Le célèbre
moraliste La Bruyère
reconnaît l'homme d'esprit du sot en regardant tout simplement leurs allures et
leurs démarches. Chez nous, l'homme d'esprit admet que la mémoire qui
sauvegarde l'éducation dans nos écoles est défaillante. Passant près d'une
école, il remarqua que les allures et les démarches des gens se ressemblent.
Perdu dans les
contrariétés des comportements civiques, il s'arrêta pour demander aide à un
sot sortant de cette dernière. Le sot lui répondit « Désolé, je ne sais quoi
faire quand l'éducation s'efface de ma mémoire, de plus ma raison politique ne
me permet pas d'assister en urgence une personne hors de cette l'école qui n'a
pas la même démarche que la mienne». En entrant àl'école,
il entendit un maitre discuter et commenter avec ses
collègues la phrase suivante « A l'école nationale de démagogie, un sot
s'assied toujours comme undébile mental et ne se lève
jamais comme un homme d'esprit ». La discussion était bien intéressante. Elle
vaut bien ce débat. Les deux mots grecs démos et agôgos
nous donnent le fameux mot démagogue. Le démagogue est celui qui conduit un
peuple par des concepts malicieux. C'est cette qualité horrible qui attribue à
ce mot une connotation dévalorisante. La dévalorisation ne dégonfle pas les
sots qui gèrent nos écoles par les flatteries pompeuses et régentent nos
universités par un laïusse politiquement velouté. Monsieur démagogue est devenu
noble chez nous. Il s'appelle M. De Magog. Monsieur De Magog est très sordide,
il exploite le mécontentement de la houle populaire et utilise la mélodie de Chab Mami pour calmer les chahuts
de nos gamins. Il prétend que l'éducation dans nos institutions est
informellement française et avoue que son application est « cosmétiqua-égyptienne».
M. De Magog éduque nos enfants dans un lieu où parfois kif et d'opium se
mélangent. Mais quel sens faut-il donner au verbe «éduquer» lorsque les
stupéfiants deviennent des faits banaux et la débrouillardise provisoire fait
outil de succès dans le temple du savoir? La légitimité des délits veut
qu'après une éducation stupéfiante, nos enfants sachent chanter et danser mais
ignorent la méthode du raisonnement correcte. Notre école a tellement réussi
que l'homme de la rue a inventé cet affreux barbarisme pour caractériser le
niveau de nos enfants (analphabètes trilingues). Mais on oublie quand on est
analphabète on n'écrit aucune langue, le qualificatif qui suit ce mot est
superflu. La faiblesse de notre école développe l'anarchie. L'anarchie enfante
la misère. La misère est la mère de tous nos vices.
Le 9 juillet
1849, Victor Hugo, qui avait demandé un débat sur le problème de la misère,
monte à la tribune de la
Chambre des députés dans un silence de cathédrale. 650
députés étaient en séance. « Messieurs, songez-y, c'est l'anarchie qui ouvre
les abîmes, mais c'est la misère qui les creuse. Vous avez fait des lois contre
l'anarchie, faites maintenant des lois contre la misère !» N'est pas Victor
Hugo qui veut, certains apprécient mal leur valeur réelle et gonflés par leur
mégalomanie politique se font prendre pour des rois dans le royaume des
aveugles. On n'est loin du vieil adage: A chacun son métier et les vaches
seront bien gardées. Qui parmi nos élus possède le courage et la sincérité
d'entamer un tel débat ou de faire un discours politique honnête et droit pour
reformer l'éducation de nos enfants. Certains de nos élus s'aveuglent dans le
luxe malhonnête et d'autres observent les citoyens moisir dans l'anarchie et la
misère et ne prêtent pas attention. Pauvres électeurs, le ciel a verrouillé ses
portes. L'Eternel n'envoie plus ses présages et encore moins ses sherpas pour
contrôler l'activité de nos sacrés élus. En 1849 en France la feuille de
présence des élus indiquait 650 députés en séance. Combien de députés sont en
séance pour débattre notre destinée politique un siècle et demi après Victor?
L'absentéisme politique chez nos élus au moment voulu n'est pas fortuit.
Quelques mains levées et plusieurs sièges vides exaltent le beau spectacle
démocratique de si Salah! Le sérieux algérien est à l'image de nos députés et
nos sécateurs. Je m'excuse, je voulais dire sénateurs. Dans un pays dit
musulman, certains élus respirent l'air parfumé importé de Paris alors qu'une
grande partie du peuple est asphyxiée par le fumier d'une bureaucratie puante.
L'avenir délicat
de nos enfants «dans la démocratie de façade » n'est en réalité qu'un reflet
d'une situation plus sombre et plus dangereuse que celle des années noires.
C'est bien dommage qu'un pays remarquable par sa nature, riche par son
sous-sol, embelli par son capital humain très jeune et célèbre par sa
révolution, se noie dans la gestion du couffin social de Ramadan. Une longue
queue, un bruit inutile et les insultes accompagnent le coup-fin
de la honte. Certains dénoncent et crient à haute voix«
pourquoi tout ce chichi alors que le spectacle politique dégrade notre école et
la voyoucratie humilie notre dignité. Un monde fou et faux aux funérailles
d'une souris blanche décédée non loin de Tlemcen est le qualificatif de ce
bricolage économique emballé dans un couffin dilapidé et mal mérité »
Dans ce
cafouillage politique, certaines personnes aiment porter des titres pompeux et
occuper l'écran plasmatique pendant le mois sacré. Un cheikh ignorant se nomme
savant des savants dans un temple marbré de politique de garniture. Un autre
charlatan se baptise professeur anesthésiste pour une jeunesse très éveillée.
La manie des medias traduit cette nouvelle extravagance et cette excentricité
qui se distinguent par les oripeaux de la science et les serpillères
de la politique exposés aux feux de la rampe. Devant cette situation on reste
perplexe. Les spectacles des coups-fins pendant le
mois de jeûne illustre bien la dignité algérienne. Trois milles balles et
tais-toi devient un geste auguste sur un sol pétrolé.
Nous avons besoin
d'un Victor Hugo pour faire le constat de notre anarchie. Les marchands de
melon et les boutiquiers de colza façonnent l'anarchie et découpent l'éducation
en costumes transparents pour nos enfants. Sommes-nous réellement des musulmans
ou tout simplement des robots hypocrites qui s'attroupent face aux caméras dans
une mosquée bien choisie pendant les occasions religieuses? Sommes-nous des
automates sans foi et sans loi qui ne gagnent qu'hypocrisie cryptée de faim et
de soif durant le mois de carême? Au royaume de l'absurde et des miracles la
longévité en poste politique est une coutume incontestable. Chez nous
l'incontestable longévité politique notifiele défi et
le traduit par la crainte d'un lendemain calvaire.La
chanson « au-delà de mon hip-hop politique c'est l'enfer » vaut bien une
illustration FLN. Parfois l'enfer dans la dignité fait la bonne demeure pour
les braves. Un plat de colza et une tranche de melon comme dessert au paradis
du naturaliste belge reflètent la rusée éternelle dans la glace politique
algérienne.
En 1805, le
naturaliste Belge M.Aprilfool « inventa » malgré lui
un nouveau fruit bien connu, le melon. Le croisement du concombre et la
pastèque a donné ce fruit délicieux. Un animal
hibernant transporteur de pollen est à l'origine de cette invention. Le hasard
fait bien les choses. De la même manière, le pollen de la courgette de
Tizi-Ouzou déposé sur le pistil de la pastèque de Laghouat produit une nouvelle
plante hybride: le melon politique de chez nous. En politique botanique, les idées
du nouveau FLN déposées sur le pistil de son fils ainé
le RND ont produit un melon de marque hip-hop.
La technologie
dans le domaine de la génétique politique est très complexe chez nous. Le
croisement du navet de Tébessa et du chou de Jijel donne le colza politique
actuel. Un comédien algérien spécialiste dans la transposition politique nous
informe du changement possible dans le futur proche et confirmeses
idées créatrices par une permutation amuseuse « la permutation du S du MSP avec
le T du PT nous donne deux nouveaux produits: Le MTP (Mouvement des
Travailleurs Paresseux) et le PS (Produit de Synthèse). Les idées du MTP
mélangées aux concepts du PS nous donnent un colza de label hop-hip.
». Le hip-hop et le hop-hip composent la mélodie de
la dance naïly du trio
politique. Pour jouer cette mélodie nous avons besoin d'un animal transporteur
de pollen. Cet animal hibernant, aujourd'hui disparu d'Europe (le dernier
spécimen vivant ayant été observé à proximité d'Edinburg
- Écosse – en 1953, une année avant la révolution algérienne). En Afrique, cet
animal persiste au darwinisme. Il vit encore et se nomme M. De Magog. Chez nous
M. De Magog se nomme top politique au lieu de taupe boulimique. Cette taupe
navigue entre le hip-hop et le hop-hip.Le lexique politique
démontre que M. De Magog diffère de M. pédagogue. Le terme pédagogue possède la
même racine latine et signifie « guide d'enfants » (du grec paidagôgos).
Un pédagogue est un éducateur qui éclaircit les idées dans les esprits des
gamins qui lui sont livrés. Il les éduque par une formation progressive. Cette
formation leur permet de développer une capacité intellectuelle qui les mène à
décider par eux-mêmes de leur propre avenir. Après éducation solide les gamins
arrivent à distinguer le top politique de la taupe boulimique.
Hélas ! On ne
s'improvise pas Victor Hugo, on le devient après un dur labeur. Mais de nos
jours les escrocs « magots » se sont installés dans les temples du savoir et
dans les zaouïas de culte.Il y a pire, nous sommes
entrés de plain-pied dans la civilisation du paraitre,
celle de l'être s'est éclipsée et nous vivons dans un monde de (sous) culture
spéciale. Le paraitre et l'avoir ont chassé l'être.
Les feux d'artifice font spectacle dans le royaume des aveugles. Même
l'université est devenue un lieu de hip-hop. Dans certaines universités nous
vivons le temps d'escroquerie intellectuelle. Une époque ou n'importe quel
farfelu essaye de nous faire prendre des vessies pour des lanternes et propose
de faire de l'Algérie une ile dorée comme son nom
l'indique. Le pays de cocagnes est devenu l'Eldorado tribal des ‘ Béni-Yes' !
Brume et
brouillard entourent le métier d'éducateur, de nos jours il est devenu
difficile de distinguer la graine de l'ivraie. Enseigner aujourd'hui à
l'université c'est la croix et la bannière. Faute d'échelle des valeurs, seuls
les étudiants sont en mesure d'apprécier la valeur de leurs enseignants.
Dans certaines
universités, le vrai scientifique est humble et sérieux dans son travail,
d'ailleurs il considère celui-ci comme un sacerdoce. Son humilité, sa sagesse
et sa simplicité le protègent des agissements des escrocs qui ont occupé le
temple de la science et lui servent de carapace pour vivre dans un monde
austère ou l'aridité et la sécheresse scientifique font ravage. L'homme de
science chez nous devient ermite «zouhdi ». Chez lui,
il fréquente ses auteurs favoris et s'enferme dans sa tour d'ivoire. Le
satellite et internet escortent sa solitude.
Notre Université
est devenue une institution qui n'a de scientifique que le nom. Dans les grèves
politiquement visqueuses, elle patine en adéquation avec les exigences du temps
moderne. Alors que le capital humain est devenu la clef du développement
économique et l'édifice sur lequel se bâtissent les civilisations, M. De Magog
a clochardisé l'éducation et nos universités sont devenues plus des usines à
diplômes (dévalorisés) que des espaces ou se forme l'homme qui relève le défi
technologique et économique du 21e siècle.
L'expérience nous enseigne que l'université
est le fief des têtes pensantes. Mais chez nous, dans le pays des miracles, il
s'agit plutôt des têtes « penchantes». Descartes n'est pas algérien, ce n'est
plus je pense donc je suis, mais je me penche (je fais des courbettes pour le
dire en plus clair) donc je suis.
Oui tel le sphinx
l'espoir finira toujours par renaitre de ses cendres.
Les propagateurs des ténèbres ont voulu faire tomber notre cher pays dans la
vassalité politique, économique et religieuse. Les assassins de la raison ont
mis à sac nos écoles. La corruption a sclérosé l'esprit des citoyens et a
détruit une jeune nation qui cherchait à se frayer un chemin vers la modernité,
la stabilité, la justice et la fraternité.
En conclusion :
dans ce microcosme enveloppé par la « tchipa »
avancée, le barbarisme et l'égoïsme extrémiste, il y reste quand même une lueur
d'espoir dans le pays, ce sont ces nationalistes qui travaillent à l'ombre en
dehors de feux des projecteurs et qui maintiennent le souffle de l'intelligence
empêchant celle-ci d'être anéantie par les ténèbres rampantes qui ont obscurci
ces dernières années le ciel de la raison.
*Professeur
Associé Génie des Procédés
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 11/08/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Omar Chaalal*
Source : www.lequotidien-oran.com