Algérie

Drame : Laïfaoui : «Je n'ai pas senti le poignard pénétrer dans mon dos»



Drame : Laïfaoui : «Je n'ai pas senti le poignard pénétrer dans mon dos»
Khaldi : «C'est la faute à l'arbitre»
Après beaucoup d'efforts, on a réussi à accéder à la salle de réanimation au niveau des urgences du CHU Mustapha Pacha, où se trouvait Abdelkader Laïffaoui, lâchement agressé à l'arme blanche avant-hier au stade de Saïda. Le défenseur usmiste arrivait difficilement à parler mais il a tout de même répondu à nos questions avec l'accord du staff médical qui était à son chevet.
Abdelkader, Dieu merci, vous êtes sain et sauf...
Dieu merci, je suis toujours en vie.
Pouvez-vous nous raconter ce qui s'est passé exactement '
Au coup de sifflet final de l'arbitre, la foule de supporters a envahi le terrain et a couru derrière nous, en lançant toutes sortes de projectiles sur nos têtes. A l'approche du tunnel menant aux vestiaires, il y en avait un nombre plus important. Sans exagération aucune, je dirai qu'ils étaient au moins une centaine d'individus.
Avec quoi avez-vous été touché à la tête '
Une pierre, mais j'ai continué à courir pour me mettre à l'abri. Malheureusement, je me suis retrouvé cerné par plusieurs personnes. C'est là que j'ai senti quelque chose me piquer dans le dos. (Il se retourne vers le médecin et lui dit : docteur, je n'ai pas senti le couteau pénétrer dans mon dos). Le médecin lui répondra : c'est normal vu la température assez élevée de ton corps et la circulation rapide du sang).
Avez-vous perdu conscience '
Non, j'étais conscient de ce qui se passait autour de moi. C'est après mon arrivée aux vestiaires que j'ai senti que je perdais du sang au niveau du dos. J'ai mis la main et je me suis aperçu que mon maillot a été troué, c'est là que je me suis rendu compte que j'ai été poignardé. Les douleurs s'intensifiaient au fil des minutes, et le sang coulait de plus en plus.
Même après votre évacuation vers l'hôpital, vous n'avez pas perdu conscience, c'est cela '
J'étais conscient de tout ce qui s'est passé. J'ai été évacué vers l'hôpital où j'ai reçu les soins nécessaires. Après avoir été rassuré par les médecins que j'étais hors de danger, je me suis calmé et j'ai retrouvé le moral, même si j'étais encore sous le choc, après ce qui s'est passé.
Vous avez été transféré par la suite à Alger dans une ambulance, pouvez-vous nous raconter comment vous avez passé ces moments '
Je ne pouvais pas dormir. J'étais épuisé, mais je n'ai pu fermer l'oeil durant tout le trajet. Pis encore, ces images ne faisaient que défiler dans ma tête durant les huit heures passées sur la route. Je n'ai pas réussi à oublier ces scènes que je revois tout le temps. Je ne pouvais pas oublier.
Comment vous sentez-vous actuellement, sachant que vous êtes près de votre famille '
Je remercie Dieu d'être toujours en vie, c'est le plus important, je n'aurais jamais imaginé qu'il pouvait arriver des choses pareilles dans un match de football. Si j'avais été touché par une pierre, on aurait pu dire que cela est dû à la colère des supporters, sans plus, mais au point d'être poignardé, cela prouve que ce geste est prémédité, et n'a rien à voir avec le hasard.
A ce moment-là, une femme médecin intervient et nous invite à quitter la salle, étant donné que le joueur est atteint au niveau du rein et qu'il ne pourra pas s'exprimer longuement.

Khaldi : «C'est la faute à l'arbitre»
Le président Khaldi était très affecté par ces douloureux événements survenus après la fin de la rencontre. Le premier responsable de cette équipe de Saïda a accusé l'arbitre : «C'est l'arbitre qui a provoqué tout le monde, du moment qu'il a fait jouer plus de huit minutes de temps additionnel, jusqu'à ce que cette équipe de l'USMA marque le but de l'égalisation pour siffler la fin de la rencontre. Ce qui a provoqué la colère des supporters.»
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Les dirigeants saïdis au chevet des blessés de l'USMA
Les dirigeants de Saïda étaient très affectés par ces événements. Le premier responsable de l'équipe, Khaldi, et quelques membres de son bureau étaient au chevet des blessés de l'USMA. Les responsables saïdis ont fait de leur mieux afin que les Usmistes soient bien pris en charge.
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Ce que risque le MCS
L'affaire MCS-USMA sera traitée aujourd'hui par la commission disciplinaire, au cours de la réunion prévue cette matinée. Cette commission indépendante de la LFP devrait en effet prendre des mesures fermes et sévères pour mettre un terme à cette mascarade qui secoue le football algérien. Il faut dire que ce phénomène a pris beaucoup d'ampleur ces derniers temps. Il y a eu tout d'abord ce fameux match de Coupe d'Algérie USMH-USMA, où des supporters harrachis ont balancé la caméra de l'ENTV qui assurait la retransmission de la tribune supérieure, puis cette affaire qui est beaucoup plus grave, il faut l'admettre. Aujourd'hui, tous les Algériens doivent pousser un grand soupir de soulagement, du fait qu'il n'y ait pas eu de pertes humaines. Il faut dire qu'on était à deux doigts d'assister au pire, après que des joueurs de l'USMA aient été sauvagement agressés par des supporters munis d'armes blanches. Selon les informations, la commission disciplinaire devrait prendre une des décisions suivantes. La première, infliger au MCS une sanction d'une dizaine de matches à huis clos ou plus. La seconde, c'est carrément obliger le club saïdi à jouer un nombre précis de matches à 200 kilomètres de la ville, comme le stipulent les règlements de la FIFA. C'est une des deux sanctions qui devrait être prise par la LFP, en prenant compte bien sûr du rapport de l'arbitre et du délégué, ainsi que des différentes pièces versées par différentes parties concernées.

Communiqué de la direction de USM Alger
Le guet-apens, à qui la faute '
Une fois de plus, le football national vient de connaître une autre étape encore plus sombre, après celle de la 24e journée de championnat professionnel qui avait vu la dégradation sans précédent du stade du 5-Juillet. Cette fois, il s'agit d'agressions à l'arme blanche et de volonté de tuer des joueurs de l'USM Alger dont leur seul tort est d'être dans un stade pour jouer une rencontre de football. Bien avant l'annonce du deuil national de 8 jours décrété suite au décès de l'ancien président Ahmed Ben Bella, les responsables du MC Saïda se sont élevés contre la retransmission du match MC Saïda /USM Alger par la Télévision nationale, pour organiser un guet-apens sans témoins. C'est ce qu'ils ont réservé aux Usmistes. Personne n'a été épargné par la sauvagerie sans précédent avant, durant et après la rencontre. Dirigeants, supporters et joueurs ont vécu l'enfer parce que les responsables ont décidé de gagner le match en dehors du terrain. Résultat, des joueurs et des dirigeants poignardés.
Pourtant l'USM Alger a toujours veillé à ce que les équipes visiteuses, staff, joueurs et supporters soient accueillis dans les meilleures conditions. Au match aller, dirigeants et supporters du MC Saïda ont été accueillis comme des frères au stade Omar-Hamadi. Les dirigeants ont été installés dans les meilleures conditions avec organisation d'une réception, et même les supporters qui, pendant le match, ont été surpris par une averse, ont été invités par les supporters de USM Alger à les rejoindre et de s'abriter auprès d'eux pour se protéger de la pluie. Une chanson a même été inventée pour les accueillir. Nous pensions que notre déplacement dans la ville de Saïda aller avoir le même écho.
Nous prenons à témoin l'opinion publique nationale sur ces comportements ignobles afin de prendre des mesures à la hauteur de ce qui s'est passé à Saïda et que justice soit faite. Malgré tous ces calculs, et le comportement irresponsable des preneurs de décision, et de certains dirigeants de club, la direction et les supporters resterons fidèles et derrière notre cher club, dans la sportivité et la dignité. Nous les soutiendrons jusqu'au dernier sifflet du dernier match du championnat, bien que beaucoup veulent l'échec du professionnalisme en Algérie, et cette volonté se traduit par les différents obstacles et calculs malsains de certains vis-à-vis de notre club.

Conférence de presse aujourd'hui à 13h
La direction de l'USMA organisera, aujourd'hui à 13h, au stade Omar-Hammadi, une conférence de presse pour dénoncer ce qui s'est passé à Saïda. Les joueurs blessés seront présents pour répondre aux questions des journalistes.




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