Algérie

Douteux silence


C'est devenu une forme de gouvernance : chaque fois que le pays est attaqué et diffamé à l'étranger, les autorités algériennes pratiquent carrément la politique de l'autruche. Elles entretiennent un silence gênant pour leurs amis et pour ceux qui éprouvent le besoin de les défendre. Un nouvel exemple de cet immobilisme vient d'être donné après les déclarations d'un général français, attaché de Défense à l'ambassade de France à Alger à l'époque des faits, accusant l'armée algérienne d'avoir tué en 1996 ' une « bavure », a-t-il dit ' les 7 moines de Tibéhirine enlevés par le gia. Du coup, les esprits se sont enflammés de l'autre côté de la Méditerranée. Le président Nicolas Sarkozy en personne est monté au créneau pour mettre de l'huile sur le feu et pour tenir des propos désobligeants, voire insultants, à l'égard de l'Algérie. Aucune réaction à Alger alors même que l'honneur de la patrie est piétiné. Malheureusement, l'Algérien s'est habitué à ce genre de comportement et n'éprouve donc aucune surprise. Lorsque dans les années 1990, le terrorisme islamiste a transformé l'Algérie en un vaste cimetière, nos stratèges en communication n'avaient pas trouvé mieux que d'interdire le pays aux journalistes qui voulaient faire leur travail et s'enquérir de la situation. Une aubaine pour les assassins du gIA et de l'ais qui s'étaient mis à accuser l'armée des massacres qu'ils avaient eux-mêmes perpétrés. Et lorsque l'on posait la question au ministère des Affaires étrangères, au ministère de l'Intérieur et aux services de sécurité, chacun accusait les deux autres d'être responsables en matière de communication et de bloquer les visas pour les hommes des médias.Même nos ambassadeurs étaient dans le flou et se contentaient, de ce fait, de naviguer à vue et de faire dans l'à-peu-près.Plus proche de nous encore, l'affaire Hasseni. Ce diplomate, connu de toutes les chancelleries à Alger, a été arrêté en France dans des conditions humiliantes et emprisonné d'abord à Marseille puis à Paris, parce que soupçonné de s'appeler Hassani, un homme supposé être le commanditaire de l'assassinat d'un opposant algérien dans la capitale française. Le mae avait préparé un texte de protestation, mais il avait été bloqué sur décision venue « d'en haut ». L'Algérie a attendu plusieurs jours pour réagir timidement, mais notre diplomate avait été pratiquement abandonné à son sort.Tous les Algériens étaient dans le noir dans cette affaire. La centralisation excessive de la communication n'a pas permis à notre appareil diplomatique d'agir efficacement.Ces faiblesses en matière de communication, outre qu'elles ont fait le jeu du « qui-tue-qui ' », contribuent à décridibiliser le pouvoir algérien et à laisser le terrain aux ennemis de l'Algérie. On se met à rêver de l'époque où le grand M'hammed Yazid, porte-parole du fln durant la guerre de libération et avec uniquement ses convictions, a réussi à transformer le massacre de Mellouza en crime du colonialisme.De toute évidence, ce silence des autorités devient douteux et semble obéir à d'autres considérations qui n'ont rien à voir avec les intérêts de l'Algérie.
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