Le président de la commission nationale consultative de promotion et de
protection des Droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini a affirmé jeudi, au
forum d'El Moudjahid que l'Algérie est prête à ouvrir ses portes aux
rapporteurs des Nations Unies pour venir s'enquérir de la situation des droits
de l'homme en Algérie. Ksentini dira qu'une invitation a été adressée aux
rapporteurs spéciaux sur la promotion et la protection du droit à la liberté
d'opinion et d'expression, sur la violence à l'égard des femmes, ses causes et
conséquences, sur le droit à l'éducation, sur le droit à toute personne de
jouir du meilleur état de santé physique et mental, sur le droit à
l'alimentation, et sur le logement convenable en tant qu'élément du droit à un
niveau de vie suffisant, ainsi que sur le droit concernant l'accès à l'eau
potable et à l'assainissement. Ces derniers, selon Ksentini, peuvent venir dès
le mois de septembre. Cela dit les ONG internationales de défense des droits de
l'homme, à l'exemple de la fédération internationale des droits de
l'Homme(FIDH), Human Rights Watch (HRW) et Amnesty international, notamment ne
sont pas les bienvenues. Farouk Ksentini a précisé que ces ONG ne sont toujours
pas autorisées à activer en Algérie. Pourtant, il y a quelques jours seulement,
Ksentini avait précisé à Radio Algérie internationale qu'une quinzaine
d'organisations gouvernementales en provenance de France, des Etats-Unis, du
Canada et du Maroc, ainsi que toute autre organisation non gouvernementale
activant dans le domaine de la défense des droits de l'homme, peuvent désormais
activer à Alger. Le président de la CNCPPDH avait même cité nommément les ONG,
sur ces mêmes colonnes.
Le président de la CNCPPDH revient pour dire que « les ONG n'ont pas été
encore autorisées à venir. L'Algérie a rompu avec ces ONG qui ont soutenu le
terrorisme» a-t-il affirmé en précisant que ces dernières doivent d'abord
présenter des excuses au peuple et au gouvernement algérien.
Pour rappel, l'invitation
adressée aux rapporteurs des Nations Unies est intervenue suite à une décision
prise par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Cette décision a été qualifiée par
Ksentini d' «extrêmement importante» et de «progrès considérable» puisqu'elle
va permettre à l'Algérie de prouver qu'elle est un Etat de droit.
«Désormais, je ne me prononcerai
plus sur le dossier des disparus» Le président de la CNCPPDH, a déclaré, jeudi
ne plus évoquer désormais, la question des familles des disparus. « Je tiens à
apporter certaines précisions sur le dossier des familles des disparus
aujourd'hui devant vous, mais ce sera la dernière, je n'évoquerais plus jamais
ce dossier » a-t-il juré auprès de l'assistance. Ksentini était outré par des
déclarations l'accusant d'avoir mobilisé les forces de l'ordre pour réprimer
les rassemblements hebdomadaires des proches des personnes disparus.
A ces accusations, Farouk
Ksentini répond qu'il n'a ni le pouvoir, ni même les prérogatives pour faire
appel aux forces de l'ordre. Il a précisé à l'adresse de ceux qui lui
reprochent d'être le porte voix de l'exécutif en justifiant la répression
policière et l'injustice , que son instance est tout simplement une commission
consultative qui émet seulement des avis et non des décisions. Et d'ajouter que
sa commission n'a jamais été chargée de suivre le dossier des disparus « Et si
on s'est déjà prononcé sur le sujet, c'était seulement pour des raisons
purement humanitaires, mais ce sera la dernière »
Pour Kensentni, certaines familles
des disparus demandent la vérité et la justice, alors ajoute-t-il que l'article
45 de la charte nationale pour la paix et la réconciliation adoptée par
référendum, stipule l'irrecevabilité par les tribunaux de toutes les plaintes
ou dénonciations déposées contre les forces de sécurité et leurs agents. Plus
encore, a-t-il souligné, l'évocation de culpabilité par d'autres moyens écrits
ou verbaux sera sanctionnée par des peines de prison de 3 à 5 ans et des
amendes selon l'article 46. Ksentini dira qu'il ne peut défendre une chose qui
est déjà interdite par la loi.
La secrétaire générale de
l'association nationale des disparus, Mme Dalila Kouidri présente hier, parmi
les invités du Forum d'El Moudjahid a affirmé pour sa part, que les familles ne
demandent pas «justice» mais elles demandent tout simplement la vérité et
toutes les vérités sur les circonstances ayant entouré ces disparitions tout en
désignant les auteurs. Pour elle la Charte pour la paix et la réconciliation
n'est pas le coran, et elle peut être modifiée à tout moment. Se disant
«terrifiée» par la répression contre les mères et des vieilles femmes âgées
lors du dernier rassemblement des familles de disparus par la police, Kouidri
dira que son association compte déposer plainte contre les services de sécurité
responsables de cet acte «On est déçu de voir des policiers qui tabassent des
mères blessées, des médecins, des enseignants, des non-voyants dans un pays qui
veut construire un Etat de droit», dira-t-elle encore.
Evoquant la situation de
l'Algérie en matière des droits de l'homme, Ksentini dira qu'«elle n'est pas au
top, elle n'est pas au bas du tableau, elle est au milieu». Et d'ajouter que le
bilan est partiellement positif «nous sommes classés, sur le continent, à la
deuxième place après l'Afrique du Sud» a –t-il dit. Il soulèvera néanmoins,
quelques points négatifs tels que l'abus de l'administration « j'ai
personnellement adressé un rapport au président de la République justement sur
cette question» a-t-il souligné. Ksentini a évoqué également l'absence au sens
large de la liberté de la presse en plaidant pour l'ouverture du champ
audio-visuel et aux partis politiques de l'opposition. Il ouvrira en outre une
parenthèse pour parler de la justice avec ses points positifs et ses points
négatifs, dénonçant la pratique abusive de la détention préventive. Et de
reconnaitre « malgré les améliorations, il y a toujours des dysfonctionnements
dus à l'abus de certains magistrats » a-t-il souligné.
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Posté Le : 28/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Aziza
Source : www.lequotidien-oran.com