Algérie

Doux leurres



Doux leurres
La Présidence a-t-elle décidé, finalement, d'opérer un passage en force à In Salah contre la volonté de la population locale qu'insupporte toute odeur de gaz de schiste chez elle ' C'est apparemment le cas puisque le wali de Tamanrasset vient d'inviter, sur un ton expressément autoritaire, les représentants des manifestants à stopper leur protesta et à rentrer chez eux. Tout porte à croire que les décideurs ont choisi leur option, c'est-à-dire foncer, forer les puits de gaz de schiste et advienne que pourra.Beaucoup pensaient que le gouvernement allait faire preuve de compréhension à l'égard des réserves, somme toute légitimes, soulevées par les citoyens de la région. Surtout après l'envoi du DGSN, le général Abdelghani Hamel, en qualité de représentant du président de la République, pour écouter les doléances de la population. Or, l'intervention télévisée du Premier ministre assurant que l'exploitation du gaz de schiste «n'est pas à l'ordre du jour de mon gouvernement» a plutôt plombé l'atmosphère et flambé la situation.Pour les habitants d'In Salah, dans la rue depuis 25 jours, les propos qui se voulaient rassurants de Sellal n'étaient que de doux leurres. La réaction explosive des manifestants, juste après la prestation du Premier ministre, montrait déjà le fossé séparant les professions de foi du gouvernement et les convictions des manifestants.Que l'on arrive à confier à un wali la mission presque impossible de faire entendre raison à une population désabusée, qui plus est rejette d'emblée les explications d'un Premier ministre et d'un général, est un peu bizarre. Les décideurs sont-ils à ce point à court d'arguments et en panne d'imagination pour convaincre une population qui ne veut finalement que préserver sa santé et son environnement ' Parce que, à In Salah et ailleurs, on n'est pas spécialement et par principe contre l'exploitation du gaz de schiste ; ce sont ses dommages collatéraux qui font peur, comme partout ailleurs dans le monde, notamment en France.Qu'est-ce qui fait donc courir le pouvoir qui s'entête à ouvrir un front dans cette délicate région du Grand-Sud, sujette à multiples influences ' Pourquoi prend-il le risque gratuit de créer un autre foyer de ranc?ur et de rancune à une portée de fusil du nord du Mali, infesté par les djihadistes et autres narcotrafiquants 'Posons la question autrement : le pouvoir a-t-il les pieds et les poings liés dans cette histoire de gaz de schiste où il ne lui est plus permis de faire marche arrière à cause de ses engagements avec les multinationales ' Ou alors le régime finissant est-il simplement mû par un instinct de survie face à une rente pétrolière tout aussi finissante 'Il est difficile, en tout cas, de décrypter cet attachement quasi obsessionnel au gaz de schiste, ici et maintenant. Il pose de nombreuses questions auxquelles ne répondent ni Sellal ni Yousfi et encore moins Hamel et le wali de Tamanrasset. Les manifestants, eux, ne veulent rien d'autre que l'arrêt des forages pour rentrer chez eux.




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