Algérie

Drame : Ighil : «C'est un coup prémédité»


Drame : Ighil : «C'est un coup prémédité»
Khaldi : «Les joueurs de l'USMA ont provoqué les supporters».
L'entraîneur de l'USM Alger, Meziane Ighil, était présent, hier, à la conférence de presse, animée au stade Omar-Hamadi. Convoquée par la direction de l'USMA, la presse nationale a pris connaissance des témoignages des Usmistes, après ce massacre qui a eu lieu, samedi passé, au stade de Saïda. Pour le premier responsable de la barre technique des Rouge et Noir, c'était un acte prémédité. Il a déclaré : «On s'est préparés dans la sérénité totale durant toute la semaine. On savait que c'était un match difficile, vu l'enjeu sur le plan sportif. Il fallait réussir un bon résultat ; idem pour notre adversaire. Mais sur place, on a assisté à une mascarade. On a été les victimes d'un complot. Je pense que c'était un coup prémédité. Durant toute ma vie dans le monde du football, je n'ai jamais assisté à de telles scènes. C'est vraiment désolant. Les vies humaines sont plus importantes qu'un titre ou la relégation.»
«Dans le tunnel, on a été agressés par... ce comité d'accueil»
Par la suite, l'entraîneur des Rouge et Noir a raconté le début de ce cauchemar : «Dès qu'on est entrés dans les vestiaires, on avait commencé à recevoir des coups. On a réussi quand même à accéder aux vestiaires. Par la suite, il y a eu des difficultés pour rentrer sur le terrain afin de nous échauffer. Dans le tunnel, il y avait des gens vêtus de gilets tout neufs. Cela prouve que c'était prémédité. Malgré cela, on a défié ce fait et nous sommes entrés pour nous échauffer. Au retour des vestiaires, ces personnes que j'appelle un comité d'accueil, puisque ce sont eux qui nous ont «accueillis», ont pris les couloirs latéraux pour nous agresser.»
«Ces personnes-là avaient pris place dans la tribune d'honneur avant de reprendre leur boulot»
Le fait marquant, selon le témoignage de Meziane Ighil, est que ces individus qui occupaient le tunnel pour agresser les Usmistes, avaient pris place à la tribune d'honneur, quelques minutes avant le coup d'envoi du match : «Ces individus ont enlevé les gilets qu'ils portaient et pris place dans la tribune d'honneur. Cette tribune donne accès directement au terrain, donc il leur a été facile d'entrer. Avant la fin de la mi-temps, ils ont remis leurs gilets et sont descendus pour organiser un guet-apens contre nous. Même chose en deuxième mi-temps, avant que les choses ne s'aggravent.»
«J'ai demandé à l'arbitre d'arrêter le match, mais il ne pouvait le faire parce qu'il a vécu le même sort que nous»
«A la mi- temps, je suis allé voir l'arbitre pour lui demander d'arrêter le match, étant donné que les conditions n'étaient pas réunies pour jouer un match de football. Néanmoins, par sa réponse, j'ai compris qu'il ne le pouvait pas car, il avait eu le même sort que nous. Le stade était livré à cette bande d'individus pour faire ce qu'ils voulaient et les laisser tranquilles», dira Meziane Ighil avec beaucoup de déception.
«Aucun dirigeant du MCS n'était à notre accueil»
Pour Ighil, à l'arrivée au stade, les choses paraissaient anormales, avec l'absence remarquée des dirigeants du Mouloudia de Saïda à l'accueil de l'équipe : «Dès qu'on est arrivés au stade, on a senti quelque chose d'anormal. Les dirigeants du MCS n'étaient pas là. Personne n'est venu nous accueillir. Il y avait uniquement ces gens-là avec des gilets. Leur but était de nous intimider et de nous agresser. Ils ont fait ce qu'ils voulaient : insultes et intimidations. Ce sont des agissements qui, malheureusement, sont devenus ordinaires en Algérie.»
«On a dit ce qu'il fallait dire aux autorités de Saïda»
La visite du wali de Saïda, mais surtout les propos qu'il a tenus, ont complètement irrité les Usmistes. Il faut dire que les propos tenus par «un commis de l'Etat» donnent à réfléchir sur les incidents qui se sont produits. Même s'il a essayé de cacher sa colère à son encontre, Ighil a quand même lancé le message : «Dans la soirée, on a reçu la visite des autorités de Saïda. Il y avait le wali et les dirigeants du MCS. On avait le pressentiment qu'ils étaient venus nous présenter leurs condoléances, après tout ce qui s'était passé. Nous, on respecte les responsables pour leurs fonctions, mais on a dit la vérité et ce qu'il devait se dire.»
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Point de presse du président Khaldi
«Les joueurs de l'USMA ont provoqué les supporters»
Après les graves incidents qui se sont déroulés lors de la rencontre MCS-USMA, le président Khaldi a animé un point de presse pour expliquer ce qui s'est réellement passé avant et après la fin de la rencontre.
Très affecté, le président Khaldi a voulu tirer les choses au clair en regrettant ce qui s'est passé : «Vraiment, je regrette ces douloureux événements, nous avons tout fait pour les éviter, nous n'avons jamais imaginé qu'une rencontre de football se transforme ainsi. Nous avons fait de notre mieux pour calmer les esprits et protéger la délégation de l'USMA.» D'autre part, le président Khaldi a rendu responsable de ces événements tragiques l'arbitre de la rencontre Zaouaoui. «Le premier responsable de ces douloureux événements est l'arbitre Zouaoui puisque la rencontre se déroulait dans de bonnes conditions sur le terrain, notre équipe menait au score mais le referee a ajouté un temps additionnel plus que la normale du moment où il a laisse joué plus de neuf minutes afin que l'USMA revienne au score et juste après le but de notre adversaire, il a sifflé la fin de la rencontre et c'est à ce moment là que ça a dégénéré, les supporters n'ont pas accepté un arbitrage vicieux de Zouaoui.»
Lemmouchia a été l'un des instigateurs
Le premier responsable du MCS a porté aussi la responsabilité de ces douloureux événements aux joueurs de l'USMA avant même le début de la rencontre. Sur le terrain, pendant les échauffements, ils n'ont cessé de provoquer les supporters avec des gestes obscènes. Le président Khaldi a cité plusieurs joueurs, entre autres de Lemmouchia. «C'est indigne d'un joueur international comme Lemouchia qui a tout fait pour que ça dégénère, puisqu'avant même le début de la rencontre, il n'a cessé de provoquer les supporters avec des gestes obscènes. Il est un des artisans de ces événements, nous avons les photos et les vidéos qui le prouvent.»
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Le photographe agressé par les joueurs de l'USMA a eu un certificat de 21 jours
Pendant que certains joueurs de l'USMA étaient en train de provoquer les supporters, le photographe Mouffok a pris des photos, ce qui n'a pas été pas du goût de ces derniers qui ont failli le lyncher, n'était l'intervention du service d'ordre. Transporté à l'hôpital, le photographe a eu un certificat d'incapacité de 21 jours.
Il a déposé plainte contre trois joueurs
Juste après s'être fait délivrer le certificat d'incapacité de 21 jours, le photographe Mouffok a déposé une plainte au commissariat contre trois joueurs de l'USMA qui l'ont agressé devant des milliers de spectateurs. Il s'agit de Meklouche, Meftah et Feham.
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Tentative d'homicide avec préméditation
Toute honte bue, et avec une effroyable indifférence par rapport aux malheureux incidents qui se sont produits samedi sur le maudit terrain du stade 13-Avril de Saïda, le président du MCS justifie cette horreur, sans précédent faut-il le rappeler encore une fois, par un supposé mauvais arbitrage. «C'est la faute à l'arbitre ; c'est lui qui a ajouté huit minutes de temps additionnel jusqu'à ce que cette équipe de l'USMA égalise. Cela a provoqué la colère des supporters», explique Mohamed Khaldi, comme si une mauvaise appréciation d'un arbitre, un hors-jeu ou une faute non sifflée,
ou, comme il le dit, deux ou trois minutes de plus, pouvaient justifier toute l'horreur que venaient de vivre les Rouge et Noir à Saïda, là où il était censé, en sa qualité de premier responsable du MCS, assurer le meilleur accueil à ses hôtes. Cet individu, qu'on n'appellera plus président car, sans doute, indigne d'une fonction comme celle de «président du conseil d'administration d'un club professionnel», encore moins du statut d'éducateur, essaye de donner raison à des délinquants criminels coupables de tentatives d'homicide avec préméditation sur des joueurs innocents et dont le seul tort est d'avoir marqué un but. Si cela était vrai, si c'était l'arbitre qui avait provoqué la colère des supporters saïdis, pourquoi ces fous furieux ne s'en sont-ils pas pris à M. Zouoaui ' Ces déclarations, aussi choquantes qu'irresponsables, nous poussent à nous interroger si ce Khaldi réalise bien ce qui s'est passé ou non ; s'il sait que des personnes innocentes, avant d'être des footballeurs ou joueurs d'une équipe adverse, avaient failli perdre la vie à cause de lui ; ou s'il a une conscience ou non, ou bien c'est un fou ; c'est l'une ou l'autre ! A aucun moment, il n'a condamné cette attaque sauvage sur les joueurs de l'USMA, comme s'il approuvait, sans état d'âme, cette agression sauvage. Il ne l'a pas fait parce que, tout simplement, c'est lui le principal instigateur de ce qui s'est passé ; parce que ce sont ses sbires et ses larbins qui ont ouvert les portières des gradins qui mènent au terrain ; parce que ce sont ses chiens qui ont été lâchés pour abattre tout ce qui est en rouge et noir ; parce que c'est lui qui, tout au long de la semaine qui a précédé le match, avait chauffé à blanc les supporters de Saïda en leur faisant croire que le MCS est visé «d'en haut», et que l'USMA, qui est un club riche de la capitale, représente ceux qui sont en «haut». C'est sa direction qui a refusé à l'ENTV de retransmettre le match en direct ; ce sont ses dirigeants et ses collaborateurs qui ont bloqué le bus de l'USMA à l'entrée du stade pour le livrer à une foule déchaînée ; c'est lui qui a distribué des dossards de stadiers à des délinquants pour une mission bien déterminée, et c'est lui qui a ouvert les portes du stade gratuitement aux supporters.
Il revient sur les lieux du crime
Plus tard dans la soirée, quand tout s'était terminé, et alors que l'USMA comptait ses blessés, Khaldi est apparu aux côtés du wali de Saïda qui s'était rendu à l'hôpital pour s'enquérir de la santé des joueurs blessés. De l'hôpital, et toujours en compagnie du wali de Saïda, Khaldi est revenu sur les lieux du crime. Il s'est rendu au stade où le reste de l'équipe de l'USMA était toujours enfermée dans les vestiaires où les traces de sang, toujours visibles, laissaient paraître l'étendue de la bêtise humaine. Avec le wali, et avec une hypocrisie étouffante, il est allé serrer la main aux Usmistes, mais Meziane Ighil n'a pas hésité à le remettre à sa place et ce, en présence du wali : «Malheureusement, M. Khaldi, on ne vous a pas vu aujourd'hui, ni avant le match ni tout à l'heure quand on se faisait massacrer. C'est maintenant que vous venez '»
Le poisson commence à pourrir par la tête
Malheureusement, ce Khaldi n'est qu'un échantillon des pseudo présidents irresponsables et incompétents. Il n'est pas le seul à rejeter la responsabilité de son échec sur les autres pour camoufler son incompétence et sa mauvaise gestion. On a même entendu dire que c'est la faute au professionnalisme ; c'est grave lorsque cela émane d'un président de club. Certains présidents, incapables d'assurer un salaire à leurs joueurs, veulent revenir à l'amateurisme juste pour retrouver un statut qui leur permet de sucer les subventions de l'Etat et l'argent du contribuable. Au lieu de se retirer et de laisser la place aux investisseurs, ils s'accrochent à leurs postes comme des pots de colle, quitte à se faire insulter toutes les semaines dans les stades et mettre en péril des vies humaines. Et lorsqu'on sait que le poisson commence à pourrir par la tête, il est urgent que l'Etat intervienne pour assainir notre football malade de ses dirigeants. Messieurs, si vous êtes incapables de gérer un club, partez ; c'est plus sage. Ce qui s'est passé à Saïda ne doit pas rester impuni.


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