Alors que la drogue sous toutes ses formes rentre en quantités industrielles sur le territoire national, devenu une passoire, notre vénérable Office national de lutte contre ce phénomène organise tranquillement une grand-messe dans les salons feutrés d'un hôtel de la côte ouest. Non Messieurs, la lutte ne se fait pas dans ces colloques budgétivores où le débat va dans tous les sens. Et où les vrais intervenants, les psychiatres, les psychologues et les médecins n'ont pas voix au chapitre ou si peu.Il faut en finir avec ces interminables palabres théoriques et académiques qui ne rendent pas nos frontières plus étanches, ni nos enfants moins addicts. L'heure est grave et il serait suicidaire de ne pas mesurer la dangerosité du phénomène qui gangrène la société. On s'est longtemps caché derrière ce faux postulat que l'Algérie serait juste un pays de transit de la drogue.Eh bien, pendant que nous nous gargarisions de cette immunité surfaite, nos jeunes, nos prisonniers, nos étudiants et, aujourd'hui même, nos écoliers ont appris à rouler le joint. Hélas, s'offrir une drogue est aujourd'hui plus facile pour nos jeunes dés?uvrés que de réussir à se faire établir un extrait de naissance ou autre document administratif dans nos mairies. C'est la triste réalité d'un pays devenu consommateur de drogue, au grand dam d'un discours officiel décalé et chloroformé par l'obligation de cacher les sujets qui fâchent.Mais au risque de faire ombrage à cette loi de l'omerta, il faut bien admettre, aujourd'hui, que le trafic et la consommation de drogue sont un enjeu de sécurité nationale. Le fait est que la chronique algérienne est rythmée, ces dernières semaines, par des prises gigantesques opérées à nos frontières par les forces de l'ANP. On ne compte plus en kilos ou en quintaux, mais en dizaines de tonnes. On a véritablement affaire à du lourd?Et que font les autorités pour, sinon éradiquer, du moins juguler ces «incursions» massives de la drogue ' Elles organisent des séminaires de sensibilisation à coups de data show, animés assez souvent par des cadres de la Sûreté nationale ! Or, il est établi que l'approche sécuritaire, aussi importante soit-elle à nos frontières, ne suffira pas pour endiguer le phénomène. Le vrai travail reste à faire chez ces enfants, ces écoliers qui se shootent sans trop savoir pourquoi. Le vrai travail est de faire en sorte que les drogues et les psychotropes ne puissent pas franchir impunément les murs des prisons. Il va falloir nettoyer à grande eau?On comprend d'ailleurs mieux pourquoi beaucoup de nos délinquants préfèrent retourner dans les geôles au lieu de tenter une réinsertion dans la société. Il est incontestable que l'Etat fait beaucoup d'efforts en matière de sensibilisation et, évidemment, de lutte contre le trafic de drogue. Mais il en faudrait nettement plus pour faire face à cette stratégie d'Etat que mène le Maroc à travers le déversement de ses tonnes de cannabis sur le territoire national.Il n'est plus supportable d'assister comme cela, impuissants, à un phénomène épidémique qui impacte dangereusement la société. Ce genre de colloques, entre hauts fonctionnaires en costume-cravate, participe plus à sa banalisation par leurs accents grandiloquents. Ce dont le pays a besoin, c'est d'un plan national de lutte cohérent, qui fasse la synergie des efforts de tous les intervenants.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Moali
Source : www.elwatan.com