Algérie

Droits de l'Homme : l'Algérie sous pression


Frileux à toute remarque sur la question des droits de l'Homme, notamment lorsqu'elle provient de l'étranger, le gouvernement semble faire le dos rond.Voilà qui ne manquera, probablement, pas de faire réagir le gouvernement algérien : quelques jours seulement après l'initiative des défenseurs des droits de l'Homme, des acteurs de la société civile et d'ONG, appelant les autorités à l'arrêt des expulsions collectives des migrants travailleurs et des demandeurs d'asile, le commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies s'invite dans l'arène pour exhorter le gouvernement algérien à cesser ces expulsions, que l'instance onusienne estime à plusieurs milliers.
Non seulement elle critique les conditions de détention, mais aussi assure, s'appuyant sur des témoignages recueillis par les experts de l'instance auprès de migrants refoulés, que les migrants qui demeurent en Algérie sont désormais très inquiets.
Elle redoute même une montée du racisme. Malgré les assurances pourtant des pouvoirs publics, notamment par la voix du ministre de l'Intérieur qui répétait que ces expulsions s'effectuaient dans le respect du "droit et de la dignité", force est d'admettre que l'argument semble peiner à convaincre les ONG.
À l'unisson, celles-ci reviennent à la charge pour soutenir que la gestion de ce phénomène est loin de répondre aux exigences du droit international. "La question des migrants relève foncièrement des droits de l'Homme. C'est un drame humanitaire. Le gouvernement fait fi des appels de la société civile, il refuse de dialoguer, nous sommes dans une situation chaotique", observe Saïd Salhi, vice-président de la Laddh, un des initiateurs de l'appel. Mais il n'y a pas que cette question de migrants sur laquelle l'Algérie est épinglée. Régulièrement, des rapports sont publiés, dans lesquels des atteintes aux droits de l'Homme sont pointées du doigt.
Entraves au droit de manifester même s'il est garanti par la Constitution, comme on l'a vu, à titre d'exemple, avec la grève des médecins qui dure depuis l'automne dernier, le verrouillage du paysage médiatique, à travers l'étranglement financier de certains médias, sans compter les pressions économiques, la traque de certains activistes sur les réseaux sociaux, les restrictions au droit de grève, les procès en cascade des membres de la communauté ahmadie ou encore les harcèlements des blogueurs "indélicats", dont l'un comparaît aujourd'hui à Béjaïa, sont autant de taches noires relevées autant par les défenseurs des droits de l'Homme que par les rapports, comme celui, tout récent, du département d'Etat américain. Frileux à toute remarque sur la question des droits de l'Homme, notamment lorsqu'elle provient de l'étranger, le gouvernement semble faire le dos rond. Mais, cette "intrusion" de l'instance onusienne le met assurément sous pression, d'autant qu'il a déjà été interpellé, selon la presse, sur la question des poursuites engagées contre les membres de la communauté ahmadie.
Signe de l'agacement des autorités, cette réaction, certainement commandée, de la présidente du Croissant-Rouge algérien, Saïda Benhabyles, au lendemain de la divulgation de l'appel des défenseurs des droits de l'Homme. "Il y a une confusion générale, il n'y a pas de politique migratoire. On gère dans la panique et le cafouillage. Le plaidoyer s'adresse au gouvernement et le CRA doit s'occuper de la question humanitaire. On n'a pas de leçons à recevoir, chacun dans son mandat", assène Saïd Salhi, qui juge la réaction "grave" et "déplacée". Selon lui, le "fond du problème, c'est la mise en place d'un cadre légal".
Karim Kebir
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