Algérie

Drame : La vie des hommes est une affaire sérieuse !


Drame : La vie des hommes est une affaire sérieuse !
Ali Haddad interpelle le président de la FAF
L'insécurité dans nos stades a pris des allures inquiétantes ces dernières semaines. Il y a eu le match entre l'USMH et l'USMA au 5-Juillet, avec beaucoup de dégâts matériels enregistrés, dont les deux caméras de l'ENTV, puis celui de samedi à Saïda qui a vu sept joueurs de l'USMA atteints grièvement à l'arme blanche, par des énergumènes déchaînés, sur le terrain de jeu même, sans compter les blessures plus ou moins légères subies par leurs camarades.
Commissaire Kadaoui : «Ils dissimulent leurs objets dans le plâtre, dans le dos et même dans les sandwichs !»
Premier point faible, l'entrée au stade des supporteurs est un maillon important dans la chaîne sécuritaire. Les services de police veillent au grain, à l'aide d'une fouille minutieuse, comme nous l'a déclaré, hier, le commissaire Kadaoui Khaled au téléphone. «Nos équipes procèdent à des fouilles systématiques afin d'endiguer le problème de la violence. Nous connaissons toutes les méthodes de dissimulation d'objets interdits. Il y en a qui les mettent dans le plâtre, dans le dos ou même dans les sandwichs. Mais tous les dispositifs du monde resteront insuffisants s'ils ne sont pas accompagnés par une bonne communication. C'est ce que nous faisons toute l'année, à travers des rencontres avec les jeunes de quartiers, afin de les sensibiliser», ajoute-t-il.
«Chaque stade doit être équipé de caméras de télésurveillance»
Mais quelles solutions doit-on apporter à cela ' La FAF, qui pousse les clubs au professionnalisme, se doit de commencer par imposer aux walis d'investir dans les stades des villes qu'ils gèrent, en installant obligatoirement des caméras de télésurveillance aux abords et à l'intérieur des enceintes. Ceux dont les infrastructures ne répondent pas au cahier des charges de la LNF se doivent de laisser la place aux clubs pouvant le faire. Il y va de la sécurité des joueurs et de tous les citoyens. «C'est un moyen très dissuasif, confirme le commissaire Kadaoui. Cela permet d'assurer une sécurité optimale. Avec les caméras, on peut même tomber sur des personnes recherchées par la justice et chaque individu auteur de troubles sera identifié, comme ce fut le cas avec le jeune qui a balancé les caméras de l'ENTV», assure-t-il.
Les stadiers de Saïda étaient tous complices
Mais qui doit gérer cela ' Forcément les services de police, en plus de ceux de la sécurité privée que les clubs doivent louer. «Au jour d'aujourd'hui, nous dit le commissaire Kadaoui, on ne compte pas trop sur les stadiers, car ce ne sont pas des professionnels», balaie-t-il d'un revers de la main, comme pour nous signifier que souvent, c'est eux qui sont à l'origine des troubles. L'exemple de Saïda est frappant dans ce sens, puisque tout est parti d'eux, selon les dirigeants de l'USMA. «C'est le président du MCS qui leur a donné les chasubles pour se faire passer pour des stadiers, alors que c'est eux les voyous qui nous ont agressés les premiers, avant d'être suivis pas les délinquants», nous confie-t-on.
Les stadiers ne regardent jamais le match. En Algérie, ce sont des chauvins !
En Europe, les stadiers ont la particularité de ne jamais suivre le match. Ils se placent, en face des tribunes, le dos tourné au terrain. «On vient au Vélodrome pour bosser et gagner notre vie. On est payés entre 50 et 200 euros par match», nous a dit un des stadiers marseillais. Et le match ' «Je n'aime pas le football. Je viens juste pour empêcher les fauteurs de troubles de sévir, tout en gagnant ma vie d'agent de sécurité. Dans la semaine, je bosse sur d'autres sites et quand il y a un match, c'est toute notre équipe qui se déplace au Vélodrome», nous dit Alain, ce Français de souche d'1,90 m environ.
La LNF et la FAF doivent sévir de manière exemplaire
Mais en plus des caméras de télésurveillance modernes (en couleur et pouvant prendre des photos claires), il y a également l'obligation de suspendre ou radier à vie des stades les auteurs de troubles, mais aussi les joueurs et les dirigeants dont le comportement est violent. A ce titre, c'est la LNF et la FAF qui doivent sévir de manière exemplaire. A commencer par les dirigeants du MCS et le club en leur infligeant des sanctions à la hauteur de la frayeur ressentie par les familles des joueurs dont la vie a été mise en danger samedi. Dans un pays qui se respecte, les responsables de tels actes doivent tous quitter le football et le club doit redémarrer sa vie quatre paliers plus bas. Accessoirement, une année ou deux de huis clos refroidira les esprits. Saïda n'a pas besoin de ces énergumènes pour exister.
Ali Haddad interpelle le président de la FAF
Dans une lettre adressée au président de la Fédération algérienne de football, dont une copie a été adressée à notre rédaction, le président du conseil d'administration de l'USMA, Ali Haddad, interpelle le premier responsable du football algérien sur les incidents sans précédent qui se sont déroulés samedi dernier à Saïda et qui ont failli coûter la vie à plusieurs joueurs de l'USMA, agressés sauvagement par les supporters du MC Saïda à l'arme blanche. Le premier responsable usmiste a surtout attiré l'attention de Mohamed Raouraoua sur l'acte prémédité des Saïdis. «Une campagne de haine savamment entretenue des jours durant et qui a connu son apothéose par le refus des dirigeants de Saïda de la retransmission par l'ENTV de la rencontre ainsi que l'entrée gratuite du stade aux spectateurs démontre, si besoin est, de la préméditation des évènements survenus. En cédant ainsi aux pressions, on a ouvert la porte aux dérives cautionnant ainsi le massacre programmé de l'USMA'La complicité des autorités locales, surtout celle en charge de la sécurité de wilaya, non seulement n'ont pas pris de mesure des risques, mais pire, ont laissé faire le déchaînement haineux des supporters locaux chargés d'exécuter tout ce qui s'apparentait à l'USMA'Le commissaire de police chargé de la sécurité s'est montré notoirement passif avant, pendant et après le match, en se dessaisissant de ses prérogatives et missions au profit de soi-disant stadiers acquis totalement à l'équipe locale'De tels comportements qui attentent à l'ordre public sont inadmissibles et relèvent de la complicité active laquelle doit être dénoncée et sévèrement sanctionnée», pouvait-on lire entre autres dans cette longue lettre où Ali Haddad appelle tous les clubs à se solidariser, sous l'égide des pouvoirs publics «pour s'engager ensemble sur des actions immédiates permettant de juguler cette violence qui se propage avec inquiétude.»
Les frères Haddad à l'accueil des joueurs à 7h du matin
C'est hier matin, vers 7h, que les joueurs de l'USMA sont rentrés à Alger. Comme d'habitude, c'est au parking du complexe olympique Mohamed Boudiaf que le bus transportant l'équipe a déposé les joueurs, où les attendaient les fourgons du club qui devaient les conduire chez eux. En arrivant sur place, les frères Haddad, qui suivaient les événements de la veille minute par minute, étaient à leur accueil. Encore sous le choc en descendant du bus, les joueurs ont remercié Dieu d'être arrivés sains et saufs. Le président Ali Haddad et son frère Rebouh ont réconforté longuement leurs joueurs, les assurant du soutien infaillible de la direction du club qui ne va pas se taire, après tout ce qui est arrivé à Saïda.
En déplorant treize joueurs blessés
Avec quel effectif l'USMA terminera la saison '
Au lendemain du match face à Saïda, les dégâts sont lourds et les séquelles ne disparaîtront pas de sitôt. En plus des dommages corporels, le préjudice moral est considérable. Les Usmistes ne s'en remettront peut-être plus. Ce samedi 14 avril 2012 restera, en effet, à jamais gravé dans leur mémoire. Après avoir quitté la ville maudite vers 22h 30, les Rouge et Noir sont rentrés au petit matin à Alger. Ils ont été déposés tous à leur domicile qu'ils ont rejoint sans être sûrs de pouvoir remettre les pieds un jour sur un terrain de football. Le c'ur n'y est plus.
Des certificats d'incapacité de 20 à 60 jours
Avant de quitter avant-hier soir l'hôpital de Saïda, les joueurs blessés de l'USMA se sont faits délivrer des certificats d'incapacité de travail. 60 jours d'incapacité pour Abdelkader Laïffaoui, 30 pour Bouchema, 45 pour Maïga, 20 jours pour Chafaï, 30 pour Hamiti, sans oublier les autres joueurs qui souffrent tous de différentes blessures et qui ne pourront pas reprendre les entraînements de sitôt. En tout, l'effectif des Rouge et Noir compte, à son arrivée à Alger, treize blessés graves sans parler des dirigeants et des accompagnateurs, comme le secrétaire, Abdallah Charchar, qui s'est fait délivrer un certificat d'incapacité de 15 jours.
Ighil souffre d'une fracture de la main
Même l'entraîneur de l'USMA, Meziane Ighil, n'a pas été épargné. Le coach usmiste souffre d'une fracture de la main qu'il a contractée en essayant de protéger ses joueurs contre quelques sauvages qui ont suivi les joueurs jusqu'au vestiaire. «Ce n'est pas grave, c'est une petite fracture, ce n'est rien par rapport à ce que les joueurs ont dû endurer», nous dira Meziane Ighil, très affecté par ce qui s'est passé. Concernant la reprise des entraînements, l'entraîneur des Rouge et Noir n'avait encore rien décidé hier. Il devait se réunir avec ses dirigeants pour évaluer la situation, avant de prendre une décision.
13 joueurs convalescents
Par rapport au nombre de joueurs blessés que déplore aujourd'hui l'effectif de l'USMA, l'on se demande comment les Rouge et Noir vont pouvoir continuer la saison. Avant ces malheureux incidents, 17 joueurs seulement s'entraînaient régulièrement, et le jour des matchs, lorsque l'équipe déplorait des blessés ou des suspendus, le staff technique avait du mal à compléter sa liste des 18. Souvent, il puisait dans l'effectif des U21. Que dire alors aujourd'hui, avec tous ces blessés ' Il est difficile de se prononcer sur la question, mais ce qui est sûr, c'est que l'USMA va éprouver les pires difficultés à boucler sa saison.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)