Des affrontements ont éclaté hier matin à Snadla, village de prés de 15 000 âmes, de la commune de Draâ El Gaïd, daïra de Kherrata, à l'extrême est de Béjaïa, entre les forces antiémeute de la gendarmerie et des habitants qui ont fermé les vannes du barrage hydraulique d'Ighil Emda, qui alimente une partie des communes de la wilaya voisine de Sétif grâce à un système de transfert des eaux vers le barrage d'El Mouane, mis en service en janvier dernier.La gendarmerie est intervenue avant même les premières lueurs du jour, et avec de gros moyens, dont une dizaine de véhicules chargés de gendarmes.
Elle a usé de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes, qui n'ont pas épargné les foyers environnants, faisant face à des dizaines de manifestants armés de pierres. Pendant les hostilités, qui ont éclaté sur la route qui traverse le village et où les villageois ont brûlé des pneus, la Protection civile a dû intervenir pour secourir plusieurs blessés.
Ce plus grand village de Draâ El Gaïd est sorti de son calme habituel pour se réveiller sur des escarmouches qui ont duré de longues heures. Après le retrait des gendarmes, il s'est retrouvé avec des rues transformées en un champ de bataille.
Les manifestants ont filmé plusieurs voitures détériorées, accusant les forces antiémeute, qu'ils disent avoir été dépêchées de Sétif, d'avoir saccagé leurs vitres. La fermeture des vannes ne date pas d'hier mais d'il y a près d'un mois, à en croire des sources locales.
En janvier dernier, en tout cas, les habitants ont, en effet, fermé les vannes du barrage pour revendiquer l'alimentation de leur village au réseau du gaz naturel.
Les autorités leur avaient promis de faire figurer Snadla dans les projets de gaz dont le besoin se fait urgent dans cette région montagneuse où la bombonne de gaz butane se fait précieuse.
Selon des élus de l'APC de Draâ El Gaïd, la SDE a retenu un projet de raccordement pour Snadla. Mais les villageois sont exaspérés de ne rien voir venir.
Ils se considèrent marginalisés et exclus de ces projets d'autant que, affirment-ils, un réseau d'alimentation en gaz naturel passe à un kilomètre de leur village.
Lassés par les promesses non tenues des autorités, ils ont perdu patience et n'ont pas trouvé mieux que de prendre pour cible le barrage d'Ighil Emda, ce qui a pénalisé leurs concitoyens de la wilaya de Sétif. «Nous avons réclamé du gaz naturel, on nous a arrosé avec des gaz lacrymogènes», ont ironisé des citoyens.
Nous ignorons cependant si les vannes fermées ont été rouvertes, mais il est certain que la population locale est restée sur ce même sentiment d'injustice qu'est venue renforcer l'intervention musclée des gendarmes.
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Posté Le : 29/02/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : K Medjdoub
Source : www.elwatan.com