Drame des harraga disparus

Les familles demandent à faire leur deuil Les familles des harraga disparus en mer continuent à ruminer leur deuil dans un silence religieux. Ces familles veulent faire leur deuil et interpellent les pouvoirs publics auxquels elles demandent de les épauler dans leur drame qui est également une «tragédie nationale». Ces familles dénoncent, aussi, le vague législatif et/ou conceptuel de l’Etat algérien quant à la situation de cette catégorie de citoyens. «Un harrag, qui a disparu en mer, n’est pas un criminel, loin s’en faut. Le harrag est celui qui a tout perdu, que la société a répudié, que le malheur de notre Algérie meurtrie par le favoritisme et le fait du prince a emporté dans son maelström. Nous voulons un statut pour nos enfants disparus», relève-t-on des déclarations des familles des disparus de Gdyel (ex Saint Cloud). Parmi ces familles, les Madani cherchent depuis le 14 septembre 2007, leur enfant Nourine Ben Youcef, né le 22 décembre 1980. La mère de Nourine n’a jamais oublié son fils. Elle a frappé à toutes les portes. Visité toutes les morgues. Prié tous les jours pour que le sort de son fils soit, une fois pour toutes, élucidé. Il faut savoir que cette nuit du 2 ramadan, ils étaient plusieurs dizaines de jeunes de Gdyel à bord de 4 barques de pêche ordinaires qui ont tenté la traversée vers l’Espagne. A quelques lieues au large, des vents commençaient à souffler. Trois groupes ont préféré rebrousser chemin alors que le groupe où était Nourine, composé de 12 jeunes, a préféré poursuivre la traversée. Ils n’ont jamais donné signe de vie depuis. Hormis le témoignage d’un tiers qui a confie avoir appris que ce groupe a été secouru en pleine mer après que leur barque ait coulé ou une autre version faisant état qu’ils sont prisonniers au Maroc. Enfin, trois cadavres, découverts dans un état de décomposition avancée, ont été reconnus par les autres familles de ce groupe de disparus. Cet exemple donne un aperçu sur la dramatique situation de ces familles, abandonnées par les pouvoirs publics, notera un responsable qui a reçu les familles.   Benachour M.