Après avoir lutté durant 33 jours contre la Covid-19, le Dr Rachid Lezzar, doyen des gynécologues obstétriciens de l'Est algérien, s'est éteint le 13 septembre 2020, laissant un vide immense parmi les membres de sa famille, mais aussi au sein de ses amis et tous ceux qui l'ont connu et côtoyé comme collègues et étudiants.Pour ses enfants, «le défunt a légué un héritage incommensurable à travers lequel, il nous a appris que dans cette vie il faut vivre et laisser vivre, car telle était l'une de ses incontournables expressions du quotidien. Il donnait de son temps et de sa personne sans compter, aussi bien dans son travail que dans sa vie privée».
Dr Rachid Lezzar était surtout estimé de tous. «Il était un grand homme, qui s'est distingué par sa bravoure, son amour pour sa patrie et son travail, son abnégation, son intégrité, mais surtout sa modestie, son humilité, sa bonté et sa générosité», ont témoigné ceux qui l'ont connu durant de très longues années, notamment son ancien ami au lycée d'Aumale (actuel Redha Houhou), puis à l'université, Hassene Bouarroudj, magistrat à la retraite. Mais aussi Abdelhak Benabderrahmene, avec qui il partageait beaucoup de choses, Abdelaziz Segueni, président de l'association Les amis du Vieux Mila, ainsi que parmi tous les médecins qui ont travaillé avec lui, dont Dr Kherbache, Dr Aggad, Dr Boubekeur Barkat et Dr Boukerrou. «Rachid m'a laissé un souvenir très fort quand il a, en ma présence, refusé devant les plus hautes autorités du secteur, de subir une épreuve de plus, pourtant largement à sa portée, et ce, pour progresser dans sa carrière universitaire. Pour le seul principe que certains dans son cas, n'ont pas été soumis à ce diktat qu'on voulait lui imposer, il a préféré quitter fièrement la maîtrise et la chefferie de service pour aller s'installer au service des citoyens.
Il voulait préserver sa dignité avant tout», notera le Pr Abdelaziz Benharkat. Sa vie professionnelle s'est prolongée par l'exercice de la médecine libérale au service des malades, en gardant toujours le souci de collaborer étroitement avec ses confrères. «Mais d'abord ? nul ne peut effacer l'historique -, car par un concours de circonstances malveillantes, au crépuscule d'une journée de juin 2015, un tableau d'affichage vitré, placé dans le hall d'entrée sis au rez-de-chaussée de la clinique gynécologique et obstétricale du CHU de Constantine, a été littéralement saccagé. Il y avait une feuille qui comportait la liste nominative des médecins chefs post-indépendance de la maternité et y figuraient en bonne place le docteur Samuel (1970-1971), le docteur Le Cannelier (1971-1972), le Pr Moatti (1972-1974), Pr K. Sehairi (1974-1976), Dr R. Lezzar (1976-1985), Dr M. Kherbache (1985-1990) et Pr A. Barkat depuis 1990. Les archives et le disque dur en font foi», révèle le Pr Abdelmadjid Barkat, ancien médecin-chef de la maternité du CHU de Constantine.
Un homme persévérant et dévoué
Né le 5 janvier 1942 dans le Vieux Mila, la ville de ses ancêtres, Rachid Lezzar fréquenta l'école primaire communale, actuellement Benamira, à Mila, ensuite le lycée Redha Houhou (ex-Duc d'Aumale) en tant qu'interne à Constantine et enfin la faculté de médecine et de pharmacie d'Alger pour l'obtention des diplômes de médecine (1963-1970) et de spécialité de gynécologie (1970-1973). Il sera maître assistant au CHU de Constantine, avant de bénéficier d'un stage de perfectionnement de deux ans à Strasbourg (1973-1975). «En présidant aux destinées de la maternité en 1976, Dr Lezzar a su relever le défi ; il n'y avait pas d'assistants nationaux, mais des coopérants techniques de nationalité russe (Dr Demina, Dr Pavlouk), polonaise (Dr Daranovski), hongroise (Dr Farago) et les Tchèques (Pr Bendl, Pr Stencl, Dr Sétina, Dr Gavornik). Il a pérennisé l'unique terrain de stage post-gradué, le résidanat, à l'est du pays. Annaba ne sera promue formatrice que plus tard au début des années 1980 , rappelle Pr Barkat. À partir de 1978, le Dr Lezzar réussira à réaliser d'importants aménagements, mais aussi plusieurs changements en matière de gestion, de soins et de prise en charge des parturientes dans la maternité, qui avec ses 137 lits enregistrait le quart des admissions du CHU de Constantine.
Il avait instauré de lui-même le plein temps, ne rentrait pas chez lui à midi et ne fréquentait que rarement l'internat, lieu de restauration du personnel médical. Les exigences de la formation post-graduée, la recherche de la qualité des soins l'ont poussé à solliciter le concours du Pr P. Muller, chef de service de la clinique gynécologique et obstétricale II de Strasbourg et vice-président de la Société française de gynécologie à dispenser à deux reprises en 1976 et 1977 des cours magistraux de haut niveau.
Par principe, le docteur Rachid Lezzar opta pour le départ de la fonction publique. Il a dû peut-être faire sienne la citation de Zig Ziglar, à savoir «c'est votre attitude bien plus que votre aptitude qui détermine votre altitude». Le docteur Rachid Lezzar exerça en libéral pendant 35 ans jusqu'à son hospitalisation et son décès suite à une contamination au coronavirus. Il laissera le souvenir d'un homme très respecté et d'une extrême bonté et d'un médecin aux grandes valeurs humaines.
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Posté Le : 15/12/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : S Arslan
Source : www.elwatan.com