitude de raisons, de former une seule «équipe» pour atteindre des objectifs communs, l'opposition semble perdre sur tapis vert. Les voix disparates de partis qui réclament le changement deviennent inaudibles dans le brouhaha politique provoqué par les «intendants» du pouvoir.
Aujourd'hui, on ne parle ni d'une Assemblée constituante chère au Parti des travailleurs, ni de la deuxième République réclamée par le FFS, ni d'une transition démocratique pacifique demandée par le RCD et d'autres formations démocratiques. Il n'y a donc aucune alternative démocratique mise sur la table.
Ayant longtemps travaillé contre l'émergence du moindre contre-pouvoir en discréditant l'acte politique et en aseptisant la société, le pouvoir joue donc aujourd'hui en solo, même s'il fait face à des fausses notes générées par ses propres contradictions internes. En éliminant l'opposition de la gestion de la situation de crise qui secoue le pays, le pouvoir court le risque de perdre le contrôle de la société qu'il a l'habitude de gérer et d'apaiser par la rente pétrolière qui s'épuise graduellement. Les alertes sont régulièrement données par des personnalités politiques et même par des figures militaires à la retraite, qui insistent sur l'urgence d'aller vers une véritable alternative démocratique qui ne pourrait être concrétisée qu'en donnant la parole au peuple.
«La problématique politique algérienne n'est pas réductible à une opposition entre adversaires et partisans de Bouteflika. Elle se rapporte au devenir d'un pays. L'expérience malheureuse de ces dernières décennies doit suggérer une réflexion profonde et globale», a souligné Djamel Zenati, dans une tribune publiée dans les colonnes d'El Watan, rappelant dans ce sillage une phrase contenue dans le message de l'ancien président Liamine Zeroual, à la veille de l'élection présidentielle de 2014 : «Il faudra surtout retenir que le prochain mandat présidentiel est le mandat de l'ultime chance à saisir pour engager l'Algérie sur la voie de la transition véritable.» Autrement dit, le pays n'est pas condamné et il y a des voies pour le sortir de cette crise et le mettre sur le chemin de la démocratie.


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