Que peut-on retenir de l'année 2018 sur le plan des libertés sur le sol de Béjaïa sinon des épisodes d'atteintes incessantes qui ont maintenu en alerte l'opinion : interdiction de conférences, arrestation de militants, répression d'une marche, censure de films, fermeture de lieux de culte catholique.Le volet religieux du dossier des droits humains a été ouvert pour s'inscrire en contradiction avec la liberté de culte consacrée par la Constitution. Le 17 mars, 27 Ahmadis, dont cinq femmes, ont été arrêtés et accusés de pratiquer un autre islam que celui reconnu par l'Algérie.
La semaine dernière, la cour d'appel de Béjaïa a confirmé la peine de six mois de prison avec sursis prononcée le 29 mai par le tribunal d'Akbou.
Mais cette affaire n'a pas fait grand bruit, comparée à celle de Merzouk Touati. La condamnation du blogueur à 7 ans de prison ferme pour une interview web avec un ex-officier israélien a été le fait qui a le plus noirci le chapitre des droits humains. L'affaire Merzouk Touati a pris toute sa dimension en 2018.
L'année a débuté par une grève de la faim que le détenu avait entamée un mois plus tôt à la prison de Oued Ghir. Le 24 mai, est prononcée sa condamnation en première instance à 10 ans de prison, un lourd verdict qui a alerté aussitôt des défenseurs des droits humains.
Une avalanche de rassemblements, de dénonciations et de soutiens est déclenchée dès le mois de juin : le 2 à Aokas, le 6 sur la placette Saïd Mekbel, le 17 à Chemini, le 18 à Tazmalt, le 19 à Semaoun et le 20 à Amizour. Le procès en appel est organisé le 21 juin sur fond d'une tension perceptible.
Le rassemblement organisé devant le tribunal est violemment réprimé par la police. La cour a réduit la condamnation à 7 ans de prison, ne réduisant en rien la colère des militants mobilisés. Merzouk Touati enchaîne les grèves de la faim, écrasé par le sentiment d'injustice.
Dans son combat pour la libération de son fils, la mère du détenu est propulsée au-devant de la scène et prend part aux manifestations de rue. Le 19 juillet, «Nuit blanche artistique» à la placette Saïd Mekbel. Le 26, «Nuit des libertés» à Aokas, une ville fidèle à son engagement militant.
Le 29 du même mois, un groupe de militants déplace la protestation jusqu'au-devant de la prison de Oued Ghir. Les places symboliques sont investies, ce qui a dicté la tenue d'un sit-in sur le site même du Congrès de la Soummam, à Ifri, le 20 août. Rien ne fait fléchir les fidèles à la cause.
Dix jours après le transfert de Merzouk Touati, le 10 novembre, vers la prison de Blida, une «marche des libertés» a été initiée par le comité ?uvrant pour sa libération. La répression policière a encore une fois frappé, mais des dizaines de personnes ont réussi à tenir un sit-in.
Quatre jours plus tard, des citoyens d'Aokas ont fait de même sur la place Katia Bengana. Ces ressacs citoyens ont traduit une détermination infaillible pendant toute l'année 2018, qui a abouti à une grande marche des libertés tolérée et réussie le 10 décembre dernier dans les rues de la ville de Béjaïa. Elle a été la dernière action de rue dédiée à Merzouk Touati en 2018.
Elle a ponctué un parcours qui risque de ne prendre aucun répit en 2019, en attendant que la Cour suprême réponde au pourvoi en cassation, ou que l'on décide de la libération du jeune blogueur.
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Posté Le : 30/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K Medjdoub
Source : www.elwatan.com