Algérie

Drame : L'autre agression de la Ligue


Drame : L'autre agression de la Ligue
Allik : «Les joueurs ont été victimes d'actes de barbarie et de sauvagerie»
Maïga : «Je ne pensais pas vivre cela en Algérie»
Les sanctions viennent de tomber. Hier en fin de journée, à l'issue de la réunion de la commission de discipline qui a duré plusieurs heures, où plusieurs dossiers ont été traités, dont celui du match MCS-USMA, le Mouloudia de Saïda a écopé d'une sanction de huit (8) matchs à huis clos en dehors de la wilaya de Saïda, pour mauvaise organisation, envahissement de terrain entraînant incidents graves et dégradation de biens publics. Des cinq matchs qui restent à jouer, le Mouloudia de Saïda devra recevoir, deux fois sur son terrain, l'Entente de Sétif lors de la 28e journée et la JSM Béjaïa lors de 30e et dernière journée. Ces deux rencontres, les MCS les jouera donc à huis clos et à 200 km de la ville de Saïda. Il appartient à la direction du MCS de choisir le stade où elle recevra ses adversaires. Pour les six autres rencontres, les Saïdis devront les purger la saison prochaine, que ce soit en Ligue 1, s'ils parviennent à s'y maintenir, ou en Ligue 2, s'ils rétrogradent. Cette affaire, précise le communiqué de la LFP, continuera d'être suivie compte tenu de la plainte déposée par l'USMA auprès de M. le procureur de la République pour les agressions de ses joueurs et qui relève du pénal.
20 000 DA d'amende
En plus de la sanction de huit matchs à huis clos, le MCS a écopé d'une amende de 20 000 DA sans préjudice des indemnités financières dues, en raison des dommages causés.
2 ans de suspension ferme pour l'entraîneur adjoint Guemidi Ahmed
La commission de discipline, s'appuyant sur les pièces versées au dossier, les rapports des officiels et les auditions des témoins, a infligé deux ans de suspension ferme à l'entraîneur adjoint du MCS, Guemidi Ahmed, pour incitation à la haine et à la violence.
Le dossier reste ouvert
Le rapport de la commission de discipline précise que le dossier du match MCS-USMA reste ouvert pour complément d'informations.
Où sont les sanctions exemplaires '
Dans une interview qu'il nous a accordée hier, le président de la LFP nous a fait savoir que son instance allait frapper d'une main de fer afin que la sanction soit exemplaire. Mais force est de constater que la commission de discipline a quand même pris le dossier avec des pincettes. D'abord, elle n'a pas tenu compte du refus de la direction de Saïda de retransmettre le match en direct par l'ENTV et ce, avant le décès d'Ahmed Ben Bella, au cas où l'on justifierait cela par le décès de l'ex-président de la République, ce qui aurait valu en plus au MCS 250 000 DA d'amende et une défalcation du point du match nul. Cela pourrait donc inciter d'autres clubs à recourir aux mêmes pratiques sans qu'ils soient inquiétés. Par ailleurs, huit matchs à huis clos, c'est très léger à notre sens par rapport à la gravité des faits. L'on remarque, que hormis l'entraîneur adjoint du MCS, aucun autre responsable du club n'a été sanctionné alors que tout était prémédité et soigneusement organisé. Que faut-il comme preuve pour que le président Khaldi et ses acolytes soient sanctionnés'' Des photos ' Des vidéos ' Tout le monde sait que les journalistes et autres reporters ont été accostés à la sortie et priés de remettre leur matériel pour détruire toutes les photos et les vidéos compromettantes. Cela prouve que tout était organisé, mais à suivre la logique de la commission de discipline, il n'est pas interdit de voler ou même de tuer, il est interdit de se faire attraper uniquement. Alors, à tous ceux qui comptent préparer un traquenard à leur adversaire, faites-le, prenez juste le soin de détruire les preuves et vous ne serez pas inquiétés. N'oubliez pas aussi d'empêcher la Télévision d'entrer au stade, vous ne serez pas sanctionnés. Et puis, huit matchs à huis clos, c'est trois fois rien, ça passera.
R. Haddad : «C'est peu !»
Dès que les sanctions sont tombées, nous avons essayé d'avoir l'avis du président de l'USMA, malheureusement injoignable. C'est son frère Rebouh Haddad qui s'est exprimé à ce sujet, non sans nous cacher sa grande déception. «C'est peu'!», s'est-il contenté de nous dire.
Allik : «Les joueurs ont été victimes d'actes de barbarie
et de sauvagerie»
Le président du CSA-USM Alger, Saïd Allik, ne s'est pas muré dans le silence après les graves incidents qui ont émaillé la rencontre MCS-USMA et qui ont eu pour conséquences la blessure de plusieurs joueurs usmistes à l'arme blanche. Dans un communiqué qu'il nous a transmis, l'ex-président de l'USMA a déclaré : «Les membres du bureau exécutif, l'encadrement technique et administratif ainsi que les athlètes, horrifiés par les actes de barbarie et de sauvagerie dont ont été victimes les joueurs de l'USMA, condamnent ce comportement bestial et demandent aux instances de football de prendre les mesures qui s'imposent.»
Reprise des entraînements aujourd'hui
Le staff technique de l'USMA, en concertation avec la direction du club, a décidé de reprendre les entraînements aujourd'hui mardi. La séance est prévue en fin d'après-midi. Bien entendu, beaucoup de joueurs manqueront à l'appel. Meziane Ighil sera confronté à un grand problème, la défection de plusieurs éléments pour cause de blessures. Interrogé dans quel état d'esprit ses joueurs vont retrouver le terrain, le coach usmiste dira qu'il compte sur leur forte personnalité pour trouver les ressources nécessaires. «Nous sommes obligés de nous remettre au travail, la vie doit continuer. Il faut se montrer fort et solide, il ne faut pas baisser les bras», nous dira Ighil qui a de quoi de faire de soucis quand on sait que le prochain match de l'USMA, c'est face au MCA.
Cherchar : «Le commissaire de police m'a dit que cela se passait dans toute l'Algérie»
Le secrétaire de l'USMA, Abdellah Cherchar, qui a été victime d'une agression de la part des supporters du MCS, est revenu, lors de la conférence de presse donnée hier dans la matinée, sur cette affaire avec beaucoup de détails, lui qui était le chef de délégation. Cherchar accuse ouvertement le commissaire de police d'être complice : «Le commissaire de police était passif. Il a tout vu, mais il est resté sans la moindre réaction. Lorsque je suis allé faire ma déposition, il m'a dit texto : «Cela se passe dans tout l'Algérie.»
«Ce même commissaire est entré aux vestiaires des arbitres pour ordonner le coup d'envoi de la rencontre»
Cherchar accuse ouvertement ce commissaire de police. Il raconte un fait auquel il a assisté : «Ce commissaire de police est entré aux vestiaires de l'arbitre. Cinq minutes plus tard, il en est ressorti pour annoncer le début du match. Autrement dit, c'est ce commissaire qui a ordonné le coup d'envoi de la rencontre.»
«Des individus postés à l'entrée du stade ont exigé les licences pour nous permettre de rentrer»
Un autre fait s'est produit, complètement étrange. Ces stadiers lui ont exigé les licences pour permettre à la délégation de l'USMA de rentrer aux vestiaires : «Des individus m'ont demandé les licences des joueurs et du staff technique pour nous laisser rentrer, mais j'ai refusé. La réglementation est claire, seuls les arbitres et le délégué sont habilités à demander les licences des joueurs», dira Cherchar.
«C'est pire que les incidents de Port-Saïd»
Avant de conclure, Abdellah Cherchar tire la sonnette d'alarme en affirmant que les incidents qui se sont produits à Saïda sont pires que ceux de Port-Saïd. Il a déclaré : «Ces incidents sont pires que ceux survenus à Port- Saïd. En Egypte, les officiels n'ont pas été touchés, ils ont été évacués. En puis, l'Egypte traversait une période très difficile, contrairement à notre pays qui est stable en ce moment.»
La LFP et la FAF ne condamnent pas
Après tout ce qui s'est passé samedi à Saïda, nous sommes surpris que, jusqu'à hier en fin d'après-midi, soit deux jours après les malheureux incidents qui ont failli coûter la vie aux joueurs de l'USMA, que ni la Ligue de football professionnel (LFP), ni la Fédération algérienne de football (FAF) n'ont condamné ces actes de violence sans précédent sur leurs sites officiels. Même le président de la FAF a brillé par son silence alors qu'il est interpellé de partout. C'est curieux, non '
Les supporters peinés par les images vidéo
Les supporters de l'USMA étaient eux aussi présents à cette conférence de presse pour connaître la vérité sur ces incidents. La séance de projection qui a eu lieu en marge de cette conférence de presse les a complètement choqués, notamment la scène qui montrait Laïfaoui juste après son agression. Cela a provoqué l'indignation des inconditionnels des Rouge et Noir.
Les médias étrangers présents
Cette conférence de presse a vu la présence de plusieurs médias étrangers, entre autres Al Arabiya. C'est pour la première fois qu'on enregistre la présence d'un nombre impressionnant de journalistes étrangers.
Bouchema et Khoualed ont assistéà la conférence
Nassim Bouchema et Nasreddine Khoualed ont assisté, tous les deux, à cette conférence de presse. Les deux joueurs usmistes ont livré leurs impressions. A la fin, les supporters présents leur ont posé des questions sur ce qui s'est passé.
Rebbouh Haddad : «On a demandéle huis clos pour tout le monde»
Le numéro deux de l'USMA, Rebbouh Haddad, a demandé la programmation de toutes les rencontres restantes à huis clos, car il y a des clubs qui seront avantagés : «On a réclamé que les matchs qui restent doivent se jouer à huis clos. Il y a des clubs qui seront avantagés, en sanctionnant uniquement le MCS. Les présidents de la Fédération et de la Ligue prendront des décisions, donc nous attendons que ces décisions soient prises. Par ailleurs, on attire l'attention du directeur général de la Sûreté nationale pour l'ouverture d'une enquête.»
La DGSN installe une commission d'enquête
Les graves incidents qui se sont produits au stade de Saïda, samedi dernier, n'ont laissé personne indifférent. A en croire une source bien informée, la direction régionale de la DGSN de l'ouest du pays a mis en place une commission d'enquête pour déterminer les responsabilités de ces graves incidents. Après les graves accusations portées contre les forces de l'ordre d'être complices et d'avoir laissé ces voyous agir comme ils voulaient, la DGSN se voit contrainte d'ouvrir une enquête.

Maïga : «Je ne pensais pas vivre cela en Algérie»
Comment vous sentez-vous aujourd'hui '
Beaucoup mieux. Moi, je ne m'en plains pas trop, ce n'est rien par rapport à ce que mes coéquipiers ont enduré.
Vous en êtes-vous remis '
Oui, mais difficilement. Ce n'est pas facile de retrouver tout de suite une vie normale, après ce qui s'est passé. J'ai tant souhaité me réveiller le matin en me disant que ce n'était qu'un cauchemar !
Etes-vous touché à la main '
Oui. C'est une fracture à la main, mais ce n'est rien par rapport à un coup de poignard. Je ne me soucie pas trop de ma blessure, et je ne cesse pas de penser à Laïfaoui. C'est lui qui m'a inquiété le plus.
Racontez-nous comment vous avez contracté cette blessure'
C'est en protégeant mon visage. J'étais entouré de quelques furieux qui m'assénaient des coups de partout. Des coups de pied, des coups de poing, des coup de bâtons, des crachats, des insultes. Enfin, tout... L'un d'entre eux a essayé de me frapper avec une planche au visage, je me suis protégé avec les mains et c'est là où j'ai reçu ce coup.
Comment avez-vous vécu tout cela '
C'est la première fois de ma vie que j'ai eu aussi peur. Je n'ai jamais imaginé que cela pouvait nous arriver. Je sais que dans des stades de football, des situations peuvent dégénérer ; il peut y avoir des accrochages entre supporters et tout ce qui s'en suit, mais cela, je ne l'ai encore jamais vu. Je l'ai vu une fois, c'était récemment en Egypte, mais je ne pensais pas qu'on allait vivre cela en Algérie. Même en Afrique, là où l'on dit que les gens sont violents, cela n'est jamais arrivé. Mais je sais que cela ne se reproduira plus. Malheureusement, cela est tombé sur nous, mais à l'avenir, je sais qu'on fera en sorte que cela ne puisse plus se reproduire.
Quand on est autant atteint psychologiquement, comment peut-on reprendre la compétition '
Il faut remercier Dieu de nous avoir épargné le pire ; c'est le plus important. Maintenant, la vie continue ; il faut se remettre au travail. Il le faut bien, non '
Etes-vous en mesure de reprendre les entraînements '
Au point où nous en sommes, avec tous nos blessés, je me dois de faire des sacrifices. Je n'ai qu'une fracture à la main ; je peux m'entraîner même avec le plâtre. C'est le moment de nous montrer solides et solidaires. Ce titre, nous le voulons plus que jamais.


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