Algérie

Dr Mouleye Djifeye, directeur de l'hôpital de Gao, à 'Liberté" 'SVP, pas d'armes à l'hôpital !"



Dr Mouleye Djifeye, directeur de l'hôpital de Gao, à 'Liberté
Liberté : En tant que premier responsable de la structure de santé la plus importante de Gao, comment arrivez-vous à gérer la situation de crise '
Dr Djifeye : Après la fermeture de toutes les structures de la région, au début de la crise, le 31 mars 2012, nous avons aussitôt provoqué une réunion qui avait rassemblé tous les professionnels de la santé. Et compte tenu de l'insécurité, nous avons décidé à cette occasion de rester à l'hôpital central de Gao et renforcer nos effectifs par les personnels du reste des structures de la région. Après quatre jours passés à déblayer la structure, car ayant été complètement saccagée suite à son attaque par un groupe armé au tout début de la crise, nous avons décidé de mettre en 'uvre un sous-projet de collaboration avec la société civile. Nous avons construit notre idée autour d'un seul vocable : aide humanitaire à Gao. La fermeture des structures a coûté la vie à deux femmes qui allaient accoucher. C'est bien dommage !
Les capacités de votre hôpital suffisent-elles depuis, pour répondre à la demande de la population '
En termes d'effectif, nous avons un nombre de 110 personnes, personnels médical et paramédical compris. Nous avons un seul médecin spécialiste, un traumatologue, mais grâce à la présence de quelque 13 médecins formés à l'hôpital et qui ont une bonne expérience, nous arrivons tout de même à prendre en charge d'autres spécialités. Notre grand problème se pose notamment en termes d'équipements, sachant que le matériel de l'hôpital a été pillé au début de la crise. Toutefois, et grâce à l'implication de la société civile nous avons pu récupérer une bonne partie de ce matériel. Reste que l'autre sérieux problème est lié à la difficulté d'approvisionner notre structure en médicaments et autres besoins. La présence des groupes armés nous dérange. Notre grand souhait est de travailler sans la présence des armes. 'SVP, pas d'armes à l'hôpital !" Notre profession est d'abord humanitaire.
Avez-vous déjà eu à soigner des éléments des groupes armés '
Evidemment qu'on a eu à recevoir des dizaines de blessés parmi ces gens. La ville de Gao a vécu notamment deux évènements majeurs, à savoir les affrontements entre les groupes armés du MNLA et ceux d'Ançar Eddine et du Mujao. Durant ces deux évènements, l'un en mai dernier et l'autre le 27 juin, nous reçûmes respectivement 12 et 30 blessés, dont deux graves, entre civils et éléments armés. Parmi ces derniers, nous avons compté 8 morts.
Qu'en est-il de la maladie du choléra qui réapparaît en ces moments de crise '
Effectivement, le choléra nous inquiète plus que jamais. Au moins 50 cas ont été déclarés le 30 juin, dans la commune rurale de Warabia. Parmi les personnes hospitalisées chez nous, deux sont décédées. Cette semaine, on a encore signalé quatre cas, et l'on parle de la mort de trois d'entre eux. Néanmoins, ces cas restent encore non confirmés. Pour faire face à cette situation, nous avons entamé de faire le bilan sur cette maladie afin de procéder le plus possible à la décontamination des eaux affectées.
F. A.


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